La docteure répond

Que faire en début de grossesse ?

Vous avez déjà fait des tests de grossesse dans le passé, mais cette fois-ci, ça y est, les deux petites lignes apparaissent ! Vous êtes envahie par une grande joie, puis par une petite dose de stress. Vous réalisez que vous avez bien des choses à préparer avant d’avoir une bedaine. Que faire maintenant ?

Quatre tests de grossesse positifs sur cinq se solderont par un bébé. Vaut donc mieux s’y préparer ! D’abord, songez au genre de suivi que vous désirez et à l’environnement dans lequel vous préférez accoucher. Les médecins spécialistes en gynéco-obstétrique et les médecins de famille travaillent en hôpital. Une sage-femme pourra par contre vous accompagner dans un accouchement à l’hôpital, en maison de naissance ou à domicile. Peu importe le décor, le risque de complications est comparable pour une grossesse normale. Le choix dépend donc surtout de vos préférences personnelles. Parlez-en avec votre conjoint et vos proches. 

Troquez Stephen King pour des lectures de chevet qui pourraient vous aider à visualiser ce qui s’en vient – par exemple, le guide Mieux vivre avec notre enfant. Contactez votre CLSC, votre hôpital ou votre maison de naissance le plus tôt possible pour connaître les professionnels qui font du suivi de grossesse près de chez vous.

Vous n’aurez peut-être pas votre premier rendez-vous avant la fin du premier trimestre. D’ici là, il est temps de devenir une femme enceinte ! Faites attention à votre alimentation, évitez l’alcool et prenez soin de vous. Vous pouvez poursuivre vos activités physiques normales (sauf peut-être le cours de kitesurf du mardi soir). Il est même bénéfique de rester active au cours d’une grossesse. 

Au fait, quelle est cette granule que prennent toutes les femmes enceintes ? Il s’agit de l’acide folique. Ce supplément est recommandé d’emblée, car il diminue l’incidence de certaines anomalies chez le bébé. Il est par ailleurs difficile d’atteindre la dose quotidienne recommandée dans sa diète (sauf si vous souhaitez vous imposer plusieurs repas de foie de veau chaque jour). Vous trouverez ce supplément en vente libre, seul ou à l’intérieur des vitamines prénatales. Il est préférable de l’entreprendre le plus tôt possible (même avant la conception). Ne vous gênez donc pas pour en discuter avec votre pharmacien avant de rencontrer votre médecin.

Une décision importante

Enfin, avant longtemps, il faudra prendre une décision importante : souhaitez-vous faire le dépistage prénatal des anomalies chromosomiques ? Il s’agit de différents tests qui établiront la probabilité que votre fœtus soit atteint de certaines conditions comme la trisomie 21. Le Programme québécois de dépistage de la trisomie 21 est accessible à toutes. Il consiste en deux prises de sang, dont la première doit s’effectuer entre la 10e et la 13e semaine (comptez à partir du début de vos dernières menstruations si vous ne voulez pas manquer le bateau). La deuxième aura lieu entre la 14e et la 16e semaine de grossesse. 

D’autres tests, comprenant des prises de sang de différentes précisions et des échographies, peuvent aussi être offerts dans votre hôpital et à divers coûts dans des cliniques privées.

Attention ! Tous les tests ne sont pas équivalents, et aucun n’offre une précision de 100 % (méfiez-vous toujours si on tente de faire rimer « perfection » avec « médecine »).

Votre professionnel de la santé pourra vous aider à choisir. Vous trouverez aussi des informations sur le site de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada. 

Dans tous les cas, le résultat vous sera présenté comme une probabilité. Autrement dit, on vous annoncera que votre bébé est à faible risque ou qu’il est à risque plus élevé. Dans ce dernier cas, vous pourriez devoir subir un test plus invasif, comme l’amniocentèse, pour en avoir le cœur net. Cette dernière est un prélèvement de liquide amniotique (oui, une piqûre dans votre ventre) fait à partir de la 15e semaine de grossesse. Dans les rares cas où on confirme la présence d’une trisomie 21, on ne peut malheureusement pas « changer » les chromosomes de votre fœtus. Vous avez compris : vous devrez choisir d’interrompre ou non la grossesse.

De là, nous revenons à ce beau jour de mai où vous devez prendre une décision sur les tests à suivre : si l’interruption de la grossesse n’est pas une option pour vous, même en cas de maladie chromosomique, eh bien, vous n’êtes pas obligée d’être placée devant ce dilemme. Il est tout à fait correct de ne pas faire le dépistage si vous en comprenez bien les conséquences, mais ce n’est pas une décision à prendre à la légère. Une autre raison de discuter avec votre conjoint et vos proches. Votre professionnel de la santé pourra vous guider dans cette décision. De nombreux renseignements utiles se trouvent aussi sur le site du Programme québécois de dépistage prénatal de la trisomie 21.

Donc, vous aviez raison, cette grande nouvelle vient avec des démarches à suivre et de nombreuses décisions à prendre. Tentez tout de même d’en profiter : un premier bébé, ça ne se refait pas deux fois !

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