Covid-19

Les nouvelles du jour concernant la crise du coronavirus

pierrefonds

« Cellule de crise » dans un chsld privé

Le Manoir de l’Ouest de l’Île est aux prises avec une grave éclosion de COVID-19, l’une des plus importantes actuellement au Québec. En quelques jours, 64 % des résidants de ce CHSLD privé ont été infectés par le virus.

Mercredi, 49 résidants et 18 employés avaient reçu un diagnostic positif à la COVID-19. Un résidant avait également succombé à la maladie respiratoire.

Le CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île a pris en charge la résidence pour tenter de mettre fin à la propagation du virus, jeudi dernier. « Une cellule de crise a été déclenchée et des équipes du CIUSSS sont en place pour soutenir le personnel du CHSLD », a confirmé Hélène Bergeron-Gamache, porte-parole du CIUSSS.

Sous un abri, sur le côté de la résidence, des employés en pause étaient consternés par la rapidité avec laquelle le virus se propage parmi leurs collègues et les résidants. Avant cette éclosion, le Manoir de l’Ouest de l’Île n’avait recensé aucun cas de COVID-19.

« Une fois par semaine ! On se fait tous tester une fois par semaine. Aucune visite n’est autorisée depuis le mois de mars. Je ne comprends pas ce qui est arrivé. »

— Un cuisinier du Manoir de l’Ouest de l’Île

Plusieurs équipes de décontamination se trouvaient sur les lieux, mercredi. Une fois sa combinaison blanche, sa visière et son masque retirés, Fabian Leon s’est rendu à l’extérieur de l’établissement pour prendre une bouffée d’air frais. L’entreprise pour laquelle il travaille est chargée d’installer des purificateurs d’air et de stériliser la résidence. « On désinfecte tout, les moulures, les endroits où les gens posent souvent les mains. On passe avec nos guenilles. »

Une infirmière du CLSC mettait pour sa part les pieds pour la première fois dans cet établissement. « On m’a envoyée ici pour évaluer l’état de santé de chaque résidant. Si certains sont trop faibles, on va les transférer à l’hôpital », a-t-elle dit avant de commencer son quart de travail.

L’infirmière n’avait pas été mise au courant du bilan précis des cas de COVID-19 au Manoir de l’Ouest de l’Île. Elle savait toutefois que ce nombre était élevé. « Ça ressemble à Herron », a-t-elle dit, préoccupée. Une employée du Manoir de l’Ouest de l’Île est alors accourue à l’extérieur de la résidence pour mettre fin à l’entrevue et pour demander à La Presse de quitter le terrain du CHSLD.

La copropriétaire du Manoir de l’Ouest de l’Île a redirigé nos questions vers le CIUSSS.

Deux hypothèses

Selon Guy Trichard, le président du Syndicat régional de la FSSS-CSN regroupant les syndicats des travailleuses et travailleurs des centres d’hébergement du Grand Montréal, le virus serait entré au Manoir de l’Ouest de l’Île par l’intermédiaire d’une résidante qui venait d’être admise dans le CHSLD ou par une employée qui était infectée sans le savoir. Aucune des deux hypothèses n’a encore été confirmée par le CIUSSS.

M. Trichard s’est lui-même dit surpris par l’éclosion qui sévit dans cette résidence de Pierrefonds. Selon lui, les employés ont de l’équipement de protection mis à leur disposition et les visites ne sont pas permises à l’intérieur du CHSLD.

Pour lui, la situation au Manoir de l’Ouest de l’Île n’a toutefois rien à voir avec celle vécue par la résidence Herron, au printemps dernier. Les employés, malades, avaient déserté le CHSLD privé et plusieurs résidants avaient été abandonnés à leur sort. Cinquante d’entre eux y sont morts. Une enquête policière est en cours.

« Connaissant la place [le Manoir de l’Ouest de l’Île], il n’y a pas de résidants qui sont laissés à eux-mêmes dans de l’urine, dans des excréments et mal nourris. Je connais assez l’endroit pour savoir qu’on y donne une très bonne qualité de soins », a dit M. Trichard.

Situation préoccupante

Partout au Québec, le nombre de cas de COVID-19 augmente dans les résidences pour aînés. Hier, on comptait 1440 cas actifs dans 210 CHSLD ou résidences pour aînés.

Au Centre l’Assomption, dans le Centre-du-Québec, presque l’entièreté de la clientèle a contracté le virus, dans les derniers jours. Au total, 35 des 38 résidants ont reçu un diagnostic positif à la COVID-19.

Au Saguenay, le Manoir Champlain compte 146 cas de COVID-19, ce qui représente 35 % de la clientèle. Le Manoir Sully, dans la Capitale-Nationale, a rapporté 23 nouveaux cas de COVID-19 en 24 heures, mardi. Le Château Westmount, à Montréal, rapportait 16 nouveaux cas, hier. Cinq personnes y sont mortes dans les derniers jours.

