Gestion de crise

La satisfaction envers le gouvernement Legault s’effrite

La satisfaction des Québécois à l’égard de la gestion de crise du gouvernement Legault s’effrite, suggère un nouveau sondage CROP. Une situation qui serait toutefois surtout attribuable à un « essoufflement » collectif, plus de six mois après que la COVID-19 est devenue une réalité quotidienne.

Popularité plus fragile

Dans une proportion de 39 %, la population se dit maintenant « peu ou pas satisfaite » de la réponse du gouvernement face à la COVID-19. C’est une hausse marquée par rapport aux derniers coups de sonde effectués par l’organisme. Au plus fort de la crise, en avril, 10 % des gens étaient de cet avis. Mi-juillet, ils étaient 30 %.

Québec conserve néanmoins la note de passage. Une majorité de citoyens, 61 %, affirment qu’ils sont « assez ou très satisfaits » de la gestion de la crise. « Le portrait illustre surtout que ça fait plusieurs mois qu’on est là-dedans. Il y a une fatigue généralisée. On commence aussi à réaliser que les mesures risquent de se prolonger », lance le vice-président de la firme de sondage, Dominic Bourdages.

Jeudi, M. Legault a admis que les chances de voir les restaurants rouvrir le 29 octobre étaient « faibles ». « On se donne jusqu’au début de la semaine prochaine », a-t-il promis aux commerçants visés.

Un plan contesté

De plus en plus de gens remettent en question les mesures sanitaires en place, même s’ils sont encore une majorité à les soutenir. C’est en éducation que cette réalité est la plus sentie ; 45 % des répondants se disent en désaccord avec le principe de « groupe-classe stable », sans distanciation au primaire et au préscolaire.

Ils sont aussi nombreux (37 %) à s’opposer à la fermeture des centres commerciaux ou à l’interdiction d’avoir des visiteurs à la maison, ainsi qu’à la fermeture des salles à manger des restaurants ou des bars (35 %). Dans tous les cas, une majorité de Québécois soutiennent encore le gouvernement.

« Plus la mesure est loin de nous, plus on est d’accord, rappelle M. Bourdages. Ainsi, les personnes âgées sont plus d’accord avec les mesures dans les écoles, parce que ce n’est pas une réalité pour eux ni pour leurs enfants. »

Dur pour le moral

Plus de 56 % des Québécois conviennent, à des degrés divers, que la deuxième vague a d’importants impacts psychologiques. À Montréal et à Québec, ces chiffres sont plus élevés qu’ailleurs. Et de manière générale, 36 % des gens se disent « plus déprimés, tristes ou stressés ».

C’est sur le plan social et familial que les gens sont les plus touchés. Près de 70 % d’entre eux affirment que la diminution de leurs activités sociales les a affectés. Plus d’une personne sur deux parle d’incidences sur les plans personnel (51 %) ou professionnel (37 %).

« Notre quotidien est chamboulé. Heureusement, la plupart parviennent à se recréer un quotidien, arrivent à manœuvrer. Mais il ne faut pas minimiser les conséquences que plusieurs personnes auront subies », ajoute le vice-président de CROP.

Et le vaccin ?

Si l’adhésion à certaines mesures est inégale, le consensus est plus grand quant au vaccin ; 70 % de la population affirme qu’elle se fera vacciner. De ce nombre, 36 % des gens soutiennent qu’ils attendront « un peu », afin d’évaluer « les effets négatifs et secondaires » (71 %) ou pour laisser la priorité aux plus vulnérables (38 %).

Se protéger soi-même et ses proches, reprendre une vie normale « rapidement », prévenir une énième vague; les motivations des répondants sont variées. Près d’un Québécois sur cinq (17 %) sait déjà qu’il ne se fera pas vacciner, et plusieurs l’ignorent encore (13 %). Les opposants au vaccin, eux, soutiennent dans une bonne proportion (54 %) que la recherche n’est pas suffisante.

« Pas assez d’efforts » au Québec, Trudeau fustigé

Tout près de 60 % des répondants affirment que les Québécois ne font pas assez d’efforts pour diminuer la transmission de la COVID-19. Or, seuls 38 % d’entre eux estiment qu’il est de leur devoir de dénoncer des comportements à risque.

Pendant ce temps, à Ottawa, la popularité de Justin Trudeau fond de plus en plus en sol québécois. Ils sont maintenant 56 % à se déclarer « peu ou pas satisfaits » de sa gestion de crise. Le changement est moins marqué qu’au Québec, car ce chiffre atteignait déjà 49 % en avril.

