Henri Richard, la légende aux 11 Coupes Stanley

À la découverte d’Henri Richard

Henri Richard, la légende aux 11 Coupes Stanley, la première biographie de l’ancien numéro 16 du Canadien, est une véritable expédition à la découverte de celui qui était surnommé le « Pocket Rocket ». Pas seulement pour le lecteur, mais également pour son fils Denis Richard, qui signe le livre en collaboration avec l’écrivain Léandre Normand.

« Comme mon oncle Maurice, mon père ne parlait pas énormément. Alors moi-même, j’ai appris beaucoup sur lui à travers les anecdotes qui m’ont été racontées par ses amis et ses ex-coéquipiers », affirme au Soleil Denis Richard, qui avait commencé à plancher sur le projet quelques mois avant la mort de son père, atteint de la maladie d’Alzheimer, le 6 mars dernier.

« C’est Léandre qui m’avait proposé ça, et au départ, j’ai dit non. Ensuite, j’y ai repensé et j’ai demandé l’accord de ma mère et elle ne voulait pas. C’est resté comme ça quelques jours et j’ai rappelé ma mère. On a eu une discussion assez longue et elle a finalement donné son accord plutôt que de voir publier une biographie non autorisée », explique-t-il.

C’est là qu’allait débuter une grande collecte d’information sur la vie de son père par l’entremise de ceux qui l’avaient côtoyé.

« Je voulais laisser un legs à mes quatre petits-enfants, âgés de 1 à 6 ans et qui ont peu connu leur arrière-grand-père, car il était depuis quelques années un homme malade. Je voulais leur montrer comment il était avant sa maladie », poursuit-il.

L’ombre et la lumière

Dans l’ouvrage de 234 pages, Denis Richard tenait à présenter à la fois l’homme public et l’homme privé. Il est question de la persévérance et de la volonté d’Henri Richard, mais aussi de la part d’ombre du bouillant athlète.

« Oui, je parle de ses petites crises, de son agressivité, du fait qu’il n’avait parfois aucun filtre avec les journalistes », indique le fils, qui s’est entretenu avec l’ancien président du Canadien Ronald Corey et avec d’autres anciens du Canadien comme Jean-Guy Talbot, Réjean Houle et Yvon Lambert. On peut donc lire comment Richard, à l’âge de 21 ans, s’est battu contre Jack Bionda, Fern Flaman et Leo Labine des Bruins de Boston lors d’une bagarre générale qui avait éclaté au jour de l’An 1958.

Ses accrochages avec ses entraîneurs Al MacNeil et Scotty Bowman sont également racontés. Richard avait ouvertement traité MacNeil d’incompétent après qu’il l’eut laissé de côté durant la finale de la Coupe Stanley de 1970-1971. Plus tard, c’est avec le successeur de MacNeil, Scotty Bowman, que Richard allait en venir aux mots.

« Lors d’un match d’ouverture, Bowman ne l’avait pas habillé alors qu’il était le capitaine de l’équipe et qu’il venait d’avoir un bon camp d’entraînement ! », raconte Denis Richard.

« Mon père avait ses sautes d’humeur, parfois il n’avait pas de filtre. Il disait parfois sa façon de penser sans se soucier des conséquences de ses paroles. Malgré tout, c’était quelqu’un qui avait bon cœur, qui était sensible. Pour lui, les enfants, c’était très important. Il ne leur refusait jamais un autographe. À un adulte non plus d’ailleurs. »

— Denis Richard

Faits marquants

Bien sûr, il est aussi question des 11 Coupes Stanley remportées par Henri Richard, un record, et de son fameux but gagnant pour remporter sa huitième coupe en 1966 contre les Red Wings de Detroit.

« J’avais 6 ou 7 ans à l’époque, alors je n’en avais aucun souvenir », avoue franchement Denis Richard.

Deux minutes après le début de la période de prolongation, Richard s’est avancé devant le gardien Roger Crozier avant de perdre pied et d’aller percuter le cerbère des Wings alors que la rondelle pénétrait dans le filet. Malgré les protestations des Wings, qui estimaient que le numéro 16 avait poussé la rondelle avec sa main, le but avait été accepté et le Bleu-Blanc-Rouge était de nouveau champion.

« Au sujet de ses 11 bagues de la Coupe Stanley, mon père a déjà déclaré : “Regarde… J’ai 10 doigts et j’ai 11 bagues. Où tu penses que j’ai mis l’autre ?” », se souvient en riant Denis Richard. Quand il était avec quelqu’un en qui il avait confiance, mon père pouvait être un farceur et un pince-sans-rire. »

Moments privilégiés

Le fils, qui se souvient surtout des dernières années des deux décennies de son père avec le Canadien, garde les meilleurs souvenirs de lui alors que les deux se rendaient ensemble en voiture à la brasserie que son père possédait.

« Je travaillais là comme serveur, alors quand on se rendait là-bas en auto, c’était des moments privilégiés pour avoir des discussions ensemble. En public, tout le monde voulait toujours lui parler, car c’était Henri Richard et un de ses gros défauts était qu’il ne disait jamais non », poursuit son fils, qui avoue que son père n’était pas souvent présent dans sa jeunesse en raison de sa carrière de hockeyeur.

Quant aux dernières années de sa vie, Henri Richard les a malheureusement vécues en perdant petit à petit son autonomie en raison de la maladie.

« Le plus dur pour lui a été de perdre son permis de conduire, puis de devoir aller dans un centre d’hébergement après avoir trébuché et être tombé tête première sur le sol », raconte le fils.

À discuter avec Denis Richard, on comprend vite que ce retour dans les belles années de son père a contribué à compenser la douleur de le voir accablé par la maladie. « J’espère maintenant que les lecteurs pourront découvrir mon père comme moi je l’ai découvert », conclut-il.

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