Fonctionnaires fédéraux

La grève déclenchée, de nombreux services paralysés ou ralentis

Ottawa — Les déclarations de revenus ne seront plus traitées. D’autres services, comme l’évaluation des nouvelles demandes de passeport, d’assurance-emploi et d’immigration, seront ralentis ou carrément interrompus. En tout, 250 piquets de grève sont prévus à compter de mercredi d’un bout à l’autre du pays.

L’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC) et le gouvernement fédéral ne sont pas parvenus à une entente de principe, mardi soir.

« Nos membres sont prêts à se battre pour une convention collective bonne, raisonnable et juste », a insisté le président de l’AFPC, Chris Aylward, en point de presse.

Le syndicat avait lancé un ultimatum la veille : les deux parties devaient en arriver à une entente avant 21 h mardi, sinon 155 000 fonctionnaires qui relèvent du Conseil du Trésor et de l’Agence du revenu du Canada entreraient en grève générale. Le dernier débrayage de cette ampleur remonte à 1991, à l’époque où les progressistes-conservateurs de Brian Mulroney étaient au pouvoir.

À Ottawa, des lignes de piquetage sont déjà prévues devant le bureau du premier ministre Justin Trudeau et l’Édifice de l’Ouest, qui abrite la Chambre des communes.

« Nous sommes à la table de négociations depuis deux ans. Nos demandes n’ont toujours pas été résolues par cet employeur », a déploré M. Aylward. Il s’est dit prêt à poursuivre les pourparlers « aussi longtemps qu’il faudra durant la grève ».

« Et nous allons demeurer en grève jusqu’à ce que le gouvernement réponde à nos demandes à la table des négociations », a-t-il ajouté.

Le gouvernement a indiqué tard en soirée qu’il poursuivrait la négociation dans l’espoir d’en arriver à un règlement « le plus tôt possible ». Il dit avoir présenté « une offre juste et concurrentielle » pour satisfaire les demandes syndicales concernant le télétravail, les primes, l’amélioration des congés payés pour les obligations familiales et des mesures pour l’équité en matière d’emploi et pour la diversité et l’inclusion.

« Même s’il y a une entente concurrentielle sur la table, l’AFPC continue d’insister sur des demandes qui sont inabordables et qui auraient de graves répercussions sur la capacité du gouvernement de fournir les services à la population canadienne », a fait savoir Monica Granados, attachée de presse de la présidente du Conseil du Trésor, Mona Fortier, dans une déclaration écrite.

Plans de contingence

Plus tôt dans la journée, le premier ministre Justin Trudeau espérait toujours un règlement. « Je sais que les Canadiens s’attendent à ce que l’on continue de livrer les services sur lesquels ils comptent, avait-il affirmé avant la période des questions. C’est pour ça que je veux m’assurer que les deux parties à la table de négociations continuent leur travail avec beaucoup d’intensité pour pouvoir résoudre cette question-là. »

Des plans de contingence ont été préparés à l’Agence du revenu du Canada, au ministère de l’Emploi et du Développement social et au ministère de l’Immigration. Des 155 000 fonctionnaires qui ont voté pour la grève, 32 000 doivent assurer les services essentiels.

« Nos services ne seront pas réduits à zéro quoi qu’il arrive, mais la réponse appropriée du gouvernement peut dépendre de la nature et de la durée de tout arrêt de travail ainsi que de notre capacité à tirer parti des secteurs d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada qui pourront continuer à fonctionner », a expliqué le ministre Sean Fraser avant la rencontre du Cabinet, mardi après-midi.

Par exemple, un minimum d’employés continuera à répondre aux demandes dans les bureaux du ministère au sein des ambassades, des hauts-commissariats et des consulats un peu partout dans le monde.

Les chèques continueront aussi d’être versés : prestations d’assurance-emploi, pension, allocation pour les anciens combattants, sécurité de la vieillesse et supplément de revenu garanti.

La ministre Fortier doit faire le point ce mercredi en compagnie du ministre Fraser, de la ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social, Karina Gould, et de la ministre du Revenu national, Diane Lebouthillier.

Le NPD « déçu »

Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, s’est dit « profondément déçu » par l’attitude du gouvernement. « Depuis deux ans, les membres de l’AFPC expriment leurs demandes légitimes de salaires équitables, de sécurité d’emploi et d’un environnement de travail sûr. Pourtant, le gouvernement a continué de se traîner les pieds et a provoqué cette crise », a-t-il dénoncé.

Le gouvernement n’exclut pas le recours à une loi spéciale pour le retour au travail des fonctionnaires, mais le NPD s’y oppose farouchement. Cette question ne fait pas partie de l’entente qu’il a conclue avec le gouvernement libéral pour lui permettre de rester au pouvoir jusqu’en 2025.

Les fonctionnaires fédéraux sont sans contrat de travail depuis 2021. L’AFPC réclame une augmentation de salaire de 13,5 % sur trois ans, soit 4,5 % annuellement, pour pallier la montée de l’inflation. Cette hausse couvrirait les années 2021, 2022 et 2023. Le Conseil du Trésor propose plutôt 9 % sur trois ans.

Outre la question salariale, la sécurité d’emploi et le télétravail font toujours l’objet de désaccords. L’AFPC veut notamment inclure le travail à distance dans la convention collective. Les employés de l’ensemble des ministères devaient retourner travailler en personne à raison de deux ou trois jours par semaine au plus tard le 31 mars. La plupart d’entre eux travaillaient de la maison depuis la pandémie.

Quels services sont touchés ?

Des ralentissements ou des interruptions sont à prévoir pour les services suivants :

Assurance-emploi

Immigration

Demandes de passeport

Traitement des déclarations de revenus

Postes frontaliers

Approvisionnement et échanges commerciaux dans les ports et les aéroports

Certains programmes pour les agriculteurs

Certains services pour les anciens combattants

Certains services de la Garde côtière canadienne et de Pêches et Océans Canada

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