Méthodologie

Ce sondage a été réalisé auprès d’un panel web de 1002 Québécois de 18 ans et plus, entre le 15 et le 20 octobre. Le même exercice avait été réalisé à quatre reprises, en mars, en avril et en juillet, afin de comparer les résultats. Ceux-ci « ont été pondérés » pour refléter la distribution de la population « selon le sexe, l’âge, la langue maternelle et la scolarité des répondants », indique CROP. L’échantillon est non probabiliste ; le calcul de la marge d’erreur ne s’applique donc pas.

COVID-19

Les équipes de choc en CHSLD arrivent trop tard, disent des gériatres

Les équipes de choc envoyées dans six CHSLD de la province aux prises avec des éclosions de COVID-19 arrivent trop tard, selon des médecins gériatres.

« Quand on a 30 % ou 50 % des résidants infectés, c’est plus difficile de contenir l’éclosion », affirme le gériatre David Lussier, qui estime que les équipes de choc du gouvernement arrivent « un peu tard ».

De l’aveu même du ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, la SWAT team est arrivée trop tard au CHSLD de Lambton, en Estrie : il n’y avait plus d’éclosion de COVID-19 à son arrivée. « J’aime bien mieux l’avoir envoyée pour rien que de ne pas l’avoir envoyée du tout », a affirmé M. Dubé, jeudi. Le CHSLD de Lambton se situe au palier rouge des établissements en « situation critique », comptant plus de 25 % des résidants infectés, depuis le 10 septembre, il y a six semaines.

Jeudi matin, M. Dubé a confirmé l’envoi d’équipes spécialisées en matière d’infections, ou « SWAT teams », dans six CHSLD particulièrement touchés par la deuxième vague de COVID-19. Il s’agit du CHSLD du Fargy à Québec (35 cas, 7 décès), du CHSLD de Lambton en Estrie (20 cas, 0 décès), du CHSLD Isidore-Gauthier à Alma au Saguenay–Lac-Saint-Jean (15 cas, 7 décès), du CHSLD Sainte-Croix à Marieville en Montérégie (35 cas, 16 décès), du CHSLD de Saint-Augustin (44 cas, 18 décès) et du CHSLD Marcelle-Ferron (33 cas, 5 décès).

Les équipes sont chargées de maîtriser les éclosions et de faire rapport sur les problèmes survenus dans l’application des protocoles en matière de prévention et de contrôle des infections. Le ministre est insatisfait des explications données jusqu’ici par les établissements sur la gestion des éclosions. Pour les partis d’opposition, l’envoi de ces équipes est une preuve que le plan du gouvernement Legault pour combattre la deuxième vague est un échec.

Réagissant à l’annonce du gouvernement, l’interniste gériatre Quoc Dinh Nguyen a écrit sur Twitter que « [l]’envoi de SWAT teams en CHSLD alors qu’il y a > 50 % des résidants atteints est tout simplement trop tardif. Nous n’avons pas attendu d’avoir les hôpitaux pleins pour prendre des mesures vigoureuses dans la population. Ça devrait être idem pour nos aînés ». Le DNguyen siégeait au comité d’experts mis sur pied par le gouvernement lors de la première vague pour mieux endiguer la pandémie dans les CHSLD.

les leçons de la première vague ?

Le DLussier constate que les CHSLD particulièrement touchés actuellement avaient été épargnés lors de la première vague.

« Dans les CHSLD très touchés au printemps, ça va bien actuellement […] Le plus inquiétant et surprenant, c’est qu’on dirait que l’expertise acquise au printemps ne s’est pas rendue dans les autres CHSLD. […] Ça me fait mal au cœur de voir que les gens vivent ce qu’on a vécu, nous, au printemps. »

— Le Dr David Lussier, gériatre

Dans plusieurs CHSLD très touchés, les employés sont aussi nombreux à être infectés. Au CHSLD Saint-Augustin à Québec (44 cas, 18 décès), ils sont plus de 50 à avoir reçu un test positif. Au CHSLD du Fargy, 27, et au CHSLD Sainte-Croix, 62.

« Il y a plusieurs facteurs qui peuvent expliquer ça », avance Richard Boissinot, président du Syndicat des travailleuses et travailleurs du CIUSSS de la Capitale-Nationale (FSSS-CSN). Dont le fait que les salles de repas et les salles de repos des employés ne sont pas toujours adaptées, selon lui.

