Planète bleue, idées vertes

La magie des saules

L’idée est simple : utiliser les plantes pour résoudre des problèmes environnementaux. Cette idée n’est pas de Francis Allard, mais c’est celle qu’il s’efforce de mettre en application.

Depuis une quinzaine d’années, l’ingénieur de 38 ans fait pousser des saules sur la terre familiale, à Saint-Roch-de-l’Achigan, un joli village situé à 50 kilomètres de Montréal, dans Lanaudière. Son père faisait pousser des carottes, lui a opté pour une autre sorte de plante.

« Au début, je ne voulais pas reprendre la ferme familiale, mais au fil du temps, je me suis dit que c’était dommage de ne pas continuer », explique-t-il.

C’est un peu par hasard qu’il est tombé sur les travaux de recherche de Michel Labrecque, chercheur à l’Institut de recherche en biologie végétale du Jardin botanique et prof à l’Université de Montréal, et qu’il a décidé de se lancer en affaires. Il fabrique entre autres des écrans antibruit composés d’acier, de mélèze, de laine de roche et de tiges de saule tressées, une solution beaucoup plus écolo que les murs en béton, pour couper la pollution sonore.

« C’est intéressant comme technologie et ç’a beaucoup de mérite à plusieurs égards, souligne M. Labrecque. Sur le plan esthétique, c’est certainement plus joli, un mur vivant avec du vert. Et ce n’est pas moins efficace. C’est probablement plus efficace. »

« Dès qu’on travaille avec des matériaux organiques, comme de la terre, des branches de saule et tout ça, c’est des matériaux qui absorbent bien le son et qui ne le réfléchissent pas, contrairement à des surfaces minérales ou dures. »

— Francis Allard

Le hic, c’est que ça demande quand même un peu d’entretien.

« Les gens qui travaillent en infrastructure routière sont assez réfractaires et pas très habitués d’avoir des objets servant aux routes qui doivent être entretenus, soignés et éventuellement changés parce que ça peut mourir, des plantes », précise le professeur Labrecque.

La durée de vie de ces écrans végétaux composés de tiges « vivantes » est de huit à dix ans. « Cependant, fait remarquer le chercheur, quand on pense qu’une structure comme celle-là peut coûter 50, si ce n’est pas 100 fois moins cher qu’un mur de béton, s’il faut la refaire au bout de 10 ans, c’est quand même économique. »

Il y a une autre façon de les réaliser, qui prolonge leur vie d’au moins dix ans : avec des tiges de saule séchées. C’est peut-être moins joli parce que le bois grisonne avec le temps, mais c’est plus facile d’entretien et tout aussi efficace pour bloquer le bruit. Autre avantage : ces structures, qu’elles soient composées de tiges vivantes ou mortes, sont à l’abri des graffiteurs.

En outre, le bois est moins sensible à la dégradation au sel que le béton.

Une technologie très complexe

Ramea, l’entreprise dirigée par Francis Allard, a réalisé plusieurs projets au Québec et vient de décrocher un premier contrat en Californie pour ériger un mur antibruit.

« Les plantes, c’est une technologie très, très complexe quand on y pense, lance l’entrepreneur. Ça fait des millions d’années que ça se développe. Nous, dans le fond, on applique les plantes pour régler des problèmes environnementaux. Notre modèle est très axé sur l’économie circulaire. »

M. Allard offre d’autres solutions pour soigner la planète.

Il fait pousser des saules à croissance rapide sur sa terre de Saint-Roch-de-l’Achigan, mais il en fait aussi pousser sur des terrains dégradés, comme des sablières en fin de vie ou d’anciennes mines, pour les réhabiliter. Les saules ont la propriété de pousser très vite, de 10 à 15 pieds par année, dans différents types de milieux, et contribuent à dépolluer les sols. C’est simple : ils absorbent les contaminants en poussant. Ce procédé s’appelle la phytoremédiation.

« On a un projet sur le site d’enfouissement à Sainte-Sophie, dans les Laurentides, illustre-t-il. On a planté des arbres sur la cellule de déchets qui est fermée. »

Les eaux usées issues de la percolation des précipitations à travers les déchets en décomposition sont traitées grâce aux saules. Les tiges absorbent les nutriments et les eaux usées chargées en éléments toxiques. Puis, les plants sont coupés et utilisés pour fabriquer différents produits : clôtures, murs antibruit, paillis horticole...

« Quand il y a un problème environnemental, souvent la solution qu’on trouve va générer une nouvelle solution pour une autre problématique, donc c’est vraiment de l’économie circulaire environnementale. »

— Francis Allard

L’utilisation des saules n’est pas nouvelle. En Suède, elle a fait son apparition dans les années 1970 pour produire de l’électricité. « Par rapport à la Scandinavie, on était en retard de 25 ans pour la culture des saules, au Canada, fait remarquer Francis Allard. Il n’y en avait pas avant qu’on décide de se lancer là-dedans.

« Le bois devrait prendre une place beaucoup plus importante dans les structures de génie civil, mais le béton est ancré dans les pratiques, ajoute-t-il. Pourtant, il y a de la place pour d’autres technologies qui ont fait leurs preuves en Europe, notamment, avec des durées de vie semblables. J’aimerais ça qu’on se questionne sur nos façons de faire. »

Planète bleue, idées vertes

Sur l'écran radar

Un rare chacal doré observé dans l’ouest de la France

Un chacal doré, carnivore moyen à mi-chemin entre renard et loup, présent historiquement de l’Asie à l’Europe, mais pas en France, a été observé à la fin de 2020 dans l’ouest du pays, confirmant une colonisation vers l’Occident, ont annoncé mardi les autorités. Il s’agit de la troisième localisation en France de ce canidé depuis 2017. Selon la directive européenne Faune-Habitat de 1992, le chacal doré fait « partie du patrimoine naturel européen ». S’il n’est pas menacé, les États ont obligation de « maintenir sa population en bon état de conservation ». En France, où il est considéré comme « espèce nouvelle », mais « pas exotique introduite par l’homme », il n’est « ni chassable ni piégeable ».

— Agence France-Presse

La NASA aura son conseiller climatique

La NASA a annoncé mercredi créer un nouveau poste de conseiller pour le climat en son sein, dans le cadre des objectifs scientifiques et environnementaux de la nouvelle administration Biden pour l’agence spatiale américaine. Célèbre pour ses programmes d’exploration de l’espace, la NASA a aussi comme mission d’étudier la planète Terre. Elle possède plus d’une vingtaine de satellites et d’autres instruments observant la Terre et livrant des indicateurs clés sur le changement climatique.

— Agence France-Presse

Séoul construira le plus grand parc éolien en mer au monde

Les autorités sud-coréennes ont signé vendredi un contrat de 36 milliards d’euros (environ 55 milliards CAN) portant sur la construction de ce qui est présenté par Séoul comme le plus grand parc éolien en haute mer au monde. Pauvre en ressources énergétiques traditionnelles, la Corée du Sud s’est fixé pour objectif d’atteindre d’ici 2050 la neutralité carbone. Elle dépend actuellement massivement de ses importations de charbon, qui lui fournissent 40 % de son électricité. Il sera sept fois plus grand que l’actuel plus grand champ éolien en haute mer, selon le président de centre gauche, Moon Jae-in, et générera une énergie comparable à six centrales nucléaires.

— Agence France-Presse

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