CrossFit

Un fondateur mystérieux et charismatique

CARSON, Californie — Le fondateur du CrossFit, Greg Glassman, était-il présent lors des Jeux mondiaux qui se sont terminés dimanche à Carson, en Californie ? Certains assurent l’avoir vu. Mais l’homme, unique propriétaire d’une entreprise évaluée à plusieurs centaines de millions de dollars, qui se fait reconnaître par son éternelle tenue jeans-t-shirt-casquette, n’a fait aucune apparition publique durant l’événement.

Depuis qu’il a fondé le CrossFit, au début des années 2000, Glassman, 58 ans, n’a cessé d’étendre son influence sur le milieu de la mise en forme. Plus de 10 000 gymnases CrossFit existent aujourd’hui dans le monde, ce qui en fait la chaîne d’entraînement la plus importante de l’histoire. Et la croissance se poursuit.

Père de six enfants, bientôt sept, Glassman dirige seul cette entreprise depuis qu’il en a racheté la moitié à son ex-femme en 2012 pour 16 millions. L’entreprise n’a aucun conseil d’administration.

Avec sa casquette toujours vissée à l’envers sur sa tête, sa petite bedaine et sa démarche claudicante, Glassman n’a pas du tout le physique d’un athlète. Pourtant, ses enseignements sont suivis religieusement par des milliers d’adeptes de CrossFit dans le monde.

Dans un fascinant reportage diffusé en mai dernier, la journaliste Sharyn Alfonsi, de l’émission 60 minutes, permet une rare incursion dans le monde de Glassman. 

UN ANCIEN GYMNASTE

Glassman était un gymnaste lorsqu’il était au secondaire. Une blessure subie durant la pratique de cette discipline fait qu’il boite maintenant.

Passionné d’exercice, Glassman entraînait des policiers dans la région de Santa Cruz au début des années 2000 quand il a créé le CrossFit en réunissant des mouvements d’haltérophilie, de gymnastique et d’athlétisme.

Dans son reportage, la journaliste lui fait remarquer que ces trois disciplines sportives existaient auparavant et qu’il n’a donc rien inventé. « Qu’avez-vous inventé, alors ? », demande-t-elle à Glassman. Ce dernier répond du tac au tac : « J’ai inventé le fait que de faire des exercices de biceps ou de soulever la jambe latéralement en mangeant des bretzels, c’est stupide. »

Quand Alfonsi lui demande si tout ce qui a été fait jusqu’à maintenant dans le monde de l’entraînement est mauvais, Glassman est cinglant : oui.

Cette année, plus de 45 000 spectateurs se sont déplacés pour assister aux Jeux mondiaux de CrossFit. Mais selon Glassman, c’est surtout avec les formations, obligatoires pour quiconque souhaite ouvrir un gymnase CrossFit, que l’entreprise fait de l’argent.

Toute personne voulant ouvrir une boîte de CrossFit doit payer environ 3000 $ pour suivre une formation de deux jours. Aux critiques qui font remarquer que c’est peu, Glassman répond que c’est déjà beaucoup plus que n’importe quel autre gym, où la seule exigence pour pouvoir ouvrir est d’avoir de l’argent.

PROTÉGER SON NOM

CrossFit est également très présent sur l’internet et les médias sociaux. L’entreprise produit ses propres vidéos, vues par des milliers d’internautes dans le monde. Tout est gratuit. Comment l’entreprise arrive-t-elle ? « On n’y croyait pas. Mais depuis qu’on le fait, on n’a jamais fait autant d’argent. Donc ça fonctionne », dit-il simplement dans le reportage de 60 minutes.

Le directeur technique des Jeux mondiaux, Dave Castro, est celui qui crée les épreuves et organise les formations de CrossFit. Que fait Glassman, alors ? Il s’occupe de protéger la marque. Il a mené plus de 50 poursuites ces dernières années pour protéger sa marque de commerce, CrossFit, mais également ses dérivés dont il a la propriété, comme « le plus en forme de la planète ». Il a poursuivi des boîtes qui s’identifiaient illégalement comme étant des gymnases de CrossFit et est aussi impliqué dans une poursuite importante contre les auteurs d’une étude disant que le CrossFit est dangereux.

Questionné au sujet des dangers de son sport, Glassman répond : « Si tu as peur du danger, reste dans ta chaise et tu seras comme les centaines de milliers de personnes qui meurent chaque année parce qu’elles n’ont rien fait. »

Peu présent dans les médias, Glassman laisse plutôt Castro affronter les journalistes. Lors d’une conférence de presse cette semaine, ce dernier a donné une petite idée de ce que souhaite accomplir CrossFit. Castro a expliqué que le sport croît rapidement en Amérique du Sud et en Asie. Assurément, le sport veut s’imposer à l’échelle internationale. 

« Mais on ne veut pas forcer les choses, a expliqué Castro. Nous voulons laisser le sport croître naturellement. C’est-à-dire en laissant s’ouvrir des gymnases dans les communautés au rythme où la population le veut. Une fois installés, les athlètes se développent et viendront un jour participer aux Jeux mondiaux. »

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