Témoignage

Étudiant étranger coincé à Montréal

Choukri Berghout est arrivé à Montréal à l’été 2019, dans l’espoir d’obtenir un MBA en management et de vivre pleinement l’expérience nord-américaine. À l’époque, il était loin de se douter qu’il passerait la moitié de son séjour en pleine pandémie à étudier devant un écran.

Originaire d’Algérie, l’homme de 41 ans a vécu aux Pays-Bas, en France, en Angleterre, au Bangladesh et à Dubaï, avant d’ajouter le Canada à son parcours. Très tôt dans sa réflexion, il a choisi d’étudier dans la langue de Molière. « Mon premier paramètre était de trouver un programme francophone, dit-il. Et comme je suis marié avec deux enfants, je voulais un endroit où ma famille pourrait m’accompagner. »

Puisque tous les signes pointaient vers la métropole, le quatuor y a déménagé en juillet 2019. Après quelques mois d’études en toute normalité, M. Berghout est devenu étudiant à distance à l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), le 13 mars 2020. « Je suis très reconnaissant que l’École ait su rebondir rapidement en virtuel, sans interruption dans notre processus d’apprentissage, si ce n’est que quelques jours. Je connais des universités qui n’ont pas su en faire autant et des étudiants qui ont perdu un trimestre en entier. »

Même s’il est capable de trouver du positif en pleine crise mondiale, il ne ferme pas les yeux sur l’angoisse qu’il ressent depuis un peu plus d’un an. « Le fait de voir les frontières fermées ou presque dans un grand nombre de pays rajoute une couche de stress et de complexité. Comme j’ai de la famille et des amis un peu partout dans le monde, je me demande chaque jour ce que je ferais s’il leur arrivait quelque chose. Je réfléchis aux regrets potentiels, si je n’ai pas la possibilité de me retrouver à l’autre bout du monde en quelques heures comme avant. »

Pourtant, jamais il n’a songé à interrompre ses études à Montréal. « La pandémie sévit partout sur la planète. Même si les impacts et les orientations des gouvernements sont différents, la situation demeure la même, ici ou ailleurs. »

Il a donc choisi de s’investir dans ses études, même s’il sait qu’il ne retirera pas tout ce qu’il espérait à l’origine.

« Dans un programme MBA, la formation n’est pas académique ni théorique à 100 %. On cherche surtout à bénéficier de l’expérience des collègues de notre cohorte. »

— Choukri Berghout, étudiant à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM

« Puisqu’on se retrouve en virtuel, une grande part de chimie et des relations interpersonnelles ne sont pas ce qu’elles pourraient être. Cela dit, je fais du mieux que je peux pour m’adapter. »

Au terme de ses études, il s’imagine aussi bien rester au Québec que s’établir ailleurs dans le monde. « Je veux aller là où je pourrai apporter une valeur ajoutée. Comme j’évolue depuis des années en télécommunications, un secteur qui est impliqué dans toutes les industries et qui se trouve partout, le choix est vaste. Je vais aussi impliquer ma femme et mes enfants dans la réflexion. »

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