« La deuxième vague avait été assez tranquille dans les résidences jusqu’à maintenant », dit Guy Trichard, président du Syndicat régional de la FSSS-CSN. Mais la situation est maintenant en train de changer, de se détériorer.

travailleurs de la santé

L’accès aux n95 doit être élargi, plaident des experts

Les travailleurs de la santé en contact avec des patients atteints de la COVID-19 doivent, sans délai, être équipés de masques de type N95 ou de tout autre appareil de protection respiratoire, lancent des acteurs clés du milieu.

Un groupe de quelque 95 experts québécois réclament que le DHoracio Arruda abroge son ordonnance du 8 juin dernier et mette les masques de type N95 ou tout autre appareil de protection respiratoire (APR) à la disposition des travailleurs de la santé qui sont en contact étroit avec des patients atteints de la COVID-19.

Une missive en ce sens a été envoyée le 23 novembre au ministre de la Santé, Christian Dubé, et au ministre du Travail, Jean Boulet. Le document, signé par des médecins, des professeurs et des scientifiques, a été rendu public mercredi par Québec solidaire puisque leur lettre est demeurée sans réponse.

« À notre connaissance, le Québec est le seul gouvernement interdisant par ordonnance l’usage d’APR », font remarquer les signataires, rappelant que l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Agence de santé publique du Canada et les Centers for Disease Control and Prevention des États-Unis « reconnaissent la transmission aérienne de la COVID-19 ».

« Considérant que les preuves s’accumulent à l’égard de la transmission par inhalation de particules porteuses de SRAS-CoV-2, nous considérons qu’il est maintenant temps de faire preuve, non plus de précaution, mais de prévention. »

— Extrait de la lettre de 95 experts aux ministres de la Santé et du Travail

Pour l’heure, le port du N95 est réservé exclusivement aux interventions médicales générant des aérosols. Selon les spécialistes signataires de la lettre, il faut que les APR soient aussi offerts aux travailleurs de la santé lorsque des soins de santé de proximité sont donnés pour les protéger « des particules infectieuses inhalables ».

Québec solidaire a présenté mercredi, conjointement avec les autres partis de l’opposition, une motion voulant que l’on « fournisse aux travailleurs de la santé des appareils de protection respiratoire appropriés, tels que des masques N95 ». La démarche a finalement été rejetée par les élus caquistes.

Au cabinet du ministre Dubé, on soutient que les équipements de protection individuelle (EPI) « doivent être utilisés par le bon professionnel, au bon moment ». 

« À cet effet, l’INSPQ a réitéré au mois de septembre que les masques N95 doivent être utilisés lorsqu’il y a présence d’aérosols lors des procédures médicales. Or, pour ces procédures, ces masques sont tout à fait disponibles », souligne-t-on.

Demande similaire de syndicats

La Fédération de la santé du Québec (FSQ-CSQ) et la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) sont elles aussi inquiètes pour la sécurité du personnel dans les établissements de santé.

« Le 20 octobre, le premier ministre a déclaré que le système est à bout de souffle », a mentionné la présidente de la CSQ, Sonia Éthier, lors d’une conférence de presse virtuelle mercredi. « Il s’est dit prêt à tout faire pour réduire la charge de travail des infirmières. Et aussi, il s’est dit ouvert à toutes les solutions pour réduire la surcharge. »

En réponse à cette main tendue, les deux syndicats ont invité le gouvernement à s’engager à prendre des mesures concrètes pour améliorer le système de santé. Dans la liste des mesures qu’ils demandent, il y a justement de s’assurer que les employés du réseau aient suffisamment d’équipements de protection individuelle comme les masques N95. Également, des gants plus adaptés aux besoins, des visières et des blouses de protection.

« Il y a beaucoup, beaucoup de choses qui sont déficientes dans notre système de santé. »

— Claire Montour, présidente de la FSQ-CSQ

« Nous l’avons dit à plusieurs reprises et nous insistons : notre priorité est de protéger le personnel de la santé », a affirmé le cabinet du ministre Dubé, assurant que les EPI « sont en quantité suffisante et disponibles à travers le réseau de la santé, partout au Québec ». Québec rappelle que les travailleurs de la santé sont priorisés dans les tests de dépistage et dans l’analyse des laboratoires « pour assurer leur santé et leur sécurité ».

Selon les syndicats, il faut aussi des ressources financières pour réduire la mobilité de la main-d’œuvre et éliminer les heures supplémentaires obligatoires, dit la présidente de la FSQ-CSQ, Claire Montour.

Y a-t-il une demande plus urgente que les autres dans cette liste ? Non, a répondu Mme Montour. Puisque « chacune des régions a une réalité différente », les besoins peuvent être différents d’un établissement à l’autre.

C’est d’ailleurs une autre demande qui est adressée aux autorités gouvernementales : un gestionnaire responsable dans chaque installation pour qu’il puisse prendre des décisions rapidement et permettre d’adapter l’établissement en fonction de ses contraintes et de ses enjeux.

Sonia Éthier a rappelé qu’avant la « loi 10 », qui a modifié l’organisation et la gouvernance du réseau, « les gestionnaires avaient pleine autonomie pour répondre aux besoins qui se présentaient dans les établissements ». D’après elle, ce n’est maintenant plus le cas. « C’est important pour nous qu’il y ait une certaine forme de décentralisation pour que les établissements rapatrient un certain pouvoir d’action pour régler les problèmes actuels », a expliqué la présidente de la CSQ, en concluant que la pandémie avait démontré les lacunes de la loi 10.

