meurtre de pina rizzi

Trahi par son ADN

D’origine mexicaine, Jean-Philippe Tremblay est né le 10 mai 1989. Il a été adopté par un couple de la région du Lac-Saint-Jean, en même temps que sa sœur, alors qu’il avait environ 3 ans. Il a été élevé dans une très bonne famille, selon ce qu’on a pu apprendre. De son propre aveu, il ne s’entendait pas bien avec son père, qu’il jugeait trop exigeant à son égard.

Au moment des faits qui nous occupent, en août 2009, Tremblay était dans l’armée et vivait à la base militaire de Saint-Jean-sur-Richelieu. Il a quitté l’armée peu après et est retourné à Alma. Il a eu trois enfants.

S’il s’était tenu tranquille, Tremblay n’aurait peut-être jamais été pris pour le meurtre de Pina Rizzi. La police avait trouvé des empreintes et de l’ADN dans une gomme à mâcher et sur un mégot de cigarette, sur les lieux du crime. Mais elle n’arrivait pas à trouver de concordance dans la banque de données. La situation a changé en 2013. Une concordance a été trouvée avec une empreinte.

Le suspect, Tremblay, avait été arrêté en janvier 2010 pour menace contre sa conjointe. Un test d’ADN a révélé que c’était bien le sien qui avait été prélevé dans le cabanon où le crime avait été commis.

Tremblay a été arrêté en mars 2013, et interrogé pendant plus de neuf heures. Le jury a pu visionner la vidéo de cet interrogatoire, à l’exception d’une partie qui lui a été cachée. Ainsi, il ignore pourquoi Tremblay avait été fiché. Il ignore aussi qu’une autre femme d’Alma a porté plainte à la police contre lui, soutenant qu’il avait tenté de la tuer, en novembre 2009. Tremblay avait soutenu, de son côté, que c’est elle qui l’avait attaqué. La plainte de la femme n’avait pas été retenue.

Du bagout

Lors de son interrogatoire, Tremblay était un véritable moulin à paroles. Il esquivait les questions, sautant du coq à l’âne. Il a nié pendant de longues heures. « Des yeux comme ça, je m’en souviendrais, ça ne s’oublie pas », assurait-il, bien sérieux, en regardant la photo de Pina Rizzi. Il a pourtant fini par reconnaître que c’est bien lui qui l’avait tuée, « sans le vouloir ».

Il a donné différentes versions, a commencé par prétendre que la jolie femme qu’il avait croisée dans la rue, ce matin-là, lui avait fait des avances, qu’elle l’avait entraîné dans le cabanon, et qu’ils avaient commencé à « se faire plaisir ». Il n’arrivait pas à avoir d’érection. Fâchée, elle lui avait lancé : « Mon gros tabarnak, tu vas finir la job », en enlevant son pantalon. Il était sorti du cabanon, elle l’avait relancé. Ça avait dégénéré, il l’avait frappée. Il aurait dû s’arrêter là…

Il prétendait des choses qui ne coïncidaient pas avec ce qu’avait vu le témoin surprise : une caméra du port de Montréal avait filmé de loin ce qui se passait en dehors du cabanon.

L’heure de leur arrivée, leurs mouvements à l’extérieur, tout y était, même si c’était flou. Pina est repartie du cabanon avec Tremblay sur ses talons. Ensuite, Pina était au sol et Tremblay la traînait jusque dans le cabanon. Il était environ 6 h 30 du matin. Elle n’en est plus ressortie. Lui est reparti plus de quatre heures plus tard.

Le cadavre de Pina a été trouvé deux jours plus tard, caché dans un tapis qui avait brûlé en partie.

L’homme qui l’a découvert a d’abord cru qu’il s’agissait de celui d’un enfant. Pina était petite et menue.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.