Au CHSLD du Fargy, M. Boissinot affirme que le syndicat a dû intervenir parce que la salle où les employés d’une zone rouge devaient dîner était « grosse comme une salle de bain ». « Même si tu es juste quatre, la salle est petite. Et on n’a pas encore trouvé la façon de manger en gardant le masque », ironise M. Boissinot.

Dans une enquête épidémiologique publiée la semaine dernière par l’Institut national de santé publique du Québec, on notait qu’au début de la pandémie, moins du tiers des travailleurs respectaient systématiquement la distanciation physique avec leurs collègues durant les repas et les pauses ou portaient toujours un masque quand ils ne pouvaient rester à deux mètres ou plus. Ce pourcentage a augmenté à la fin du printemps, mais il est tout de même demeuré au-dessous de 60 %.

M. Boissinot assure ne pas sentir de relâchement du côté de ses membres en matière de respect des normes sanitaires. « Au contraire, nos membres sont craintifs et veulent se protéger », dit-il.

« Qu’est-ce qu’on peut faire de plus dans nos CHSLD ? C’est tout d’abord de continuer à s’assurer que les mesures de PCI [prévention et contrôle des infections] par nos employés sont bien suivies. Parce que nos employés, on le dit, ils sont fatigués. Ça fait sept mois qu’ils vivent ces deux vagues-là. Puis c’est… je dirais, c’est normal, je veux faire attention, mais c’est normal qu’ils soient fatigués puis que des fois il y ait un relâchement à l’heure du midi. Puis moi, je veux leur dire qu’on est en appui, mais ce n’est pas facile de toujours être aux aguets parce que le virus est sournois », a dit le ministre Dubé en conférence de presse.

Président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), Jeff Begley explique que le virus circule beaucoup actuellement dans la communauté et que les employés peuvent aussi y contracter la COVID-19.

Il confirme que différents CHSLD sont incapables d’offrir des salles de repos ou de repas « où on peut respecter la distanciation ». « On est maintenant censé avoir des gestionnaires dans tous les CHSLD. Peut-on régler le problème ? », demande-t-il.

Christian Dubé rappelle que le premier ministre, en le nommant à la Santé, lui a donné le mandat de « protéger les aînés dans nos CHSLD ». La situation actuelle le préoccupe. « Je dors très mal ces temps-ci », a-t-il laissé tomber.

Il a toutefois fait valoir que l’« on n’est pas du tout dans le même registre » en cette deuxième vague comparativement à la première. « Après 50 jours d’une deuxième vague, on parle d’à peu près 320 personnes contaminées dans nos 40 CHSLD, alors qu’à la 50journée de la première vague, c’était plus de 2700 personnes qui étaient contaminées dans à peu près une centaine de CHSLD », a-t-il souligné.

Pénurie de personnel

Retour imminent d'étudiantes en sciences infirmières dans le réseau de la santé

Tout est mis en œuvre pour que des étudiantes en sciences infirmières puissent de nouveau aller prêter main-forte dans les hôpitaux et les CHSLD, « dans un horizon de quelques semaines ».

C’est ce qu’a indiqué jeudi à La Presse Patricia Bourgault, présidente d’un comité d’experts ministériels en soins infirmiers.

« Les discussions entre les universités, le ministère de la Santé et l’Ordre des infirmières progressent très bien », a-t-elle dit.

Le 23 septembre, une lettre signée par les neuf universités qui offrent des cours de sciences infirmières au Québec a été envoyée au ministère de la Santé « pour lui indiquer que notre désir est d’apporter notre aide », explique Mme Bourgault.

« Il est extrêmement important d’assurer la compétence de nos diplômés, de préserver nos étudiants, tout en soutenant le réseau dont nous faisons partie. »

— Patricia Bourgault, directrice de l’École des sciences infirmières à l’Université de Sherbrooke

Mme Bourgault rappelle que les études en sciences infirmières sont déjà très exigeantes et qu’il ne faut surtout pas négliger le nécessaire équilibre à trouver entre les besoins pressants du réseau et la protection des jeunes en formation.

Chose certaine, les infirmières des hôpitaux et des CHSLD sont nombreuses à espérer de tous leurs vœux que des étudiantes puissent de nouveau venir donner un coup de main.

Au printemps, après leur session, les étudiantes en sciences infirmières, aussi bien au cégep qu’à l’université, ont été très présentes dans les hôpitaux et les CHSLD.

Plusieurs infirmières ont souligné combien cela avait été providentiel, certaines indiquant à La Presse que ce qu’elles redoutaient avec cette deuxième vague, c’était que toutes ces étudiantes maintenant de retour sur les bancs d’école ne soient pas disponibles cette fois-ci.

