L’agriculture urbaine s’amène à l’école

L’école secondaire Louis-Joseph-Papineau, dans le quartier Saint-Michel à Montréal, propose désormais à ses élèves une concentration axée sur l’environnement et l’agriculture urbaine. Une occasion pour certains élèves de se mettre les deux mains dans la terre pour la première fois.

Quand on lui demande ce qui l’a motivée à s’inscrire dans ce programme, Nafissa Fella Chettab explique qu’elle voulait « cultiver un jardin pour avoir des fruits et légumes bios » chez elle et « connaître le nom des plantes ». Comme son collègue Daryl Hakizimana, qui avait déjà aidé son voisin dans son jardin, cette élève de première secondaire avait peu jardiné avant de s’inscrire à cette concentration.

Au cours des cinq prochaines années, tous deux auront l’occasion de s’initier à l’agriculture urbaine, mais aussi de parler d’alimentation, de consommation et d’environnement dans le cadre de ce nouveau programme mis sur pied par le Centre de services scolaire de Montréal et appelé EAU, pour « environnement et agriculture urbaine ».

Au début de l’année 2020, on a beaucoup parlé de cette école secondaire du quartier Saint-Michel pour une de ses caractéristiques peu enviables : surnommée « la prison » ou parfois « le bunker », elle n’a pas de fenêtres, si bien qu’une pétition pour l’en doter a été lancée.

Est-ce que ce programme vert est en quelque sorte une manière de pallier ce manque ? « L’intention n’est pas de détourner ces sujets-là, c’est de répondre aux besoins que les élèves ont soulevés. C’est une suite logique de ce qu’on a commencé à faire depuis 2015 », explique Caroline Claveau, directrice de l’école secondaire.

Ce que l’on sait moins de cette école située en milieu défavorisé, c’est que depuis cinq ans, on cultive des fruits et légumes sur son terrain. Les récoltes du Jardin des Patriotes sont suffisantes pour approvisionner pendant la belle saison un marché public installé au métro Saint-Michel.

C’est de ce projet d’agriculture urbaine qu’a germé l’option EAU, établie en partenariat avec l’École des métiers de l’horticulture de Montréal, mais aussi avec d’autres organismes du quartier.

« Un projet comme celui-là permet de transformer des espaces inutilisés en espaces verts productifs, utiles à la communauté, mais aussi en espaces d’éducation pour l’école et tout le quartier », note Sylvie Gemme, enseignante à l’École des métiers de l’horticulture de Montréal.

Les élèves inscrits à cette option ont cette année deux heures de cours réparties sur neuf jours, mais l’an prochain, le temps consacré à l’option pourrait doubler. Une trentaine d’élèves pourra choisir cette option chaque année, sans se soumettre à un test de sélection.

Récemment, les jeunes ont appris à faire du compost et à utiliser certains instruments de jardinage pour enlever les plants de tomates qui avaient donné des fruits tout l’été.

L’école secondaire Louis-Joseph-Papineau souhaite offrir cette option jusqu’en cinquième secondaire et, peut-être, susciter des passions durables. « Dans nos rêves les plus fous, dit la directrice Caroline Claveau, les élèves qui suivraient ce diplôme auraient un diplôme d’études secondaires, mais aussi un diplôme d’études professionnelles décerné par l’École des métiers de l’horticulture. »

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