Nord-du-Québec

LE NORD-DU-QUÉBEC EN CHIFFRES

Plus grands employeurs

Mine Raglan (Glencore) — 960 employés

Mine Éléonore (Goldcorp) — 850 employés

Chantiers Chibougamau — 600 employés

Mine Casa Berardi (Hecla Mining) — 550 employés

Barrette-Chapais — 450 employés

*Source : Emploi-Québec et entreprises

Nombre de parcs industriels : 4

Grands secteurs d’activité

Secteurs public et parapublic — 2275 employés

Industrie minière — 3610 employés

Industrie forestière — 1200 employés

*Sources : Emploi-Québec – Registre des établissements

Villes les plus peuplées

Chibougamau : 7561 habitants

Chisasibi : 4705 habitants

Mistissini : 3627 habitants

*Source : Institut de la statistique du Québec, Décret de population 2016

Siège social

Chantiers Chibougamau – 600 employés

Nord-du-Québec

Courage

YVES BARRETTE

Âge : 61 ans

Profession : président du moulin à scie Barrette-Chapais

A vécu 25 ans à temps plein à Chibougamau

Yves Barrette est persuadé qu’il faut faire preuve d’une grande ténacité pour vivre et se lancer en affaires dans le Nord-du-Québec. « Le monde se fout de nous, affirme-t-il sans retenue. Les gens nous confondent encore avec les Esquimaux… On n’est pas compris. Et c’est pire quand on travaille dans le bois, puisque le gouvernement nous tient pour acquis. Il ne nous consulte pas. »

Il croit toutefois que l’attitude combative des gens de la région renverse la vapeur. « C’est dans l’adversité que tu fais des hommes, souligne-t-il. Et les gens sont fiers de leur région ! Ceux qui restent y tiennent. Surtout dans le monde des affaires. Les patrons qui doivent défendre leurs usines pour les approvisionner ont plus besoin de l’extérieur, de Montréal et des autres régions. Mais ils gardent courage, envers et contre tous. Les gens ont beaucoup d’orgueil. »

Nord-du-Québec

Défis

Bien que le gouvernement du Québec vante son Plan Nord partout dans le monde, des doutes planent sur la rentabilité du superprojet. « Il faut faire attention du côté des comptes publics du Québec pour qu’ils ne soient pas déficitaires, explique Marc-Urbain Proulx. Les investissements pour construire les infrastructures du Plan Nord sont énormes, mais comme peu d’emplois seront créés, le gouvernement percevra moins d’entrées fiscales associées au projet. Sans compter que le nouveau régime minier offre une marge de manœuvre très limitée pour le gouvernement, en termes de coûts et de bénéfices. On peut donc se demander si ça vaut la peine. »

Le professeur craint également que les coûts environnementaux soient trop grands. « Dans la Loi sur les mines, les entreprises minières sont obligées de restaurer les sites après utilisation, mais encore faut-il appliquer la loi, dit-il. On entend déjà des environnementalistes affirmer qu’elle n’est pas appliquée. »

Nord-du-Québec

Persévérance entrepreneuriale

DANICK DOYON

Âge : 42 ans

Profession : président du commerce de détail Huard et cie

Dans la région depuis 20 ans

Très critique par rapport à l’économie du Nord-du-Québec, Danick Doyon voit tout de même une poignée de gens d’affaires qui continuent de croire en leur coin de pays. « On ne se comptera pas de menteries : l’économie est difficile et ce n’est pas vrai que c’est rose, dit-il. Mais j’y crois, en ma région. On est quelques hommes d’affaires qui investissent encore. On est des battants. On est jeunes et acharnés. »

Rachat de dépanneurs en faillite, achat d’immeubles commerciaux et résidentiels, agrandissement de son commerce, M. Doyon fait partie de ceux qui se battent contre le contexte difficile. « Avec les usines et les mines à proximité, ou les emplois au gouvernement, qui offrent tous de bons salaires, il faut proposer des conditions intéressantes. Et comme la population de Chibougamau rajeunit, notre clientèle va beaucoup plus sur le web qu’avant pour magasiner. Il faut donc tout faire pour se démarquer. »

Nord-du-Québec

FORCES

L’épuisement des ressources naturelles en périphérie immédiate et intermédiaire des villes favorisera le futur économique du Nord-du-Québec, selon Marc-Urbain Proulx, professeur en économie régionale à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC). « Les extracteurs de ressources devront aller dans des endroits plus difficiles d’accès dans le monde, comme le cœur de l’Amazonie et de l’Australie, ainsi que dans le Nord-du-Québec. Il devrait donc y avoir de nouvelles immobilisations minières dans les prochaines décennies. »

Ce vent de renouveau aura toutefois un effet en deux teintes sur le marché de l’emploi. « De nouvelles immobilisations amènent beaucoup d’effervescence durant la construction. Toutefois, il n’y aura pas énormément de nouveaux emplois dans les mines comme telles, puisque le domaine minier assiste à la présence croissante de la robotisation. Un peu comme ce fut le cas en agriculture dans les années 60 et 70, dans les pêcheries dans les années 80 et 90, ainsi que dans la foresterie par la suite. »

Nord-du-Québec

Brasser des affaires dans l’adversité

Alors que le Nord-du-Québec attend toujours la reprise dans le secteur des ressources naturelles, certains observateurs doutent des retombées des futurs projets miniers. Bien au fait de ce qui se passe dans la région où ils font affaire depuis des décennies, Yves Barrette et Danick Doyon parlent de leur coin de pays.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.