Valence reçoit la première Bourse Karim-Ouellet

Moins de deux semaines après la sortie de son deuxième album, Valence a reçu dimanche la première bourse Karim-Ouellet. Le prix a été créé en septembre à la mémoire de l’auteur de L’amour, mort en 2021. « Karim excellait dans l’art de la chanson, notamment par sa capacité à mêler l’intime et l’universel, a dit Valence, en acceptant le prix. Son œuvre, fédératrice parce qu’imprégnée de vérités humaines et de paradoxes, témoigne de la profonde sensibilité et de l’humanisme de ce grand artiste qui a su tracer un véritable chemin pour les auteurs-compositeurs-interprètes de la ville de Québec. » Valence (nom d’artiste de Vincent Dufour) reçoit un prix d’une valeur totale de 10 000 $ qui inclut une prestation rémunérée au Grand Théâtre de Québec, partenaire de la création de la bourse, avec la Ville de Québec, le gouvernement du Québec et Solotech. La famille de Karim Ouellet est aussi impliquée dans le projet et a été représentée par Sarahmée Ouellet au sein du comité de sélection. — Alexandre Vigneault, La Presse

Découverte

L’apprentissage de Marie Céleste

La bande de Marie Céleste se présente au monde avec Feux de joie, premier album lyrique dont les influences se promènent entre Harmonium et Karkwa. Première rencontre avec un groupe d’amis joyeusement ambitieux.

Le parcours

Marie Céleste, c’est l’histoire de cinq copains qui fréquentent la même école secondaire à Alma, et dont certains se connaissent depuis le primaire : Simon Duchesne, Philippe Plourde, Olivier Tremblay, Zachary Tremblay et Guillaume Sliger. « On avait tous eu des projets musicaux ailleurs, mais c’est quand on s’est présentés à Secondaire en spectacle il y a six ans qu’on a posé le premier jalon du groupe », raconte Simon. Ils se font ensuite les dents dans leur région à coup de quelques spectacles par année, mais ils estiment qu’ils sont devenus plus sérieux dans leurs intentions il y a deux ans. « Ce qui a changé la dynamique, c’est quand on a reçu du feed-back pas positif, se souvient Philippe. En 2022, on avait envoyé une candidature aux Francouvertes, qui a été refusée. Ça nous a donné une vision plus réaliste des faits. Après est embarqué un peu d’ego… » Olivier complète. « Et de cet ego-là est venu le désir de nous perfectionner dans notre art et nos capacités de musiciens ! » Leur candidature a été retenue l’année suivante par les Francouvertes, et le groupe a avancé jusqu’en demi-finale du concours.

Le groupe

Les cinq musiciens ont travaillé d’arrache-pied pour se « professionnaliser » depuis deux ans, avec l’apport significatif de l’ingénieur de son Amaury Pluvinage, qui est devenu leur directeur artistique. C’est lui qui a eu l’idée d’intégrer Étienne Coppée à la coréalisation de l’album. « Étienne nous a beaucoup aidés pour les textes, l’interprétation, la structure », explique Simon, qui partage le rôle d’auteur-compositeur avec Philippe. Maintenant âgés de 22 à 24 ans, les cinq musiciens ont déménagé à Montréal – une période un peu difficile pour Philippe, chanteur principal du groupe, qui pour occuper son horaire a participé à La voix, parallèlement aux Francouvertes. Recruté dans l’équipe de Marjo, il s’est rendu jusqu’aux directs, mais il n’est pas question de tenter sa chance en solo. « J’aime le rythme de création lent avec le groupe. » « Et il ne faut pas oublier qu’on est amis avant tout », dit Zachary. Simon, qui mène aussi une carrière d’humoriste et de comédien, opine. « Je vois l’art comme quelque chose de 100 % collectif. » Et il n’en revient toujours pas que Marjo soit allée les voir performer aux Francouvertes. « C’était malade ! »

La musique

Les cinq musiciens se réclament tous des mêmes références, le rock des années 1960, le prog des années 1970, le rock alternatif des années 1990 et 2000. « Mais on a tous un truc précis qu’on aime plus », précise Simon. Entre le folk, le psychédélique et le jazz, si on faisait un diagramme de Venn, ressortirait certainement un amour pour le rock, mais pas n’importe quel. « Ce qui nous intéresse, c’est l’apogée de l’évolution d’un band de rock », dit Philippe. Ils ont aussi en commun de ne pas aimer la répétition, ajoute Zachary, c’est pourquoi l’album offre un éventail d’influences. « On voulait donner un avant-goût de toutes les directions où on peut aller. Chaque chanson a une vibe différente », explique Simon. On y entend autant des références à Harmonium qu’à Karkwa – « C’est dans notre ADN, on ne peut pas le nier » –, mais ils veulent aussi s’en éloigner, pour « ne pas refaire ce qui a été fait ». Ils ont les oreilles grandes ouvertes sur ce qui se fait ailleurs et rêvent de rayonner dans d’autres pays, comme Hubert Lenoir ou Corridor. « On a l’ambition de faire quelque chose avec un sceau de qualité international », lance Philippe.

La langue

« Si la musique devient plus internationale, l’apport québécois, ce sera dans la langue », estime Simon. Celle de Philippe B et de Fred Fortin, qui, parce qu’ils chantent en français, « parle d’eux, mais aussi de nous », ajoute Philippe. Plusieurs des chansons de l’album datent de leur adolescence et les deux auteurs s’estiment encore « novices » quand il est question d’écriture. « Il y en a une qui s’appelle Guerre, qui est disparue… et c’est tant mieux ! », rigole Simon. Zachary souligne l’humilité de ses collègues. « Ils soignent vraiment ce qu’ils écrivent ! Je les ai vus retravailler des textes pendant des semaines. » À l’opposé d’un courant d’écriture plus « personnel », Marie Céleste démontre un goût certain pour le lyrisme, les histoires épiques, les images poétiques. « Comme groupe, pour qu’on s’identifie, il faut être plus dans l’ouverture, dans le grand », explique Philippe. Simon a quand même envie d’être « une coche plus concret » dans ses prochaines chansons – l’excellente Sur la Main en est un bon exemple –, question de parler plus de notre époque. Mais une chose ne changera pas, c’est l’envie de raconter des histoires. « Oui ! Au Québec, on a des racines de raconteurs. »

La suite

Le groupe se prépare pour ses spectacles de lancement à Montréal et à Québec, et espère partir en tournée à l’été. « On espère jouer… et on va jouer ! », lance Simon. « On a le couteau entre les dents, ajoute Philippe. Et on veut sortir du corridor Québec-Montréal-Alma, avoir un réseau partout. Ce qui est fort au Québec, c’est le bouche-à-oreille, les petites salles. Ce sera une année de rayonnement provincial ! » Alors qu’ils sortent l’album de manière indépendante, mais appuyés par les « services à la carte » de la maison Bonbonbon – relations de presse, pistage radio –, ils continuent d’apprendre les rouages de leur métier et se sentent privilégiés de l’accueil qu’ils reçoivent. « On se sent un peu moins intrus. » Leur objectif : sortir un album dès l’automne, d’autant plus qu’ils ont déjà plein de chansons en banque et que l’inspiration ne manque pas. « On a encore pas mal de jeu, et de jus. »

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