politique

Des nouvelles des caucus présessionnels des partis à l’approche de la rentrée parlementaire québécoise

Sondage présenté au caucus de la CAQ

Le PLQ et le PQ au plus bas, Duhaime monte

Québec — La Coalition avenir Québec (CAQ) caracole toujours en tête dans les intentions de vote, alors que le Parti conservateur d’Éric Duhaime est maintenant à égalité avec le Parti québécois (PQ) dans l’ensemble de l’électorat et a le même niveau d’appuis que le Parti libéral (PLQ) chez les francophones, selon un sondage présenté à huis clos aux députés caquistes mercredi. Québec solidaire (QS) tire son épingle du jeu à travers ces mouvements de l’opinion publique.

Ce coup de sonde, que La Presse a obtenu, a été réalisé par Synopsis Recherche Marketing, la même firme que le gouvernement avait retenue récemment pour estimer le taux de vaccination chez les enseignants.

Réalisée auprès de 1500 Québécois du 27 au 30 août, cette enquête a fait l’objet d’une présentation lors du premier jour d’une réunion du caucus caquiste pour préparer la rentrée de l’Assemblée nationale, le 14 septembre.

À un an des élections générales, et malgré 18 mois de pandémie, la CAQ domine largement la compétition. Après répartition des indécis (11 %), la CAQ récolte 49 % des intentions de vote, 33 points de plus que son principal concurrent, le Parti libéral. Ce dernier amasse 16 %, ce qui représente un creux historique si l’on compare avec les résultats d’autres sondages récents. Québec solidaire le suit de près à 14 %.

Les nouvelles sont très mauvaises pour le Parti québécois, qui obtient le même résultat que le Parti conservateur : 9 %. La firme Léger chiffrait à 6 % les intentions de vote de la formation d’Éric Duhaime en mai.

Chez les francophones, les constats sont tout aussi intéressants. La CAQ se retrouve à 53 %, mais c’est Québec solidaire qui arrive en deuxième place (16 %). Le PQ amasse 11 %. À 9 %, le score du Parti libéral est particulièrement faible. Le Parti conservateur obtient exactement le même niveau d’appuis.

Un appui stable pour la CAQ et QS

« L’appui à la CAQ, qui est énorme, n’a pas vraiment bougé dernièrement. Les partis qui vont mal, ce sont ceux qui, traditionnellement, sont dans l’axe fédéraliste-souverainiste », soit le Parti libéral et le Parti québécois, résume le président de Synopsis, Youri Rivest.

La CAQ est principalement dominante chez les 55 ans et plus, qui l’appuient à hauteur de 64 %. Sa cote est plus faible chez les 18-34 ans (30 %), qui optent pour Québec solidaire dans une proportion de 29 %.

Sur l’île de Montréal, la CAQ est en première place avec 36 % des intentions de vote, contre 26 % pour les libéraux et 19 % pour Québec solidaire.

De son côté, le Parti conservateur marque des points en particulier chez les hommes (12 %), les 35-54 ans (14 %) et dans la région de Québec, où il est deuxième, à 20 %, contre 49 % pour la CAQ et 14 % pour Québec solidaire.

« Il faut poser un regard sérieux sur le Parti conservateur. »

— Youri Rivest, président de Synopsis

Il ajoute que « Québec solidaire tire bien son épingle du jeu », étant le seul parti de l’opposition à maintenir, ou à peu près, le niveau d’appuis qu’il avait eu lors des élections générales de 2018. On constate ainsi que les deux extrêmes du spectre politique québécois parviennent à se tailler une place dans l’électorat.

Le taux de satisfaction à l’égard du gouvernement est encore très fort. Ainsi 67 % des répondants se disent assez satisfaits (45 %) ou très satisfaits (22 %) de son travail. Les 18-34 ans sont les plus mécontents, alors que 41 % d’entre eux déclarent être insatisfaits du gouvernement.

Les 1500 répondants ont été recrutés par l’entremise de panels en ligne, et les questionnaires ont également été remplis sur le web. Les données ont été pondérées sur la base de l’âge, du sexe, de la région et de la langue maternelle afin de représenter la population adulte québécoise.

Les députés caquistes se retrouvent en présentiel

Pour la première fois depuis le début de la pandémie, le premier ministre François Legault réunit pendant trois jours tous ses députés en personne dans une même salle pour préparer la rentrée. Le passeport vaccinal est requis pour tous.

« C’est beau, les Teams, les Zoom et tout ce que tu voudras, mais ce n’est pas pareil », a lancé M. Legault à ses députés, quelques jours après que son gouvernement eut reporté le retour au bureau des fonctionnaires et recommandé aux entreprises privées de faire de même. Tous les députés caquistes – comme tous les élus de l’Assemblée nationale, d’ailleurs – ont reçu leurs deux doses du vaccin.

