COMMANDITÉ
Regard vers le passé

La petite histoire du miroir

Il fut un temps, très lointain, où l’homme ne pouvait compter que sur le reflet de l’eau pour contempler sa propre image. Dans la mythologie grecque, on raconte que Narcisse, fils de la nymphe Liriope et du dieu fleuve Céphise, est tombé amoureux de lui-même en voyant son reflet dans un bassin.

Origines volcaniques

L’ancêtre du miroir aurait fait son apparition vers 6 000 avant Jésus-Christ. Les exemples trouvés par les archéologues proviennent de l’Anatolie, aujourd’hui devenue la Turquie. Ils sont réalisés à partir de morceaux d’obsidienne polie, une roche volcanique sombre ayant l’apparence du verre.

Strictement féminin

Dans la Grèce antique, les miroirs deviennent objet de convoitise chez les femmes. Faits de métal — bronze, cuivre, argent, or ou étain —, ils sont protégés par un couvercle ou une étoffe pour limiter les éraflures et l’oxydation. Jamais plus grands qu’une petite assiette, ils sont rares et précieux, puisqu’ils permettent de refléter les éléments phares de la beauté de la femme : le visage et les cheveux. Toutefois, ces miroirs métalliques ne produisent qu’une faible réflexion et ont tendance à se ternir au fil du temps.

Les balbutiements du miroir de verre

Le Moyen-Âge voit naître le miroir de verre, mais la technique est loin d’être au point. Le plus souvent bombé, il renvoie une image déformée et panoramique du sujet.

Le miroir au mercure : une innovation vénitienne

Au milieu du XVIe siècle, des verriers de l’île de Murano, à Venise, ont la brillante idée de revêtir une plaque de verre d’un alliage de mercure et d’étain. Cette innovation technique majeure vient révolutionner l’industrie. Enfin, fini l’aspect vitreux et sale du miroir ! D’une pureté exceptionnelle, celui-ci reste toutefois encore petit, car il est fabriqué à partir d’un cylindre de verre soufflé fendu et aplati sur une pierre. Pendant longtemps, l’Italie conserve l’exclusivité de la fabrication du miroir et exporte des œuvres dans le reste de l’Europe.

Malgré leur grand succès, les maîtres verriers ne mènent pas une vie facile. En plus d’être menacés de mort par la police en cas de divulgation de leur secret de fabrication, ils pratiquent un métier présentant des dangers importants pour la santé. En effet, un artisan miroitier soumis aux vapeurs nocives du mercure dépasse rarement l’âge de 30 ans. Le procédé est interdit à partir de 1850, avec la découverte de la technique moderne de l’argenterie.

Miroir de Marie de Médicis

Le miroir le plus célèbre, réalisé par un artisan miroitier vénitien, est aujourd’hui exposé au musée du Louvre.

Prisés par la royauté, les premiers miroirs vénitiens valent à peu près autant qu’un navire.

Influence artistique

L’évolution du miroir coïncide avec l’essor du portrait et de l’autoportrait durant la Renaissance. Le miroir devient un instrument d’observation pour les artistes, dans leur recherche d’une fidèle représentation d’eux-mêmes et de leurs sujets.

De plus en plus grand

Sous le règne de Louis XIII, la France impose tranquillement son savoir-faire. Au fil du temps, les méthodes de fabrication du miroir se perfectionnent, permettant ainsi d’obtenir des surfaces de plus en plus grandes. Le miroir fait alors partie intégrante du décor. Les formes et les encadrements s’adaptent au style de l’ensemble de la décoration… un peu comme aujourd’hui !

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