COVID-19

Des Québécois testeront un vaccin dès les prochaines semaines

C’est au CHU de Québec que seront bientôt vaccinés 65 participants à la phase II du vaccin de l’entreprise pharmaceutique québécoise Medicago.

« On a une entente avec Medicago de vacciner 65 personnes au CHU de Québec. On devrait commencer à vacciner la semaine du 13 décembre », affirme le Dr Marc Dionne, médecin spécialiste en santé publique et responsable du site de vaccination du CHU de Québec. D’ici là, les participants doivent compléter une évaluation médicale, afin qu’on s’assure qu’elles répondent aux critères d’inclusion sur leur état de santé.

En tout, 600 personnes seront recrutées pour la phase II de l’étude. « On se partage le recrutement entre une quinzaine de sites au Canada et aux États-Unis », explique le DDionne. « La majorité des participants seront recrutés ici au Québec », précise le Dr Brian Ward, officier médical chez Medicago et professeur en maladies infectieuses à l’Université McGill. Le DDionne explique qu’il y a quatre sites de vaccination de Medicago au Québec, dont le Centre universitaire de santé McGill et l’entreprise sherbrookoise Q&T.

Les prochaines étapes

La phase I du vaccin de Medicago avait permis de tester différents dosages. « La phase II permettra maintenant de tester, avec le dosage retenu, si le vaccin est sécuritaire et s’il donne des bonnes réponses immunitaires », indique le DDionne.

L’équipe recrute en ce moment les 65 participants qui prendront part à l’étude. Le DDionne explique qu’il sélectionnera principalement des personnes qui ont déjà participé à des études au CHU de Québec. Les personnes choisies doivent avoir 18 ans ou plus et être en bonne santé. Les participants seront suivis pendant un an, mais il y aura probablement un chevauchement des phases II et III.

« Si tout va bien, on peut anticiper débuter la phase III au début de l’année 2021 », affirme le DWard. Dans la phase III, Medicago devra recruter environ 30 000 personnes à l’échelle mondiale.

« Pour qu’une étude de phase III réussisse, il faut qu’il y ait des gens malades, pour savoir si le vaccin protège bel et bien du virus. Il faut avoir énormément de personnes pour avoir des résultats rapidement. »

—  Le Dr Marc Dionne, responsable du site de vaccination du CHU de Québec

Le Dr Dionne précise que le groupe des personnes recrutées en phase III devra être très diversifié quant à leur état de santé.

Le DWard est positif face à l’avancement des recherches. « C’est une fierté si j’ai l’occasion de recevoir un vaccin qui a été conçu et fabriqué au Québec », affirme-t-il.

La liste prioritaire devra être amincie, dit la Dre Tam

Les autorités fédérales de santé avaient annoncé, jeudi dernier, que 3 millions de Canadiens parmi les plus vulnérables allaient être vaccinés entre janvier et mars. Toutefois, les 6 millions de doses ne seront pas suffisantes pour couvrir la liste des priorités établie par Ottawa, a annoncé mercredi la Dre Theresa Tam, administratrice en chef de l’Agence de la santé publique du Canada. Cette liste devra donc être réduite.

Il reviendra à chaque province et territoire de décider qui sera vacciné en premier contre la COVID-19. Le Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI) a dressé un guide pour établir cette liste prioritaire.

De son côté, Santé Canada a publié un communiqué pour calmer la grogne soulevée par l’annonce d’une vaccination dès lundi, au Royaume-Uni, grâce au vaccin Pfizer/BioNTech. « L’examen indépendant de ce vaccin par Santé Canada est en cours et devrait être terminé prochainement », promet le ministère fédéral.

— Avec La Presse Canadienne

une pétition critiquant les vaccins parrainée par un conservateur

Alors que les conservateurs réclament à cor et à cri un vaccin contre la COVID-19 au plus vite, un de leurs élus parraine une pétition qui remet en question l’utilité des vaccins contre le virus. « Le contournement des protocoles de sécurité applicables signifie que la vaccination contre la COVID-19 équivaut véritablement à une expérimentation humaine », stipule-t-on dans le préambule de la pétition que parraine le député ontarien Derek Sloan. La pétition virtuelle, qui se trouve sur une page web du gouvernement, a été signée par plus de 22 000 personnes jusqu’à présent. À sa sortie de la réunion hebdomadaire du caucus conservateur, Derek Sloan a soutenu qu’il y a « de bons éléments » dans la pétition. « Je devrais relire tous les éléments pour vous dire si je suis d’accord ou en désaccord, mais ma philosophie est que les pétitions permettent aux citoyens d’avoir une voix », a-t-il dit. Au bureau du chef conservateur Erin O’Toole, on n’a pas souhaité commenter l’affaire, mercredi, sauf pour dire que « les députés parrainent diverses pétitions pour permettre aux Canadiens de participer au processus démocratique ».

— Mélanie Marquis, La Presse

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.