L’édito vous répond

Trois ceintures de sécurité en même temps

« Selon ma compréhension, le passeport vaccinal n’est pas obligatoire pour toutes les destinations. Il semble que, par exemple, la République dominicaine ne l’exige pas. Est-ce vrai ? » — Louise

Vous sentez cet appel du Sud ? Avec le temps frais qui souffle, avec la levée des restrictions de voyages non essentiels par le gouvernement canadien, bien des voyageurs qui ont passé le dernier hiver à la maison commencent à avoir des fourmis dans les jambes.

Mais quelles sont les règles, au juste ? Ne mélangeons pas les choses.

Tout d’abord, sachez que le passeport vaccinal – la preuve canadienne, offerte sur le portail libre-service du Québec – est nécessaire pour monter à bord d’un avion, d’un train ou d’un navire en partance du Canada depuis la fin du mois d’octobre, pour tous les voyageurs de 12 ans et plus. L’exigence s’applique autant pour les vols intérieurs que pour ceux qui décollent pour l’étranger.

Pour donner une dernière chance aux voyageurs de se faire vacciner, une période de grâce est accordée jusqu’au 30 novembre. Durant cette période de transition, il demeure possible de présenter un test moléculaire (PCR) négatif réalisé dans les 72 heures précédant le voyage, à la place d’une preuve de vaccination.

Par ailleurs, certains pays exigent un test PCR négatif pour laisser entrer les voyageurs qui arrivent par avion, qu’ils soient vaccinés ou non. C’est le cas du Canada, des États-Unis, de l’Italie, de la Chine, de l’Australie ou encore du Japon. Parmi les destinations soleil, les îles Turks et Caicos, Porto Rico et la Barbade tombent aussi dans cette catégorie.

Par contre, de nombreux pays ont laissé tomber cette exigence. À quoi bon, en effet, si les voyageurs sont entièrement vaccinés ? La République dominicaine est dans ce groupe, tout comme le Mexique, Cuba, la France, la Suisse, l’Espagne, l’Allemagne et le Royaume-Uni, pour n’en nommer que quelques-uns.

Mais comme les règles peuvent changer sans préavis, Louise, vous devriez valider l’information avant de partir.

N’oubliez pas : vous devez absolument utiliser l’application ArriveCAN pour entrer au Canada.

Ah oui, et comme si tout cela n’était pas assez, le Canada impose aussi des tests aléatoires lorsque les voyageurs arrivent à la douane. Même si vous êtes adéquatement vacciné. Et même si vous présentez un test négatif réalisé quelques heures auparavant. C’est comme si vous aviez trois ceintures de sécurité en même temps !

Il est temps de revoir tout cela, comme nous l’avons déjà plaidé.

La télédiffusion des élections municipales

« Votre éditorial sur le choix à faire entre la soirée électorale et le gala de l’ADISQ est pertinent. Mais ce qui nous a désolés davantage, mon conjoint et moi, est le fait que nous ayons à payer des frais additionnels pour syntoniser soit RDI, soit LCN pour suivre les élections. »

— Johanne Cloutier

Mme Cloutier, le faible taux de participation aux élections municipales (38,7 % dans l’ensemble du Québec) nous force à nous poser ce genre de question. Contrairement aux élections provinciales ou fédérales, ni Radio-Canada ni TVA n’interrompent leur programmation habituelle pour présenter des émissions spéciales lors des élections municipales. La nouvelle chaîne Noovo ne l’a pas fait non plus.

S’il n’y avait pas eu de gala de l’ADISQ, c’est donc Tout le monde en parle qui aurait été diffusé à la télé de Radio-Canada pendant qu’on dépouillait les votes dans l’ensemble du Québec. Sur les ondes de TVA, au moment où on se demandait qui, de Marie-Josée Savard ou de Bruno Marchand, allait rafler la mairie de Québec, c’est Révolution et L’île de l’amour qui étaient diffusés. À Noovo, c’était Occupation double.

Cela soulève clairement des questions.

