Deux espèces d’araignées découvertes dans une tourbière
Ce qui ne devait être qu’une simple étude de caractérisation dans la tourbière de Saint-Joachim-de-Shefford, près de Granby, a mené à d’importantes découvertes scientifiques. Deux nouvelles espèces d’araignées y ont été trouvées, une première au Canada.
Le projet d’inventaire de la biodiversité de la tourbière a été réalisé par la Fondation pour la sauvegarde des écosystèmes du territoire de la Haute-Yamaska (SETHY) et l’arachnologue Pierre Paquin. Un total de quatre visites ont été effectuées sur le terrain au cours de la dernière année, soit deux en été, une à l’automne et une ce printemps. Les échantillonnages ont permis de déterminer que 66 espèces, réparties en 17 familles, ont élu domicile dans la tourbière joachimienne.
« C’est une très belle récolte : en peu de temps, nous avons recueilli assez d’espèces pour démontrer une belle biodiversité dans cette tourbière, avec même quelques surprises », a souligné M. Paquin.
Les chercheurs ont découvert une toute nouvelle espèce du genre Ceraticelus, qui était jusqu’alors inconnue de la science. Un processus pour la nommer est en cours, indique Frédérick Chir, chargé de projet à la Fondation SETHY.
« On lui a donné un nom entre nous, mais son vrai nom devra être homologué par la communauté scientifique. »
— Frédérick Chir, chargé de projet à la Fondation SETHY
Sur place, il a aussi été possible d’identifier une femelle Araneus alboventris, une espèce jamais vue au pays. Cinq autres espèces rarissimes ont aussi été observées sur place, signe que la tourbière de Saint-Joachim-de-Shefford est un milieu naturel particulièrement en santé avec sa capacité à capturer du gaz carbonique, à recharger des nappes phréatiques et à filtrer l’eau, tant de conditions qui lui permettent d’être un habitat prisé de nombreuses espèces végétales et animales.
« On ne se doutait pas qu’on découvrirait ces espèces », a indiqué M. Chir.
C’est bien après la collecte des échantillons qu'on a réalisé l'importance de la découverte.
« Après l’échantillonnage, M. Paquin a étudié les résultats de nos visites et c’est à ce moment-là qu’il a réalisé ce qu’on avait découvert. Il nous a rapidement contactés pour nous l’apprendre », ajoute le chargé de projet.
Ces découvertes sont peu fréquentes, notamment parce que les inventaires de la biodiversité dans les tourbières sont plutôt rares.
« Certaines sont difficiles d’accès et d’autres sont des milieux qui ont été perturbés par l’activité humaine », a expliqué M. Chir.
La Fondation SETHY aimerait répéter l’expérience dans quelques années afin de voir l’évolution des espèces d’araignées dans la tourbière.
« Un prochain inventaire biologique à cette tourbière pourrait encore nous surprendre », laisse-t-on d’ailleurs entendre.