Cancer du sein

Un nouveau médicament prometteur retient l’attention

Un nouveau médicament contre le cancer du sein suscite beaucoup d’espoir. Conçu au Japon, Enhertu a d’abord été approuvé pour les cas très graves, mais vient de l’être pour des cancers moins avancés.

« C’est le médicament le plus prometteur depuis 15 ans », explique Jamil Asselah, oncologue au Centre universitaire de santé McGill (CUSM) qui a participé à des essais cliniques d’Enhertu (trastuzumab déruxtécan). « Et il y a toute une nouvelle classe de médicaments similaires qui est sur le point d’arriver. »

De plus, Enhertu pourrait être utilisé contre d’autres types de cancer. Le DAsselah se trouvait vendredi à un congrès d’oncologie gastroentérologique à San Francisco. « Tout le monde parle d’Enhertu au congrès », dit-il.

Enhertu est un « anticorps conjugué » qui combine un anticorps visant la protéine HER2, exprimée dans la moitié des tumeurs du cancer du sein, avec un agent de chimiothérapie toxique pour la tumeur.

« De cette manière, on diminue la toxicité pour les autres cellules au minimum », explique le DAsselah. Le cancer du sein a un bon pronostic en comparaison d’autres cancers, mais beaucoup de patientes sont très malades et en meurent.

Approbation élargie

La première approbation d’Enhertu au Canada a eu lieu en 2021 pour les femmes dont le cancer du sein avait une très forte expression de HER2 et qui étaient à un stade très avancé. La durée de la période sans réapparition du cancer a bondi, doublant à 10 mois dans certaines études.

La nouvelle approbation canadienne d’Enhertu, début janvier, porte sur les cas avec une faible expression de la protéine en question. « Environ 20 % des patientes ont un HER2 fortement exprimé, dit le DAsselah. Si on ajoute les patientes avec une faible expression de HER2, on arrive à presque 50 % des patientes. »

Une centaine de Québécoises ont participé à des essais cliniques d’Enhertu. « En ce moment au Québec, il n’est pas possible de l’avoir pour des cancers avec des HER2 faibles, mais nous pouvons le donner à des patientes si on les inclut dans les essais cliniques, dit le DAsselah. Cette semaine, j’ai inclus quatre femmes de cette manière. Elles connaissaient le médicament, les patientes s’informent beaucoup sur les réseaux sociaux. »

Médicament à long terme

L’objectif avec Enhertu et les autres anticorps conjugués sur le point d’arriver sur le marché est de transformer le cancer du sein en maladie chronique.

« Les patientes pourraient prendre le médicament pendant des années, puisqu’il n’est pas très toxique. C’est notre rêve, que ça devienne comparable au diabète. En fait, notre rêve, c’est la guérison, mais pour le moment ce n’est pas possible. »

— Le Dr Jamil Asselah, oncologue au Centre universitaire de santé McGill

Le seul hic est que les cancers développent une résistance à certaines molécules de chimiothérapie. « On voit des indices de résistance avec Enhertu, dit le DAsselah. Mais on va avoir beaucoup d’anticorps conjugués, alors on n’est pas démuni. » Des thérapies combinant plusieurs anticorps conjugués pourraient voir le jour, comme la trithérapie pour le sida.

La protéine HER2 était aussi la cible de l’Herceptin (trastuzumab), un médicament qui a été un précurseur des anticorps conjugués. « L’Herceptin ne fonctionnait qu’avec les cas de forte expression de HER2 et n’était pas très spécifique », explique le DAsselah.

28 900

Nombre de nouveaux cas de cancer du sein au Canada en 2022

5500

Nombre de décès dus au cancer du sein au Canada en 2022

Source : Société canadienne du cancer

3 %

Proportion des patientes du cancer du sein qui meurent moins d’un an après le diagnostic

11 %

Proportion des patientes du cancer du sein qui meurent moins de cinq ans après le diagnostic

Source : société canadienne du cancer

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