Le député de Rivière-du-Loup, Denis Tardif, et la ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais, sont absents de la réunion pour des raisons de santé, tout comme la ministre des Relations internationales et de l’Immigration, Nadine Girault, qui a annoncé un arrêt temporaire de ses activités à cause d’une blessure au dos. Le ministre et leader parlementaire Simon Jolin-Barrette n’est pas présent non plus, car sa conjointe vient de donner naissance à leur deuxième enfant.

Élections provinciales de 2022

Les députés libéraux ne pourront pas changer de circonscription

Orford — Aucun député ne pourra changer de circonscription en vue des élections générales de 2022, tranche la cheffe libérale Dominique Anglade pour faire taire les rumeurs au sujet d’élus de son parti qui voudraient se réfugier en territoire plus sûr.

Dans les rangs du Parti libéral du Québec, des députés ont relayé sous le couvert de l’anonymat une rumeur persistante selon laquelle leur collègue Marie Montpetit (Maurice-Richard) souhaiterait se présenter dans la circonscription voisine de l’Acadie. Cette dernière est occupée par Christine St-Pierre, dont le départ est fort probable à la fin du mandat.

Isabelle Melançon (Verdun) serait également tentée de se réfugier dans une autre circonscription, toujours selon des échanges entre élus libéraux.

Marie Montpetit et Isabelle Melançon ont toutes deux affirmé à La Presse qu’elles avaient l’intention de briguer à nouveau les suffrages dans leur circonscription. Elles se disent étonnées qu’une telle rumeur circule à leur sujet au sein du caucus de leur parti.

Les circonscriptions montréalaises de Maurice-Richard et de Verdun ont un point commun : elles pourraient basculer du côté de la Coalition avenir Québec, selon les plus récentes projections de Philippe J. Fournier de Qc125, qui se basent sur les sondages et les tendances électorales des dernières décennies.

Suspense quant à l'avenir de vétérans du PLQ

Pendant ce temps, des bastions libéraux de Montréal pourraient bien se libérer avec le départ probable de vétérans. La députée Lise Thériault a annoncé la semaine dernière qu’elle ne solliciterait pas de nouveau mandat en 2022. Dominique Anglade avait d’ailleurs demandé à ses députés de lui indiquer cet été s’ils seraient de la prochaine course électorale.

Elle a affirmé mercredi devant les journalistes savoir maintenant « où ses députés logent » et ce qu’ils « ont l’intention de faire », sans autres détails.

L’ex-ministre Gaétan Barrette a exprimé mercredi « le souhait profond » de revenir au ministère de la Santé si les libéraux reprennent le pouvoir en 2022, mais il a, du même souffle, dit ne pas avoir encore décidé s’il solliciterait un nouveau mandat.

À son souhait, la cheffe a répondu en mêlée de presse : « Nous avons une excellente porte-parole qui s’appelle Marie Montpetit à la Santé. »

Kathleen Weil a confirmé être en réflexion. Christine St-Pierre, Nicole Ménard, Hélène David et Carlos Leitão ont laissé planer le suspense. Pierre Arcand, qui préside le caucus libéral, a, pour sa part, dit « ne pas être très avancé dans sa réflexion » quant à son avenir politique. Il dit estimer avoir « encore une bonne utilité » en raison de son expérience.

Bien qu’elle veuille insuffler un vent de changement à sa formation, Mme Anglade a assuré que tous les députés qui souhaitaient « se représenter aur[aie]nt une place » dans les rangs libéraux.

Opérer « un virage »

À une année des élections générales de 2022, la cheffe libérale – couronnée en pleine pandémie – veut d’ailleurs opérer « un virage » et se distancer de ses prédécesseurs.

« On parle d’avenir et je ne suis pas mon prédécesseur. J’amène quelque chose d’autre à ma formation politique. J’amène un leadership qui est assumé sur un certain nombre d’enjeux. Le premier est la place du Québec au sein de la fédération, de défendre les intérêts et les champs de compétence du Québec », a-t-elle insisté lors d’une entrevue en marge du caucus présessionnel, à Orford.

Mardi, elle a pris l’engagement d’offrir à tous les parents québécois une place en service de garde subventionné – à un tarif unique – d’ici cinq ans. Elle a ainsi rompu avec l’approche de l’ancien gouvernement Couillard, qui avait mis de l’avant une réforme de la tarification des services de garde en fonction des revenus des parents, en 2014.

Québec solidaire déposera un projet de loi anti-oléoduc

Sherbrooke — Québec solidaire compte parler d’environnement chaque semaine et « talonner » François Legault à ce sujet, pendant tout l’automne. Le parti de Gabriel Nadeau-Dubois et de Manon Massé déposera d’ailleurs un projet de loi anti-oléoduc dès la rentrée parlementaire, la semaine prochaine.

