Portraits d’artistes

Nom : Inconnu Alias : Futur Lasor Now Âge : Inconnu

Profil : Artiste en vogue, vous avez sans doute déjà croisé une de ses affiches éparpillées aux quatre coins de la ville. Ce passionné travaille sans arrêt. Coller ses créations est un mode de vie pour lui, une manière d’exister et de s’éloigner d’une petite vie routinière. Pour être capable d’être aussi prolifique, FLN travaille dans le milieu de l’impression et du design, où il a accès au matériel pour imprimer ses propres affiches. Comme un superhéros, il travaille le jour comme un bon citoyen respectable, avant d’enfiler la nuit son costume de Futur Lasor Now.

Style : Sa pièce maîtresse est un portrait du premier ministre Stephen Harper en train de caresser un chat, qui crache des lasers par les yeux. Son identité graphique est aussi symbolisée par des têtes d’oiseau, notamment superposées sur les corps des membres des Beatles sur la célèbre pochette d’Abbey Road.

Rêve : Avec ses dessins d’oiseaux colorés munis d’armes intergalactiques ou ses figures emblématiques comme Barack Obama voire Chewbacca, il souhaite faire réfléchir les gens. Un luxe pour les graffiteurs canadiens. « En Russie, je n’aurais jamais pensé faire ça, j’aurais eu peur de me retrouver en prison. » Ici, il tente d’éviter la police et admet à la blague mener une guerre personnelle contre les employés embauchés pour nettoyer les graffitis. « C’est comme un jeu. Dès que la Ville nettoie, je reviens à la charge. Les gens payés pour enlever ça, ils connaissent très bien mes pièces ! », lance-t-il dans un éclat de rire.

Portraits d’artistes

Nom : Jean Labourdette Alias : Turf One Âge : 39 ans

Profil : Fils d’un artiste, Jean Labourdette raconte être tombé dans l’univers de l’image à la naissance. « J’ai toujours dessiné et je me suis aussi beaucoup inspiré des bandes dessinées », explique l’artiste originaire de France, qui a vécu l’émergence des graffitis à Paris à la fin des années 80.

Style : Cet autodidacte a ensuite commencé à en faire lui-même, d’abord influencé par la culture de la bande dessinée européenne. « Je me suis mis à faire des personnages et je me suis rendu compte que ça faisait réagir les gens. Ça m’a beaucoup motivé », explique l’artiste, qui a commencé à faire des murales sur des façades de magasins dès l’âge de 14 ans. Il s’est installé à Montréal en 2001, avec l’objectif de parfaire son art. Il ne fait plus de graffitis dans les rues, mais est peintre à temps plein depuis une dizaine d’années.

Rêve : Il espère vivre de son art le plus longtemps possible.

Portraits d’artistes

Nom : Nicole Robuchon Alias : Nickie Robinson

Profil : Il y a des gens qui vouent un culte aux chanteurs ou au Canadien de Montréal. Nickie Robinson, elle, tripe sur l’art de rue. Cette quinquagénaire a tout lâché pour se consacrer à ces vedettes de l’ombre. SES vedettes. Elle connaît d’ailleurs les artistes et leur travail sur le bout des doigts, en plus d’être capable de distinguer les tendances ou l’évolution du style d’un artiste comme le ferait un critique musical.

Style : Pour Nickie Robinson, tout a commencé dans les rues de New York il y a quelques années. Une simple boîte de sirop d’érable dessinée sur un poteau pique sa curiosité. Tout à fait par hasard, elle tombe quelques mois plus tard sur la même chose sur un poteau à Montréal. Elle amorce alors quelques recherches sur le sujet et découvre l’œuvre de l’artiste Whatisadam. Mais le véritable coup de foudre aura lieu un peu plus tard, durant une période difficile. « J’étais en peine d’amour, je venais de perdre mon emploi et je n’avais plus de but. Je me suis alors mise à déambuler à Montréal, dans les ruelles du Mile End notamment », raconte Mme Robinson.

Rêve : Nickie Robinson s’est lancée dans une croisade pour démystifier le monde des graffiteurs. « J’étais tannée d’entendre des gens critiquer des graffitis. Je me suis dit : ouvrez-vous les yeux, il y a vraiment des merveilles dans nos ruelles. »

Portraits d’artistes

Nom : Sterling Downey Alias : Sterling Âge : 42 ans

Profil : L’image d’une rock star nous vient en tête en contemplant ce grand gaillard à la longue barbe blanche. Les jeunes, admiratifs, tournent autour de lui lors d’une soirée réunissant des graffiteurs. Le parcours de cet homme est pour le moins atypique. Ce graffiteur de la première heure au Québec a fondé il y a 20 ans Under Pressure, le plus vieux festival d’art urbain en Amérique, avant d’être élu en 2013 conseiller municipal de Verdun pour Projet Montréal. Ce natif de Verdun avait 12, 13 ans lorsqu’il a commencé à voler la peinture de son père pour décorer le quartier. Orange fluo et bleu marine, se souvient celui qui signait candidement avec sa véritable identité. Il a découvert les graffitis à travers les magazines de skateboard provenant de Venice Beach. En 1999, il a fondé un magazine spécialisé, qui allait être publié jusqu’en 2008. Au cours de sa carrière, il a côtoyé les graffiteurs de partout dans le monde, dont Banksy.

Style : Comme pionnier, Sterling a surtout contribué à démystifier l’univers des graffiteurs. En partie grâce à lui, la cote de crédibilité des graffiteurs a aujourd’hui augmenté. Les gens sont plus aptes à distinguer l’art du vandalisme.

Projet : Comme conseiller municipal, il défend aujourd’hui les gens de son quartier, mais aussi les droits des artistes de la rue, une cause qui lui tient à cœur depuis 20 ans. Il est d’ailleurs consulté régulièrement sur le sujet par des élus tous azimuts, avec qui il partage son expertise.

Portraits d’artistes

Nom : Benjamin Tran Alias : Monstr Âge : 24 ans

Profil : Cet artiste franco-canadien diplômé en art à Paris et originaire de la Haute-Savoie s’est installé à Montréal il y a trois ans pour se consacrer à la peinture. Il aime la petite taille du milieu montréalais, presque une famille. Il est d’avis que l’engouement populaire pour le street art lui fait perdre un peu de son charme.

Style : Dans la bio sur son site internet lemonstr.com, l’artiste raconte s’intéresser aux espaces où se rencontrent des personnages et petits objets de son quotidien. La rue est au centre de son inspiration et ses œuvres, dont plusieurs murales, racontent souvent de petites histoires dans des lieux où la lune est un croissant dans un ciel étoilé.

Rêve : Il espère vivre de la peinture le plus longtemps possible.

Portraits d’artistes

Nom : Inconnu Alias : Jest Âge : 20 ans

Profil : Le jeune artiste se passionnait pour les graffitis depuis toujours, avant de commencer à en faire lui-même, à l’âge de 17 ans. « J’aime l’aspect illégal et l’adrénaline que ça me procure. Je trouve parfois difficile d’être underground et de faire des contrats de murales. Comme si j’avais un portfolio légal et illégal », explique-t-il.

Style : Jest dessine surtout des cartoons un peu psychédéliques. Son vaste terrain de jeu s’étend dans Rosemont, Hochelaga-Maisonneuve et le Mile End. « Pour moi, les graffitis sont une façon d’embellir la ville. Il faut cesser d’associer tags et graffitis. »

Rêve : Il aimerait parcourir le monde et avoir la chance de s’inspirer de toutes les formes d’art.

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