Le Québec en rattrapage

Les entreprises de pêche et de l’aquaculture du Québec exportent plus de 80 % de leurs produits à l’étranger. La concurrence est toutefois féroce et la province accuse un retard technologique par rapport à ce qui se passe ailleurs au Canada et dans le monde. Pour rester dans la course, le secteur doit amorcer rapidement un virage innovation, et c’est justement le mandat de Merinov.

Créé en 2010, Merinov est le plus important centre intégré de recherche appliquée dans les domaines de la pêche, de l’aquaculture et de la transformation des produits marins au Canada. « Nous sommes une organisation à but non lucratif [OBNL] et nos revenus proviennent en partie du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et et de l’Alimentation [MAPAQ], de projets financés par des programmes provinciaux et fédéraux, mais aussi de la vente de services technologiques à des clients », affirme David Courtemanche, directeur général de Merinov.

De la recherche terrain

Ses clients ? Des entreprises du secteur qui veulent régler des problèmes réels. Entre 150 et 160 projets sont réalisés chaque année grâce à une centaine d’employés, dont des ingénieurs mécaniques, des biologistes, des microbiologistes, des biochimistes, etc. Le but : augmenter l’efficience des procédés, réduire l’empreinte environnementale et développer de nouveaux produits ou productions.

« Nous avons près de 80 entreprises et partenaires, et tout ce que nous faisons débouche sur de vraies solutions parce qu’on se concentre sur les enjeux économiques tout autant qu’environnementaux. »

— David Courtemanche, directeur général de Merinov

Des résultats concrets

Les baleines noires s’approchent de plus en plus souvent des côtes en raison du réchauffement climatique. Le patron de migration de plusieurs variétés de poissons a été modifié et les baleines, qui suivent cette nourriture, s’empêtrent plus souvent dans les casiers de pêche. En collaboration avec l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), Merinov travaille sur un projet de technologie de maillons faibles.

« C’est un mammifère qui n’est pas très habile à se sortir des cordages. Il fallait trouver une manière pour que ceux-ci se rompent pour permettre à l’animal de se libérer, mais tout en gardant une certaine solidité pour que le pêcheur ne perde pas son casier en mer en raison des glaces ou lorsqu’il le remonte », explique David Courtemanche.

Solution au gaspillage

L’industrie de la pêche n’est pas à l’abri des pertes. David Courtemanche estime à 40 % la quantité de poissons perdus et qui se retrouvaient jusqu’à récemment dans les sites d’enfouissement. « Il y a une panoplie de raisons qui expliquent ça. Le poisson qui est blessé lorsqu’on le remonte, la manière dont il est placé dans le bateau, la chaîne de froid qui n’a pas été respectée et, surtout, sa durée de vie assez limitée », explique le spécialiste.

Merinov travaille depuis des années sur divers projets de valorisation des coproduits. Des options sont envisagées autant pour les secteurs de l’alimentation animale, de l’alimentation humaine que des applications nutraceutiques, médicales et même des biomatériaux.

« Il y a plusieurs molécules d’intérêt présentes dans le monde marin. Un exemple de biomatériaux est l’utilisation de dérivés de carapaces de crustacés qui pourraient servir à fabriquer des anodes présentes dans les batteries et qui viendraient remplacer le graphite. »

— David Courtemanche, directeur général de Merinov

Développer le secteur des algues

Le secteur des algues est en explosion un peu partout sur la planète, mais le Québec est très en retard. Pour ne pas manquer le bateau du développement de l’aquaculture, Merinov mise sur la création d’un secteur piscicole d’envergure.

« C’est une production difficile et la culture des algues demande des spécifications très précises et une constance pour le domaine pharmaceutique, mais on a un potentiel énorme ici. On a le territoire, l’eau, l’énergie et la main-d’œuvre », selon David Courtemanche. Ce dernier ajoute qu’il faut de la volonté politique si on veut revenir dans la course et combler une partie de la demande pour du poisson de qualité qui est actuellement bien souvent importé.

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