Un observatoire international sur l’égalité femmes-hommes… au Québec !

À titre de codirectrices de l’Observatoire francophone pour le développement inclusif par le genre (OFDIG), nous soulignons au lendemain de la Journée internationale des droits des femmes la création d’un nouvel observatoire qui réunira des chercheuses francophones d’ici et d’ailleurs autour de la question fondamentale de l’égalité femmes-hommes. Question qui n’est toujours pas acquise au Québec.

La mission de l’OFDIG est de favoriser, à l’échelle internationale, l’autonomie et le pouvoir d’agir des femmes et des filles dans les trois secteurs cruciaux du développement inclusif que sont le milieu de l’enseignement supérieur et de la recherche, les systèmes éducatifs et le secteur de l’économie. La situation reste en effet préoccupante dans ces trois domaines clés. Par exemple, selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), si les tendances actuelles se maintiennent, il nous faudra 202 ans pour combler l’écart économique entre les femmes et les hommes sur la planète. Dans le monde, une fille sur huit en âge d’y aller ne fréquente toujours pas d’établissement primaire ou secondaire et, selon l’ONU, seuls 62 pays sur 145 atteignent les objectifs de parité dans les systèmes éducatifs. Dans le domaine de la recherche, les chercheuses sont sous-représentées dans… tous les pays du monde, y compris au sein de nos universités québécoises et canadiennes.

L’OFDIG produira des données fiables permettant de documenter et de voir les inégalités dans ces domaines. Il développera des actions et plaidoyers afin de favoriser une meilleure participation des femmes et des filles aux processus de développement inclusif. Pour y parvenir, l’OFDIG prend appui sur un réseau d’universitaires, d’expertes et de groupes de femmes actives au Québec et au Canada, au Maghreb, en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest.

Un observatoire international pour le développement inclusif par le genre et ses actions en faveur de l’égalité femmes-hommes sont nécessaires pour transformer ces situations, à la fois à l’international et, plus près de nous, au Québec et au Canada.

En effet, il serait rassurant de penser que les inégalités genrées concernent surtout les femmes « à l’étranger » et que la pertinence de l’OFDIG est d’abord et avant tout pour ses partenaires du continent africain. C’est malheureusement faux et le penser équivaut à nous mettre la tête dans le sable. Les inégalités entre les femmes et les hommes persistent au Québec et au Canada, même si elles sont souvent moins visibles que dans d’autres régions de la Francophonie.

Au Québec, les violences sexuelles et familiales affectent de façon disproportionnée les femmes, ce qu’illustrent tristement les trop nombreux féminicides ayant fait la manchette en 2021 et 2022. Dans la foulée du 8 mars, nous tenons à rappeler que selon l’Institut de la statistique du Québec, la pauvreté touche encore et toujours plus de femmes que d’hommes dans la province, alors que 58 % des personnes qui travaillent au salaire minimum sont des femmes, qu’elles gagnent en moyenne 3 $ de l’heure de moins que les hommes et qu’elles sont proportionnellement plus nombreuses que leurs homologues masculins à devoir vivre avec un revenu de moins de 15 000 $ par année.

Les enjeux de représentation et de représentativité des femmes dans les secteurs considérés comme « traditionnellement masculins » restent aussi bien présents. Les femmes sont encore largement sous-représentées en politique, tout comme dans certains domaines d’études universitaires et de recherche tels que le génie, l’architecture, l’informatique, les sciences physiques ou les mathématiques. Dans les milieux économiques, les femmes restent trop peu présentes à la tête d’entreprises et dans les C.A. de grandes organisations, notamment lorsqu’il s’agit de domaines dits « masculins » comme l’industrie des mines, du pétrole et du gaz, où ces dernières ne représentent que 7 % des membres des C.A..

Au lendemain de la Journée internationale des droits des femmes et dans la foulée du lacement de notre OFDIG, nous nous engageons par nos travaux à dépasser les frontières et engager des luttes communes pour que l’égalité femmes-hommes devienne la réalité la mieux partagée de la Francophonie !

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