Boxe birmane

Le Nomade  sur le chemin du retour

Champion du monde de boxe birmane dans la classe ouverte, le Québécois David Leduc réfléchit à la possibilité de prendre sa retraite en 2018.

« Dave, c’est une terreur. Dave, c’est un tueur. Dave, yé magané. »

L’extrait coloré du film culte Slap Shot résume bien ces jours-ci un autre « Dave ». David Leduc est de retour dans son patelin en Outaouais, une douzaine de jours après avoir gagné son plus récent combat à mains nues en Asie.

Plus précisément le 11 décembre en Birmanie. Il a vaincu son adversaire français avec un coup de tête.

« J’ai défendu mon titre à cinq reprises cette année… Je n’ai pas chômé », avoue Leduc, champion du monde en titre de boxe birmane dans la classe ouverte. Une ceinture qu’il a remportée une première fois en décembre 2016.

« C’est le fun, mais j’ai besoin de me reposer », lance le Gatinois.

Un combat dure cinq rounds de trois minutes. Chaque pugiliste a le droit à un temps d’arrêt de deux minutes pour soigner une blessure. La seule façon de gagner est de passer le knock-out. Tous les coups sont permis.

À quel point son corps a-t-il été hypothéqué par ce sport brutal de la famille des arts martiaux connu sous le nom de lethwei ?

« Je repose encore ma main droite chaque jour dans un seau d’eau froide. J’ai vraiment besoin de temps. C’est l’accumulation de tous ces combats. Le corps en prend un coup. »

— David Leduc

Puis, Leduc y va d’une confession : il pourrait quitter le ring en 2018. « Je viens d’avoir 26 ans. Je pense déjà à me retirer », laisse-t-il tomber.

« J’ai promis à ma femme que j’allais arrêter quand nous aurions une famille », ajoute-t-il.

Le jeune couple compte justement s’y mettre et avoir des enfants.

« Je veux relaxer »

Leduc veut se recycler en promoteur et même entraîneur. Il a déjà acheté quelques acres de terrain en Birmanie. « Pour y bâtir une maison et un gymnase qui serait ouvert aux combattants d’un peu partout au monde », précise-t-il.

Sa conjointe Irina et lui déménageront dans ce pays en janvier. Ils habitent en ce moment en Thaïlande.

Les chances que Le Nomade, comme on le surnomme, change d’idée semblent minces. Il a déjà discuté de ses plans d’avenir avec son entraîneur gatinois, Sifu Patrick Marcil.

« Je sais que c’est un gros changement… Je suis jeune. Je pourrais continuer à me battre pendant un autre 10 ans. Mais je veux relaxer, prendre une noix de coco sous les palmiers », mentionne-t-il en riant.

« Mon but était de devenir champion. J’ai déjà gagné la ceinture. Combien de ceintures est assez ? Moi, je trouve que j’ai déjà assez prouvé. »

Pour l’instant, son agenda ne comprend qu’un combat en 2018. Il est prévu le 21 février à Tokyo. Sa dernière présence dans l’arène, croit-il, pourrait survenir au milieu de la prochaine année. Leduc se verrait bien affronter un ex-champion de boxe birmane dans ses adieux en tant que compétiteur.

D’ici là, il compte bien profiter de son séjour chez ses parents à Chelsea. Durant l’entrevue, il s’est emballé en voyant un chevreuil à travers la fenêtre de la maison. « Je ne vois pas ça en Asie », rappelle-t-il.

Un sport méconnu

Débarqué en Outaouais il y a quelques jours, Leduc a participé à quelques séminaires. Son équipe lui a organisé une tournée à travers le Québec, l’Ontario et les Maritimes afin de faire mousser ce sport méconnu en Amérique du Nord qu’est la boxe birmane.

L’ancien joueur de baseball a aussi eu l’occasion de rencontrer plus tôt cette semaine le maire de Gatineau, Maxime Pedneaud-Jobin. « Nous avons pu discuter de sa vision pour promouvoir les talents locaux », relate-t-il.

Leduc a fait les manchettes plus d’une fois ces dernières années. Que ce soit pour sa participation à Prison Fight, où il s’est battu dans une prison à sécurité maximale en Thaïlande, ou ce documentaire à son sujet, La fosse aux tigres, qui a été diffusé cet automne à Canal D.

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