Réchauffement climatique

L’année 2023 frôle la barre des 1,5 °C

Les températures mondiales continuent d’écraser les records : après un été inédit et un mois de septembre qui « dépasse l’entendement », 2023 est désormais l’année la plus chaude jamais mesurée sur les neuf premiers mois, s’approchant d’une anomalie de 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle.

Un avertissement funeste à deux mois de la COP28, à Dubaï, lors de laquelle le sort des énergies fossiles, premier responsable du réchauffement, opposera encore pays producteurs et ceux qui souhaitent fixer une date pour la sortie du pétrole, du gaz et du charbon.

De janvier à septembre, « la température moyenne mondiale est 1,40 °C au-dessus de la moyenne préindustrielle (1850-1900) », avant l’effet sur le climat des émissions de gaz à effet de serre de l’humanité, a annoncé jeudi le service sur le changement climatique (C3S) de l’observatoire européen Copernicus.

Et cette moyenne, déjà plus élevée de 0,05 °C que pour l’année record de 2016, pourrait encore augmenter sur les trois derniers mois de l’année, compte tenu de la montée en puissance d’El Niño. Ce phénomène météorologique cyclique au-dessus du Pacifique, synonyme de réchauffement supplémentaire, culmine en général autour de la période de Noël.

« Il n’est pas acquis que 2023 atteindra 1,5 °C. Mais nous en sommes assez proches », a déclaré Carlo Buontempo, directeur du C3S.

Atteindre cette barre symbolique ne signifierait pas pour autant que la limite la plus ambitieuse de l’accord de Paris ait été atteinte, car ce dernier se réfère à l’évolution du climat sur plusieurs années.

Le GIEC, rassemblant les experts climat mandatés par les Nations unies, prévoit que le seuil de 1,5 °C sera atteint dès les années 2030-2035 (contre 1,2 °C de moyenne ces dernières années).

L’Organisation météorologique mondiale a estimé au printemps que la barre serait franchie pour la première fois sur une année entière seulement au cours des cinq prochaines années.

Anomalies sur tous les continents

En attendant, « septembre 2023 a été le mois de septembre le plus chaud jamais enregistré au niveau mondial », poursuivant une série de records mensuels mondiaux entamée en juin. Juillet 2023 détient le record absolu, tous mois confondus.

Avec une température moyenne de 16,38 °C à la surface du globe, le mois écoulé dépasse le record de septembre 2020 avec une marge « extraordinaire » de 0,5 °C, a indiqué jeudi Copernicus.

Septembre 2023 est ainsi « 1,75 °C plus chaud que  la moyenne d’un mois de septembre sur la période 1850-1900 », a ajouté Copernicus.

Alors que les variations des températures mondiales se mesurent en général en quelques dixièmes de degrés, septembre 2023 est 0,9 °C au-dessus de la moyenne de septembre sur la période 1991-2020, soit « la plus forte anomalie mensuelle » jamais mesurée par Copernicus, dont la base de données complète remonte à 1940.

Tous les continents ont été concernés par des anomalies hors du commun. En Europe, septembre 2023 a établi un nouveau record continental pour le premier mois de l’automne météorologique ; il a fait plus de 35 °C en France jusque début octobre.

Dans le même mois, des pluies torrentielles de la tempête Daniel, probablement aggravées par le changement climatique, selon des études préliminaires, ont dévasté le nord-est de la Libye et la Grèce.

Le sud du Brésil et du Chili a aussi connu le déluge en septembre tandis que l’Amazonie est actuellement frappée par une sécheresse extrême, qui affecte plus de 500 000 habitants.

Et les pôles perdent en glace : la banquise de l’Antarctique se maintient à un niveau bas record pour la saison, tandis que la banquise arctique est 18 % en dessous de la moyenne, selon le C3S.

« Nous venons de vivre le mois de septembre le plus incroyable du point de vue climatique. Cela dépasse l’entendement. »

— Carlo Buontempo, directeur du service sur le changement climatique de l’observatoire européen Copernicus

« Ce type d’évènement est conforme aux prévisions faites au cours des deux dernières décennies », a déclaré Doug McNeall, climatologue au Centre Hadley du Met Office britannique.

« Il est choquant de voir ces records battus et l’impact que cela a sur la vie des gens et les écosystèmes », a-t-il déclaré à l’AFP.

La surchauffe des mers du globe, qui absorbent 90 % de la chaleur en excès provoquée par l’activité humaine depuis l’ère industrielle, joue un rôle majeur dans ces observations.

Pour le système de mesure de Copernicus, la température moyenne des mers a atteint 20,92 °C en septembre, nouveau record mensuel et 2mesure la plus élevée derrière août 2023.

Accord dans l’UE pour éliminer les gaz fluorés d’ici 2050

L’Union européenne (UE) a conclu un accord jeudi pour progressivement interdire la vente d’équipements contenant des gaz fluorés, notamment des hydrofluorocarbures (HFC), au puissant effet de serre, afin de les éliminer complètement d’ici 2050. Les gaz fluorés, présents dans les réfrigérateurs et les climatiseurs ainsi que dans les équipements électriques ou utilisés comme agents gonflants dans des mousses, avaient remplacé à partir des années 1990 les CFC (chlorofluorocarbures), principaux responsables de la destruction de la couche d’ozone. Mais avec un effet désastreux pour le climat : leur potentiel de réchauffement est pour certains jusqu’à 25 000 fois supérieur à celui du CO2. Un accord mondial (le protocole de Montréal) vise depuis leur élimination progressive.

— Agence France-Presse

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