Chronique

SPGM et SPVM, même combat !

Réalité : le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) traverse une crise importante. Le patron des affaires internes, Costa Labos, a été dégommé, et deux factions d’enquêteurs-vedettes entretiennent une rivalité acrimonieuse qui inquiète le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux.

Fiction : le Service de police du Grand Montréal (SPGM) de District 31 traverse une crise importante. Le chef des affaires internes, Vincent Dupuis (Martin Dion), a été limogé, et deux clans féroces s’affrontent pour obtenir la tête du chef François Jalbert (Michel Laperrière), ce qui préoccupe le ministère de la Sécurité publique.

Depuis quelques semaines, on se branche sur District 31 et on jurerait lire les chroniques judiciaires des journalistes les mieux connectés du Québec. Presque en temps réel, les déboires du (fictif) SPGM se collent à ceux du (réel) SPVM. C’en est même troublant.

L’argent des sources détourné vers d’autres opérations, l’écoute électronique illégale au sein même du corps policier ou les retraités qui en mènent large : des collègues qui couvrent ce fascinant domaine n’en reviennent pas que ces histoires, pas toujours connues du grand public, ressortent de façon aussi réaliste au petit écran.

L’auteur de District 31, Luc Dionne, devra-t-il être rebaptisé officiellement Nostradionne ? Ou a-t-il d’excellentes sources dans tous les postes de police du Québec ? La deuxième option s’avère la plus plausible, la plus crédible.

District 31, c’est l’aboutissement de plusieurs années de recherches de Luc Dionne autant chez les motards (Le dernier chapitre), la mafia (Omertà) que les firmes paramilitaires (Blue Moon). Dans cette série quotidienne, le scénariste expert concentre toutes ses informations privilégiées en dosant habilement les moments plus légers et les enquêtes costaudes, comme l’Opération Rodéo qui a été déclenchée la semaine dernière.

« Je n’ai pas une boule de cristal, je ne suis pas non plus un devin. Et la synchronicité, je ne peux rien y faire », explique Luc Dionne, joint hier en Floride où il planche sur Blue Moon 3.

Comme un journaliste aguerri, Luc Dionne a tissé des relations de confiance avec ses informateurs, qu’il ne nommera jamais, évidemment.

« J’ai des amis proches, des gens que je connais qui ont longtemps été dans des enquêtes policières de haut niveau. Je me suis toujours tenu au courant. La guerre des clans, ça faisait partie de ma bible de départ pour District 31. Ça fait des années que ça dure au SPVM. Quand j’ai vu le reportage de J.E. [sur la sortie publique des policiers Jimmy Cacchione et Giovanni Di Feo], je me suis dit : ben voyons, c’est pas nouveau ça », poursuit Luc Dionne.

Dès demain (19 h), l’influent maire Fillion, le paranoïaque qui met la moitié de la ville sur écoute, fera son entrée dans District 31. Il sera joué par Robert Toupin. Pas de parallèle à tracer, cependant, avec le maire Denis Coderre. « Denis, c’est mon ami », glisse Luc Dionne.

La provenance des renseignements de Luc Dionne fait l’objet d’une quantité astronomique de rumeurs. Ne comptez pas sur lui pour les valider ou les rejeter. « Il y a bien du monde qui pense que je parle à des gens de l’état-major du SPVM. À qui je parle, ce n’est pas des affaires de personne », tranche-t-il.

Toujours aussi populaire

La popularité de District 31 ne se dément pas. À la mi-février, la série rejoignait, en moyenne, 1 326 000 accros, en incluant les enregistrements. Cette impressionnante cote d’écoute installe le feuilleton de la SRC au quatrième rang des émissions les plus populaires du Québec, toutes catégories confondues. Seules La voix, Unité 9 et L’échappée dépassent District 31.

Autre exemple de l’engouement pour Pat, Poupou et Taxi ? Le mini-concours pour gagner la montre Casio identique à celle portée par la lieutenante Nadine Legrand (Magalie Lépine-Blondeau) a généré plus de 30 000 commentaires et davantage de mentions « J’aime » sur la page Facebook officielle de la quotidienne.

Parlant de Nadine Legrand, son interprète a été fêtée en musique samedi soir à En direct de l’univers, où France Beaudoin nous a offert une autre heure chargée d’émotions. Elle était touchante, Magalie Lépine-Blondeau, dans toute sa vulnérabilité et sa sensibilité. Sa réaction valait 100 $ quand elle a compris que Wyclef Jean allait vraiment lui chanter une sérénade. C’était magique.

En raison des droits musicaux qui coûteraient une fortune à libérer, En direct de l’univers ne passe jamais en reprise et n’atterrit pas non plus sur des plateformes de rattrapage comme Tou.tv. Il faut la visionner en direct ou l’enregistrer. Sinon, vous ratez un maudit bon programme.

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