Négocier, oui... mais comment ?

Bien des emprunteurs vivent avec une certaine angoisse le moment où l’échéance du prêt arrive, ne sachant trop ce que leur prêteur leur dira. Bon nombre également ont le sentiment qu’ils pourraient améliorer les conditions de leur prêt, mais ne savent pas trop s’il est approprié de tenter de le faire. Les experts vous diront que la pire chose serait de ne pas négocier. Conseils.

Les choses sont-elles différentes ?

Pour bien renégocier son prêt hypothécaire, il faut d’abord bien mesurer ce qui a changé depuis la dernière fois qu’il était venu à échéance, explique Enrik Brassard, vice-président adjoint, financement résidentiel, à la Banque Nationale. Surtout si cela date de cinq ans. La famille s’est peut-être agrandie, on a possiblement changé d’emploi, et des gains ou des pertes financières ont pu modifier la donne. « La réponse à ces questions vous permettra de voir si le terme et les conditions de votre prêt hypothécaire sont bien alignés en fonction de vos besoins, ou s’ils devraient être modifiés », dit-il.

Un scénario de hausses ou de baisses de taux

Pour bien se préparer à négocier le nouveau terme du prêt, il faut établir un scénario de l’évolution des taux d’intérêt, suggère Enrik Brassard. « Quel sera l’impact pour vous si les taux montent ou qu’ils baissent, et comment vous y préparer ? », demande-t-il. Une façon de vous préparer à une hausse éventuelle de taux, c’est de vous donner un plan d’épargne systématique qui viendra compenser les coûts lorsque vous serez placé devant cette éventualité.

Voir plus loin que le taux

Il peut être tentant de sauter sur le plus bas taux d’intérêt que l’on se voit offrir. Mais il importe de considérer aussi quelques autres facteurs qui vous aideraient dans votre gestion financière, estime Nicolas Fréchette, directeur, gestion de produits de financement, chez Desjardins. Par exemple, une part importante du marché du prêt hypothécaire est offerte par des institutions financières qui proposent aussi bien d’autres services financiers qui peuvent vous intéresser. Vous pouvez alors vous préparer à négocier non seulement le taux de votre prêt hypothécaire, mais aussi les coûts afférents à l’offre globale de services financiers que vous utilisez.

Les buts ont-ils changé ?

Il sera d’autant plus important de bien vous préparer à renégocier votre prêt hypothécaire si l’objectif que vous aviez au point de départ a changé. Par exemple, votre intention à l’origine lorsque vous avez contracté votre prêt était peut-être d’en faire un investissement à long terme. Mais pour différentes raisons, votre but peut avoir changé et vous comptez revendre la propriété assez rapidement. Faites-en part à votre prêteur, car il y aura probablement lieu de modifier à votre avantage certaines clauses du prêt.

Jouir de l’équité de sa propriété

Parmi les emprunteurs qui pourraient avoir besoin de modifier la structure de leur financement hypothécaire, il y a ceux qui veulent profiter de leur propriété pour financer leur projet de retraite. « Préparez-vous à négocier la chose si cette éventualité vous concerne », suggère Nicolas Fréchette. Il n’y a pas que l’hypothèque inversée, qui s’avère généralement un produit très coûteux, selon lui. Vous pourriez plutôt utiliser une marge hypothécaire à hauteur de 20-30 % de la valeur de l’équité de votre propriété en ne remboursant que les intérêts. Chose certaine, le message est clair : soyez prêt à négocier.

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