Lettre de psychoéducateurs

« Nous aussi on est là »

Près de 70 psychoéducateurs et membres du corps professoral en psychoéducation signent une lettre pour rappeler au gouvernement et à la population que cette profession peut répondre aux besoins actuels en santé mentale.

« Nous aussi on est là, nous aussi on peut aider », souligne Gabrielle Yale-Soulière, psychoéducatrice et chargée de cours à l’Université de Montréal, appuyée par 68 cosignataires. En matière de santé mentale, les psychoéducateurs sont trop souvent exclus des discours du gouvernement, dit-elle à La Presse. Le fait que ces services sont taxés, contrairement à ceux offerts par un psychologue, par exemple, les rend moins accessibles, déplore Mme Yale-Soulière. À cela s’ajoute le fait que bon nombre de compagnies d’assurance ne couvrent pas la psychoéducation.

Pour ces raisons, la profession demeure peu connue du public, estime Amélie Meeschaert, psychoéducatrice et chargée de cours à l’École de psychoéducation de l’Université de Montréal. Il y a aussi le fait que la psychoéducation est pratiquée presque uniquement au Québec, fait valoir Gabrielle Yale-Soulière.

« C’est possible que certaines populations ne soient juste pas au courant parce que [la psychoéducation] est moins connue ailleurs dans le monde. Ce n’est pas un terme employé à la télévision. »

– Gabrielle Yale-Soulière, psychoéducatrice et chargée de cours à l’Université de Montréal

Pourtant, la psychoéducation permet d’intervenir auprès de personnes souffrant notamment d’anxiété, d’agressivité ou de troubles du comportement. « Si vous avez une difficulté d’adaptation, ce qui est souvent le cas en pandémie parce qu’on a de la misère à s’adapter à notre nouvelle réalité, on est là pour vous accompagner », souligne Gabrielle Yale-Soulière.

Les psychoéducateurs ne travaillent pas seulement dans les écoles, précise Amélie Meeschaert. « Il y en a même dans certains CHSLD, dit-elle. Ça touche toutes les clientèles, que ce soit l’enfance, l’adolescence, l’âge adulte ou les aînés. » L’ensemble de la population gagnerait sans doute à ce que la psychoéducation devienne un service non taxable, fait valoir la psychoéducatrice.

Au moment d’écrire ces lignes, nous n’avions pas reçu de réponse du cabinet du ministre des Finances, Eric Girard, à la suite de notre demande d’entrevue à ce sujet.

Forte demande liée à l’anxiété

Selon Gabrielle Yale-Soulière, il y a actuellement une forte demande pour les problèmes d’anxiété sociale, d’anxiété généralisée ou d’anxiété de performance.

Mme Yale-Soulière dit recevoir plusieurs demandes pour prendre en charge des crises de panique chez les jeunes.

« Ils doivent retourner à l’école après de longues absences et recommencer à prendre l’autobus. Je vais vraiment venir les accompagner là-dedans et leur montrer, à chaque étape de la crise de panique, comment on fait pour passer par-dessus. »

– Gabrielle Yale-Soulière, psychoéducatrice et chargée de cours à l’Université de Montréal

Amélie Meeschaert reçoit plusieurs demandes des parents concernant la gestion du comportement des enfants. Le télétravail et les contraintes financières liées à la pandémie viennent accentuer les problèmes familiaux, note-t-elle.

Alors que se déroule la Semaine nationale de prévention du suicide, la psychoéducation peut aussi jouer un rôle sur ce plan, souligne Gabrielle Yale-Soulière. Comme avec le programme BLUES, qui intervient auprès des personnes de 12 à 18 ans. « Le suicide arrive souvent après une dépression, dit-elle. Si on intervient lorsqu’ils sont jeunes en prévention et qu’ils ont des symptômes dépressifs, on peut agir pour prévenir le suicide. »

Lisez la lettre signée par 69 acteurs en psychoéducation

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