Cela dit, poursuit Mme Bourgault, les étudiantes sont déjà très nombreuses à travailler dans les hôpitaux et les CHSLD pour boucler leurs fins de mois, notamment à titre de préposées aux bénéficiaires.

Formation pratique

Certaines universités, comme l’Université de Sherbrooke, ont aussi largement axé la formation sur des stages.

« La réflexion en cours vise en fait à voir ce qu’on peut faire de plus », explique Mme Bourgault.

À l’heure actuelle, 7000 infirmières sont en train d’être formées à l’université.

À la Fédération des cégeps (établissements où sont proposées par ailleurs des techniques en sciences infirmières), Judith Laurier, directrice des communications, indique que les cégeps sont prêts à collaborer dans le respect des étudiants et des étudiantes et des enseignants et des enseignantes « en protégeant la formation ». Elle n’a pas donné d’autres précisions.

Au terme d’efforts importants ces dernières années, le Québec compte 77 000 infirmières, un sommet, selon leur ordre professionnel.

S’il y a pénurie, c’est notamment parce que beaucoup optent pour un emploi à temps partiel en raison de la difficulté à faire la tâche à temps plein. Le fait que plusieurs infirmières attrapent elles-mêmes la COVID-19 ne fait qu’accentuer le problème.

COVID-19

Une solution technologique pour faciliter le dépistage à l'essai au Québec

Une solution technologique qui devrait faciliter le dépistage des cas de COVID-19 sera déployée partout au Québec d’ici deux mois. La solution est actuellement à l’essai au CIUSSS de la Capitale-Nationale et au CIUSS du Nord-de-l'Île-de-Montréal dans le cadre d’un projet-pilote.

La solution retenue, celle de Health Connect, de l’entreprise Deloitte, permettra d’« optimiser le processus de dépistage partout au Québec, de la prise de rendez-vous en ligne à la réception du résultat par message texte », a annoncé le ministère de la Santé et des Services sociaux par voie de communiqué, jeudi.

La plateforme proposée consiste en un outil d’auto-évaluation qui sera intégré à une plateforme numérique déjà disponible et qui sera accessible sur le site Québec.ca/coronavirus, précise le ministère de la Santé.

Selon le Ministère, la solution permettra « de réduire le temps d’attente pour avoir accès au dépistage et de divulguer plus rapidement les résultats », en plus de « libérer des milliers d’heures des professionnels de la santé qui pourront ainsi être redirigés vers des tâches cliniques au lieu des tâches administratives qu’ils accomplissent actuellement ».

« Les résultats négatifs pourront être transmis de manière automatisée, ce qui libérera le personnel infirmier qui pourra se concentrer sur l’administration des tests de dépistage et [les] activités de traçage. »

— Extrait du communiqué du ministère de la Santé et des Services sociaux

Un projet pilote est actuellement déployé en collaboration avec deux cliniques de dépistage, l’une sur le territoire du CIUSSS de la Capitale-Nationale, l’autre sur le territoire du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal.

Le déploiement s’étendra « sous peu » dans cinq autres cliniques de dépistage, et d’ici six à huit semaines, la solution sera utilisée pour toutes les cliniques de dépistage du Québec, précise le ministère de la Santé.

Outil adaptable et extensible

Selon le Ministère, la solution retenue serait « celle qui répond le mieux aux besoins du Québec en matière de dépistage ». Déjà fonctionnelle et disponible dans d’autres pays et provinces, elle se démarquerait par sa rapidité de déploiement, indique-t-on.

Avant son rendez-vous de dépistage, le citoyen pourra se rendre au site Québec.ca/coronavirus afin de remplir un questionnaire, semblable à l’outil d’auto-évaluation des symptômes déjà en ligne.

Si le résultat est positif, les informations recueillies serviront alors de base pour la réalisation des enquêtes épidémiologiques, détaille le ministère de la Santé.

« L’outil est adaptable et à terme, il est prévu que la plateforme optimise la prise de rendez-vous des citoyens dans les cliniques de dépistage, fournisse les délais d’attente et transmette les résultats négatifs des tests de dépistage de la COVID-19 aux citoyens par courriel ou par texto, selon la préférence du citoyen », ajoute-t-il.

Le contrat accordé à Deloitte l’a été de gré à gré. D’une valeur de 12,4 millions, il est d’une durée d’un an avec possibilité de renouvellement (le contrat comprend les honoraires de services des consultants ainsi que les droits d’utilisation de la plateforme et l’hébergement).

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