Cela dit, il faut comprendre que les élections municipales ont une particularité. Contrairement aux scrutins provinciaux et fédéraux, ce ne sont pas tous les Québécois qui sont concernés par les mêmes courses. À Gaspé, par exemple, le maire Daniel Côté avait été réélu sans opposition avant même les élections. Des élections par acclamation ont ainsi eu lieu dans 540 municipalités québécoises. Certains de ces citoyens n’ont peut-être pas envie de voir les ondes monopolisées par des élections qui ne les concernent pas directement (même si plusieurs autres sont sans doute intéressés de savoir ce qui se passe ailleurs !).

À l’inverse, les citoyens de Montréal et Québec, par exemple, où des courses serrées s’annonçaient, ne pouvaient effectivement pas suivre les résultats à la télévision sans être abonnés à RDI ou à LCN.

Marc Pichette, premier directeur, promotion et relations publiques, à Radio-Canada, souligne qu’à la radio, sur ICI Première, pas moins de sept soirées électorales différentes étaient offertes aux citoyens selon les régions. Tous les résultats étaient aussi disponibles sur le site web de Radio-Canada par municipalités et même par secteurs ou arrondissements.

« C’est l’approche qui répond le mieux à une élection qui, par sa nature même, varie selon que l’on habite à Québec, Montréal, Matane, Gatineau ou Saint-Augustin-de-Desmaures », dit-il.

Un débrouillage de RDI et de LCN aurait-il dû être néanmoins offert ? Cela avait été fait au début de la pandémie pour « faciliter la circulation de l’information, cruciale et essentielle ». Compte tenu de l’importance des élections municipales et du fait qu’elles ne surviennent que tous les quatre ans, cette idée apparaît à la fois pertinente et raisonnable. Elle pourrait contribuer à contrer l’indifférence croissante qui entoure cet évènement et renforcer la démocratie.

On a quatre ans pour rectifier le tir.

L’édito vous répond

Poursuivre celui qui vous a infecté ?

« Dans le cas où je serais contaminée lors d’une hospitalisation ou d’une consultation avec un professionnel de la santé non vacciné, serait-il possible de poursuivre cette personne ou le milieu où elle travaille, surtout si des conséquences graves en découlent ? » — Marcelle Binette

Rappelons que le gouvernement a renoncé à forcer les employés du réseau de la santé à se faire vacciner. Il en reste donc quelques milliers, dans le réseau, qui sont en contact direct avec des patients.

Votre question est par conséquent très pertinente.

Il est toutefois important de préciser d’entrée de jeu que la question de la disparition de l’exigence de la vaccination obligatoire change la donne.

« Avec les normes en vigueur actuellement, un établissement ne peut pas être considéré comme étant fautif du simple fait qu’il a laissé travailler une personne non vaccinée », explique Patrick Martin-Ménard, avocat spécialisé en droit de la santé.

Par contre, les établissements ont toujours l’obligation de mettre en place des mesures pour assurer la sécurité des usagers.

Des mesures de prévention et de contrôle des infections efficaces, par exemple.

Y compris un protocole en matière de dépistage des employés atteints de la COVID-19.

Québec a précisé que les travailleurs du milieu de la santé qui ne sont pas vaccinés devront continuer de subir trois tests de dépistage par semaine pour limiter les risques d’infection liés à leur refus.

Alors que se passerait-il si un patient contractait la COVID-19 à la suite du contact avec un professionnel de la santé non vacciné et infecté ?

« Il faut prouver que l’établissement a commis une faute, une contravention aux règles de l’art, souligne Patrick Martin-Ménard. Et il faut aussi prouver que c’est cette faute-là qui a causé le dommage que la personne a subi. »

Et ce ne serait pas une mince affaire, prévient pour sa part la directrice des programmes de droit et politiques de la santé à l’Université de Sherbrooke, Mélanie Bourassa Forcier.

« Le plus difficile dans un cas comme ça est de prouver la causalité, renchérit la professeure titulaire. Ça peut être très difficile de montrer que la personne n’a pas attrapé la COVID-19 ailleurs. »

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