Sciences de la vie

BioTwin veut prédire votre état de santé

La jeune pousse québécoise BioTwin développe un concept de jumeau numérique qui permettra de prédire l’état de santé des gens. La biotech a obtenu 6,6 millions d’investissements pour mettre au point sa technologie unique.

Avec sa technologie futuriste, BioTwin souhaite abolir de nos conversations cette phrase fatale : « Il a été détecté trop tard ». Pour ce faire, les fondateurs et une équipe de 25 employés ont imaginé un concept inspiré de la NASA.

« Le premier exemple de jumeau numérique, c’est Apollo 13 », relate au téléphone Louis-Philippe Noël, directeur général et cofondateur de BioTwin. « En ayant un double du vaisseau sur Terre, on a pu régler le problème qui se passait dans l’espace. »

Si le concept de jumeau numérique est aujourd’hui utilisé dans le domaine manufacturier et l’aviation pour suivre à distance les machines et les avions, BioTwin souhaite l’appliquer à l’être humain. Lorsque le jumeau numérique sera au point, il pourra, entre autres, permettre la détection précoce de certains cancers, prédire les changements dans l’état de santé et certaines maladies, en plus de faire des simulations de traitements pour trouver celui qui serait le mieux adapté à chaque patient.

La construction du jumeau numérique

Le jumeau numérique se construit à l’aide d’échantillons de sang, de salive et d’urine qui sont envoyés par la poste à BioTwin trois fois par semaine pour un suivi d’entraînement sportif et de nutrition, et une fois par mois pour le cancer, explique Louis-Philippe Noël. Un bracelet biométrique vient compléter les données. « On a besoin de 5 à 10 échantillons pour créer un jumeau », précise-t-il.

Une dizaine d’entreprises dans le monde travaillent actuellement sur le concept de jumeau numérique, mais visent des applications différentes.

Les brevets de la jeune pousse québécoise se concentrent sur sa méthode d’analyse unique qui utilise l’intelligence artificielle pour faire du profilage. Le diagnostic est toujours laissé au soin du médecin.

« Si on prend une photo satellite de forêt, on voit plein d’arbres, illustre Louis-Philippe Noël. Si on donne assez de photos de satellites à l’intelligence artificielle, elle va être capable de dire quels arbres changent de couleurs à l’automne sans connaître précisément les espèces. »

« Chez BioTwin, on donne assez d’échantillons à notre intelligence artificielle pour qu’elle soit capable de reconnaître un profil, poursuit-il. L’intelligence artificielle ne cherche pas à identifier le biomarqueur du cancer de l’ovaire, par exemple, parce qu’il y en a des milliers. Elle cherche plutôt à dire : ce groupement d’arbres est toujours présent quand il y a un cancer de l’ovaire. »

Projets de recherche en nutrition et contre le cancer

Un premier projet de recherche a été lancé en mars dernier en optimisation de la nutrition et saine gestion du poids. Le concept pourra bientôt être commercialisé. Un deuxième projet de recherche débutera à l’été, cette fois contre des cancers. On vise ceux du pancréas, colorectal, du poumon et potentiellement celui des ovaires, car ils sont parmi les plus difficiles à détecter. Le but est de les déceler au stade 1.

BioTwin espère que son service sera fonctionnel à l’automne pour procéder à la demande d’approbation auprès de Santé Canada. Les services de prévention et de détection seront éventuellement offerts par différents professionnels de la santé, soutient Louis-Philippe Noël.

Louis-Philippe Noël, qui n’en est pas à sa première entreprise, a investi de sa poche 500 000 $ lors de la création de BioTwin en 2019. Des anges investisseurs, Desjardins Capital et Investissement Québec ont appuyé la jeune pousse pour un total de 6,6 millions.

« Le Québec possède un bassin de talents et d’innovateurs qui savent mettre à profit les technologies numériques pour faire évoluer la santé. BioTwin contribuera à l’avancement de la médecine personnalisée et préventive en permettant de mieux comprendre les besoins des patients grâce à l’intelligence artificielle », a déclaré Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie et de l’Innovation, dans le communiqué annonçant tous les appuis financiers obtenus par la biotech.

« Le potentiel d’exportation est norme, s’enthousiasme Louis-Philippe Noël. Le marché de la santé américain a un intérêt pour une médecine personnalisée et préventive. On a une grande demande aux États-Unis. »

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