COVID-19

Que fait-on maintenant ?

On peut faire mieux que de croiser les bras en attendant le vaccin

« Les trois prochains mois vont être les pires de la pandémie. »

Juste après avoir annulé les rassemblements des Fêtes, le premier ministre a ramené tout le monde sur terre. Y compris lui-même.

M. Legault apparaissait défait. Il n’y a aucun doute qu’il espérait que le nombre de cas et d’hospitalisations baisserait naturellement, à la faveur du « contrat moral » qu’il nous a proposé. Malheureusement, le virus se fiche des contrats.

Comme je l’ai écrit dans ces pages il y a deux semaines, il était peu probable que la propagation diminue d’elle-même sans l’ajout de nouvelles mesures1. Les dernières ont été l’imposition du masque en classe au secondaire et le passage à l’enseignement à distance, en octobre. Ça n’avait pas empêché le nombre de cas de continuer à grimper.

De façon prévisible, l’annonce de Noël n’a pas plus impressionné le virus, qui a poursuivi sa course. Depuis 10 jours, on a atteint à trois reprises un sommet de nouveaux cas depuis le début de la deuxième vague (1464, 1480 et 1514), sans qu’on teste davantage. Vendredi, on comptait 3641 cas actifs dans nos écoles, un autre record.

Les hospitalisations suivent le même chemin. On en rapportait 500 il y a un mois ; c’était 761 cette semaine. L’atteinte du seuil des 1000 patients hospitalisés est maintenant envisageable au tournant de l’année, avec ce que cela suppose de pression additionnelle sur des hôpitaux surchargés et en manque de personnel.

La quarantaine collective que sera le congé des Fêtes est certainement préférable, mais elle ne permettra qu’une pause dans la propagation du virus. En janvier, lorsque l’école et le travail recommenceront, la propagation reprendra de plus belle. Et lorsque février 2021 arrivera, on ne sera pas à zéro cas, comme au début de la pandémie, mais vraisemblablement autour de 1000 ou 1500 cas, peut-être plus. Et il faudra encore passer à travers mars, avril et mai.

La réaction du politique est plus inquiétante que le pronostic. On a l’impression que le gouvernement a abandonné, ne croyant plus qu’il soit possible d’endiguer la pandémie et qu’il espère seulement que ça n’aille pas trop mal d’ici l’arrivée du vaccin. En attendant, on ajoute 30 morts chaque jour, en moyenne.

Limiter l’affluence dans les commerces ne nuira pas, mais ne fera pas non plus diminuer le nombre de cas : plus de 95 % des éclosions actives sont recensés dans quatre milieux : travail, hôpital, milieux de vie pour aînés (CHSLD et résidences), et enfin dans les écoles et garderies.

C’est là qu’il faut agir. Bien qu’il aurait été mieux de réagir plus tôt et de façon plus décisive, il y a encore des gains à faire et des dommages à éviter.

Faire tout ce qui peut aider

Le principe est simple. On doit faire tout, tout, tout ce qui peut aider à réduire la transmission. Chaque contact évité peut faire une énorme différence.

Au travail d’abord. Chaque jour, on rapporte des témoignages de consignes sanitaires appliquées mollement. On le voit même dans les hôpitaux. S’il faut donner des amendes aux employés, qu’on le fasse. Le gouvernement doit aussi insister auprès des employeurs pour que le télétravail devienne la règle quand il est possible, même s’il est moins commode.

Les écoles, ensuite. Il n’y a pas d’excuse pour ne pas offrir l’enseignement à distance aux élèves qui le peuvent et qui le veulent, au moins d’ici à ce que les problèmes de ventilation soient réglés. L’idée n’est pas d’imposer une solution unique, mais de faire preuve de souplesse.

L’Ontario offre l’enseignement à distance à tous ses élèves depuis la rentrée, au primaire et au secondaire, et rapporte beaucoup moins de cas dans ses écoles. Le choix peut être changé en cours de route, ce qui permet aux élèves et aux parents de s’ajuster. Puisque toutes les écoles du Québec devront être prêtes pour le 17 décembre, gardons cette porte ouverte au retour des Fêtes.

Les tests rapides, aussi. Le Québec en a un lot d’un peu plus d’un million qui dort dans un entrepôt depuis la fin octobre. L’avantage de ces tests un peu moins sensibles est qu’ils ne nécessitent pas de traçage, puisqu’on connaît le résultat en quelques minutes.

La Slovaquie les a utilisés pour tester l’ensemble de sa population adulte en quelques jours. L’Ontario a déjà commencé à les déployer dans ses hôpitaux et CHSLD. Le Québec, lui a décidé de retester les tests, déjà homologués par Santé Canada… Ils doivent arriver au Saguenay à la mi-décembre, un mois trop tard.

Enfin, afin de faciliter la mise en place de ces nouvelles mesures et une meilleure application de celles existantes, le gouvernement doit accepter de lâcher du lest et donner plus de latitude aux autorités locales (en faisant suivre les budgets), qu’on puisse courir aussi vite que le virus, au moins d’ici à ce que le vaccin arrive.

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