Ça s’explique

C’est quoi, l’extrême droite ?

Chaque dimanche, l’équipe de Pause prend le temps d’expliquer aux jeunes une parcelle d’actualité. Cette semaine, on se penche sur l’extrême droite.

Choc en Allemagne

En Allemagne, un parti d’extrême droite a réussi à faire élire plusieurs représentants au Parlement la semaine dernière. Dans de nombreux pays d’Occident, ce courant attire l’attention… et des votes.

Science politique 101

Dire qu’un parti est de droite ou de gauche est une façon simplifiée de le classer dans le monde politique. Bref, c’est une étiquette qui résume ses principales idées sur le plan social et économique. Ces raccourcis sont teintés par le contexte, c’est-à-dire l’époque et le pays : un parti ou un groupe qui est considéré comme à droite au Québec peut paraître très à gauche du point de vue d’une personne qui vit aux États-Unis, par exemple, prévient Francis Dupuis-Déri, professeur au département de science politique de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

(TRACER UNE LIGNE où on place la droite et la gauche par rapport au centre ?)

Gauche

La gauche, de manière générale, vise une plus grande égalité économique entre les individus, notamment par le soutien aux personnes dans le besoin et des mesures de redistribution de la richesse. Les partis de gauche croient que c’est à l’État, c’est-à-dire au gouvernement, de mettre en place des programmes pour atteindre ces objectifs. La gauche s’affiche comme plus inclusive et plus tolérante.

Droite

La droite accorde moins d’importance à l’égalité économique et estime, en gros, que l’individu est responsable de son sort. Elle croit que l’État ne doit pas se mêler de tout et doit plutôt laisser faire les lois du marché sur le plan commercial. Elle insiste aussi davantage sur la loi, l’ordre et la police dans son discours. Cela n’exclut pas forcément certains programmes sociaux, même si les partisans de la droite s’avèrent généralement moins favorables aux impôts qui servent à les financer.

Extrême droite

Sur le plan économique, l’extrême droite est encore plus ferme que la droite et plus individualiste encore. Elle ajoute un élément capital : l’identité nationale. Francis Dupuis-Déri souligne que cette identité est définie de manière « restrictive » : par les origines, la couleur de la peau et l’appartenance à une religion, par exemple. Selon cette logique, ceux qui correspondent à cette identité devraient avoir la priorité et, ensuite, « on pourra éventuellement s’occuper des autres », résume-t-il. Les immigrants et les étrangers en général sont, dans cette vision des choses, perçus comme des gens qui « volent notre travail, notre assurance chômage, nos logements, nos services sociaux », énumère le professeur de science politique.

Des cibles différentes

Qui sont ces gens qui sont la cible de l’extrême droite ? « Ça se décline différemment, selon les pays et leur histoire », dit-il. En Allemagne, sous le régime nazi, c’était les juifs. Aux États-Unis, pays où l’esclavage et la ségrégation raciale ont déjà été pratiqués légalement, la communauté noire demeure la cible de groupes qui croient en la supériorité des gens à la peau blanche, comme c’est le cas du Ku Klux Klan (KKK). L’islam et ses adeptes sont, depuis les attentats du 11 septembre 2001, la cible de partis ou groupes d’extrême droite un peu partout en Occident. C’est le cas en France (Front national) ou au Québec (un groupe comme La Meute), où des gens dénoncent de manière parfois virulente l’immigration musulmane.

La Meute

Qu’en est-il de La Meute, dont on entend parler depuis quelques semaines ? « Même s’ils disent qu’ils ne sont pas racistes, il y a des éléments en leur sein qui entretiennent un discours raciste assez virulent, dit Francis Dupuis-Déri. Ils sont clairement obsédés par l’immigration et considèrent clairement que c’est un grave problème au Québec. Que l’immigration musulmane est une menace pour la civilisation. Du point de vue du dictionnaire, ils semblent plutôt racistes. »

Extrême gauche

L’un des grands principes de l’extrême gauche est la radicalisation de la notion d’égalité. « Pour cette extrême gauche, il faudrait qu’il n’y ait plus d’État, de patronat, plus de hiérarchie, explique le professeur de science politique. Que les gens soient égaux dans des organisations totalement égalitaires. » Les anarchistes adhèrent à cette vision des choses. L’extrême gauche est généralement « très mobilisée contre le racisme » et a tendance à faire preuve de « solidarité envers les populations démunies dans des situations racistes ».

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