« L’été qu’on vient de connaître a changé les perceptions. Pendant des années, la crise climatique semblait lointaine. Mais là, on a les deux pieds dedans. Les forêts brûlent, la chaleur est étouffante, il y a du smog, les berges s’érodent », a déclaré M. Nadeau-Dubois, en marge du caucus parlementaire de son parti, qui s’est tenu mercredi et continuera ce jeudi, à Sherbrooke.

L’environnement est un enjeu trop important pour qu’il soit mis « sur pause » pendant la pandémie, a déclaré le co-porte-parole de la formation. « Le virus est là pour rester. Il va falloir apprendre à marcher et mâcher de la gomme en même temps. Cela veut dire lutter contre la pandémie, mais lutter en même temps contre les changements climatiques. »

Manon Massé compte donc recycler un projet de loi visant à interdire l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures au Québec, dès la première semaine à l’Assemblée nationale. Elle met d’ailleurs au défi les élus de la Coalition avenir Québec (CAQ) et leur « sens du devoir » afin qu’ils appuient le projet.

« Ça prend un engagement ferme de François Legault, une fois pour toutes, qui dira que le pétrole et le gaz au Québec, ça ne passe pas. »

— Manon Massé, co-porte-parole de Québec solidaire

Cette loi, si elle est adoptée, empêcherait les initiatives comme celle de GNL Québec, un projet de liquéfaction de gaz naturel qui a été abandonné pendant l’été.

« Le projet n’a pas été abandonné parce que François Legault est avant-gardiste. C’est parce que le peuple s’est mobilisé, les partenaires financiers ont lâché le bateau et le BAPE a donné l’heure juste sur le désastre d’un tel projet », a poursuivi Mme Massé.

À la veille de la rentrée parlementaire, le Parti libéral du Québec et le Parti québécois ont aussi mis de l’avant le thème de l’environnement. Questionné à ce sujet, Gabriel Nadeau-Dubois a rappelé que son parti lutte contre les changements climatiques depuis déjà de nombreuses années.

« Pendant des années, ces deux partis disaient qu’on était des fous, des rêveurs, des radicaux. Et aujourd’hui, à un an des élections, ils vont chercher nos idées pour relancer leurs partis », s’est-il moqué.

Urgence sanitaire

Le PQ accuse le gouvernement d’être grisé par le pouvoir

La Malbaie — Le Parti québécois accuse le gouvernement Legault d’être grisé par le pouvoir et l’exhorte à lui prouver le contraire en mettant fin à l’état d’urgence sanitaire. L’adoption d’une loi serait toutefois requise pour y arriver, avancent les péquistes.

Dans un point de presse de clôture du caucus présessionnel du parti dans la région de Charlevoix, le nouveau chef parlementaire du Parti québécois, Joël Arseneau, a affirmé que la situation épidémiologique au Québec « ne justifie pas que le gouvernement ait les pouvoirs extraordinaires qu’il possède présentement », position dont il avait déjà fait part au cours des dernières semaines.

« On ne peut plus parler d’urgence sanitaire aujourd’hui. On peut parler de la poursuite de nos opérations dans le cadre d’une nouvelle normalité […] qui exige un certain nombre de règles qu’on ne doit plus adopter par décrets, mais par le processus régulier d’adoption de lois. »

— Joël Arseneau, nouveau chef parlementaire du Parti québécois

« La levée de l’état d’urgence sanitaire doit être associée avec l’adoption d’une loi qui va permettre de garder un certain nombre de mesures, un certain temps, pour vivre avec le virus », a finalement précisé M. Arseneau.

Un pouvoir « grisant »

L’état d’urgence sanitaire, renouvelé en vertu de la Loi sur la santé publique, confère des pouvoirs extraordinaires au gouvernement du Québec dans sa gestion de la pandémie de COVID-19. Au printemps dernier, François Legault avait affirmé qu’il allait y mettre fin au cours de l’été, une fois la campagne de vaccination bien avancée.

Or, le premier ministre a changé d’idée au cours de l’été avec l’émergence d’une quatrième vague d’infections au coronavirus en raison du variant Delta. Il a déclaré à la fin d’août que l’urgence sanitaire serait prolongée plus longtemps que prévu.

« Le pouvoir est grisant [et] le gouvernement semble hésiter à laisser aller les pouvoirs extraordinaires que la Loi sur la santé publique lui accorde. »

— Joël Arseneau, nouveau chef parlementaire du Parti québécois

Retour au Salon bleu

En prévision de la reprise des travaux parlementaires la semaine prochaine, le leader du Parti québécois, Martin Ouellet, a affirmé que son parti avait montré lors de son caucus présessionnel « qu’on voulait devenir une force à l’Assemblée nationale ».

À un an des élections, les péquistes ont sept députés au Parlement et un chef qui n’est toujours pas élu. Devant quelques militants réunis dans un bar de La Malbaie, mardi, Paul St-Pierre Plamondon a fait un discours pendant lequel il a rappelé qu’il serait présent sur le terrain au cours des prochains mois afin de parler des thèmes chéris par le parti, à commencer par la protection de l’environnement.

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