Investissements étrangers à Montréal

Une demi-année record

La pandémie n’a pas ralenti les investissements étrangers sur le sol montréalais. Montréal International annonce une valeur d’investissements record de 1,86 milliard de dollars, 40 projets démarrés et 6300 emplois créés ou maintenus de janvier à juin 2021.

1 milliard de plus qu’en 2017

À la même date, l’an dernier, Montréal International comptabilisait des investissements étrangers de l’ordre de 1,4 milliard de dollars et 37 projets. Ceux-ci s’élevaient à 2,233 milliards pour l’année complète de 2020. En 2017, à mi-parcours, la somme se chiffrait à 871 millions. « Montréal se vend beaucoup mieux qu’il y a 10 ans », justifie Stéphane Paquet, PDG de Montréal International, en entrevue. « L’idée d’y faire des affaires a crû progressivement. La place qu’on occupe en intelligence artificielle joue aussi pour beaucoup. C’est une ville de tech où il se passe quelque chose. »

Le PDG estime cette première moitié d’année « remarquable ». « Notre meilleure à vie, affirme-t-il. Ce qu’il y a d’intéressant est qu’on a 24 bébés COVID-19, soit des dossiers qu’on a ouverts après mars 2020, après la fermeture des frontières. Ce ne sont pas que des projets d’avant la pandémie. »

Secteurs priorisés en temps de COVID-19

Les équipes de l’organisation ont rapidement analysé les secteurs qui avaient des chances de connaître une croissance malgré la COVID-19 : jeux vidéo, cybersécurité et intelligence artificielle notamment. « Des secteurs où Montréal tire son épingle du jeu », souligne Stéphane Paquet.

« On a intensifié la prospection dans les marchés porteurs », ajoute Alexandre Lagarde, vice-président, investissements étrangers, de Montréal International. « La France représente 35 % de nos résultats du premier semestre ; les États-Unis (notamment la côte ouest), 60 %. Mais ça ne nous a pas empêchés de diversifier nos activités dans les marchés où on n’avait pas d’image de marque. Nos 40 projets fermés au 30 juin proviennent de 13 pays (Finlande, Turquie, Liban, Allemagne, Royaume-Uni, Tunisie…). On est aussi une ville universitaire avec un bon bassin d’étudiants. »

Montréal International pense atteindre, d’ici décembre, des investissements totalisant de 2,5 à 3 milliards. « Le pipeline de projets qu’on a réussi à renouveler est quand même bon malgré l’incertitude économique et les variants », note Alexandre Lagarde.

Missions virtuelles

Malgré la fermeture des frontières, Montréal International a organisé des missions commerciales, mais virtuelles. « On a eu 348 embauches depuis le début de l’année, c’est beaucoup », dit Stéphane Paquet.

Voyager virtuellement a permis à Montréal International de mettre un pied dans des coins où elle n’était pas ou que peu allée, comme au Cameroun. « Je ne suis pas certain que si on avait dû prendre l’avion, on aurait essayé le Cameroun, admet Stéphane Paquet. On va assurément y retourner en mission virtuelle. »

L’organisation s’assurera aussi d’un recrutement en continu grâce à un nouveau site conçu à l’interne (talentmontreal.com). « On a un bassin de 35 000 personnes sur la planète, de la Colombie, du Cameroun, de la Belgique, de la France ou encore du Maghreb qui veulent travailler à Montréal, dit M. Paquet. Surtout du secteur des TI. »

Futur modèle hybride

Quand la pandémie sera chose du passé, MM. Paquet et Lagarde s’attendent à un retour des voyages et des rencontres en personne pour amorcer et conclure des contrats. Mais les activités virtuelles seront aussi privilégiées. « Il y aura des gens dans les avions, mais on serait un peu fou d’abandonner les bonnes pratiques qu’on a développées pendant la pandémie et qui fonctionnent », dit le PDG.

« Il y a des marchés où on n’a pas le choix d’être présents physiquement, car notre présence est garante du sérieux de notre démarche, dans certains pays européens ou au Japon par exemple, poursuit Alexandre Lagarde. Mais la pandémie nous a apporté une flexibilité sur le plan de la stratégie de prospection. »

Pour un centre-ville grouillant

Montréal International considère l’apport étranger comme un levier de la relance économique du centre-ville. « Ces trois dernières années, on y a attiré plus de 3 milliards d’investissements qui ont créé plus de 12 000 emplois, calcule Stéphane Paquet. C’est la Place Ville Marie au grand complet ! Depuis le début de l’année, les investissements s’élèvent à 1 milliard pour 3398 emplois. Éventuellement, ce seront des gens dans les tours de bureaux, lorsqu’elles vont rouvrir, et qui vont faire vivre les restos, les boutiques, les dépanneurs. Qui vont mettre de la vie dans le centre-ville. Les investisseurs étrangers vont contribuer à la relance du centre-ville. »

Montréal International estime que les filiales étrangères représentent 1 % des établissements dans le Grand Montréal, emploient 10 % des travailleurs et contribuent à 20 % du PIB. Leurs achats à des fournisseurs québécois sont évalués à 17 milliards par année.

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