Personnalité de la semaine

Michel Phaneuf

Bien connu de tous comme un pionnier de la démocratisation du vin au Québec grâce à ses fameux guides annuels, Michel Phaneuf, atteint de la maladie de Parkinson depuis 2008, a vendu sa cave à vins personnelle dans le but de créer un fonds de recherche sur cette maladie, auquel il a remis 100 000 $. Il est notre personnalité de la semaine.

En raison de la maladie de Parkinson, Michel Phaneuf a en partie perdu son odorat.

« Je ne peux plus déguster le vin avec autant d’acuité qu’avant », dit-il.

Même si cela a été un coup dur après une vie passée dans cet univers, il prend maintenant les choses avec philosophie.

« Je vais vous décrire ma relation avec le monde du vin : avant, j’étais quart-arrière au football. Maintenant, je suis un spectateur dans les gradins. Je n’ai pas complètement perdu le contact avec le vin et je n’ai pas oublié tout ce que je sais, mais je ne m’ennuie pas de ça. »

Un pionnier

Diplômé en communications de l’UQAM, Michel Phaneuf rêvait de devenir journaliste.

« À la fin de mes études, il n’y avait pas tellement d’ouvertures dans ce domaine, et en même temps, j’ai commencé à développer ma passion pour le vin à une époque où c’était beaucoup moins populaire et médiatisé qu’aujourd’hui. J’y ai vu une occasion. »

Au début des années 80, il publie un cours sur la connaissance des vins dans La Presse et commence à donner des cours de dégustation et à écrire des chroniques dans Perspectives et d’autres publications.

« Je voyais Le guide de l’auto et je me disais que l’on pourrait faire un équivalent avec les vins, puisque cela change chaque année avec les millésimes. Je suis allé voir les gens aux éditions La Presse pour leur présenter le projet et ils ont accepté. Contre toute attente, les ventes ont bien fonctionné. »

— Michel Phaneuf

Le guide du vin Phaneuf en est maintenant à sa 36e édition. Depuis environ six ans, Nadia Fournier a graduellement pris la relève de Michel Phaneuf et signe maintenant le guide complètement seule.

La maladie

En 2008, au cours d’une dégustation, Michel Phaneuf réalise que quelque chose ne tourne pas rond en constatant qu’il n’a pas détecté qu’un vin était bouchonné. Cette perte d’odorat le mène à consulter. Le diagnostic tombe : c’est la maladie de Parkinson.

Toujours curieux des progrès du monde médical, il fait un jour la connaissance du docteur Denis-Claude Roy, spécialiste de la thérapie cellulaire à Maisonneuve-Rosemont. Il lui présente son neurologue, le docteur Michel Panisset, de l’hôpital Notre-Dame, spécialiste de la maladie de Parkinson. Il a quelques idées en tête : pourrait-on avoir recours à la thérapie cellulaire pour traiter la maladie de Parkinson, et ces deux spécialistes pourraient-ils travailler ensemble ?

Pour lancer ce projet, il décide de vendre à la SAQ sa cave à vins, bien garnie de grands crus qui ont pris de la valeur avec les années. Cet argent servira à créer un fonds de recherche.

« J’avais toutes ces bouteilles accumulées pendant des années que je ne pouvais plus apprécier à leur juste valeur. »

— Michel Phaneuf

Le 26 septembre dernier, il remettait les 100 000 $ récoltés grâce à la vente de sa cave à vin au nouveau fonds de recherche Ginette Prémont et Michel Phaneuf pour la recherche en Parkinson.

« Ce n’est que le début, car j’ai l’intention de faire un don semblable chaque année grâce à ce fonds de recherche, dit-il. Une chercheuse française qui détient deux postdoctorats vient de s’établir à Montréal pour travailler sur cette avenue de recherche. Mon espoir est que l’on trouve un jour un remède à la maladie de Parkinson, car présentement, à part les médicaments, il n’y a rien. »

Michel Phaneuf est bien conscient que la recherche scientifique prend du temps et qu’il ne risque pas d’en profiter lui-même. Ce n’est pas son objectif.

« On arrive à un âge, dans la vie, où l’on réalise que donner, c’est très bon pour soi. On ne se sent pas dépouillé de l’argent qu’on donne, au contraire, ça nous fait du bien. J’aimerais tant que plus de gens le réalisent. À travers la philanthropie, on se sent utile, on sait qu’on rend service, qu’on a une raison d’être. »

Grand passionné de photographie – il a même publié un livre de photo, Instants de beauté, dont les recettes sont versées au Centre de thérapie cellulaire de Maisonneuve-Rosemont –, il souhaite aussi lancer une autre fondation. Cette fois, ce sera pour aider le Musée des beaux-arts de Montréal à développer cette avenue.

« Beaucoup de gens qui auraient les moyens de faire de la philanthropie ne le font pas, parce qu’ils ne devinent pas tout le bien-être qu’on en retire. En plus, c’est bien de le faire de son vivant, parce qu’on peut suivre les développements de ce qu’on fait, comme l’arrivée de cette chercheuse française qui va se consacrer à la maladie de Parkinson ici, chez nous. C’est très satisfaisant de voir des résultats. »

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