Sciences de la vie

Difficile de percer dans le système de santé québécois

Québec annoncera sous peu la mise en place d’un programme d’aide de 48 millions

Les entreprises québécoises du secteur des sciences de la vie ont de la difficulté à intégrer le système de santé du Québec. Cette préoccupation est ressortie lors du Forum stratégique sur les sciences de la vie et les technologies de la santé qui se tenait lundi. En attendant de pouvoir régler ce problème, le gouvernement leur offre une aide de 48 millions sur deux ans.

Au cours du forum virtuel, organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, les 450 participants ont été invités à répondre à un sondage en direct mené par l’entreprise KPMG. À la question « Lequel de ces enjeux pré-COVID vous interpelle le plus ? », la majorité des participants ont répondu l’intégration difficile des innovations au sein du système de santé. Ce serait aussi ce que les participants mettraient dès maintenant en priorité s’ils étaient responsables de la réponse gouvernementale.

« La vallée de la mort »

Ce problème ne date pas d’hier. L’un des conférenciers, Pierre Bérubé, président fondateur de Greybox Solutions, en sait quelque chose. Il nomme ce long chemin pour y accéder « la vallée de la mort ».

Déjà, obtenir sa certification lui a pris 10 ans, et le parcours vers la commercialisation de ses produits technologiques de santé n’est pas terminé.

« C’est pour vous dire toute la douleur qu’on ressent pour arriver jusqu’au bout », illustre-t-il en entrevue téléphonique.

« On a fait la démonstration dans sept centres hospitaliers, mais il faut encore se rendre à l’approvisionnement direct du ministère de la Santé et des centres hospitaliers. »

— Pierre Bérubé

M. Bérubé explique que les appels d’offres sont faits pour des multinationales et bâtis pour le plus bas soumissionnaire. Une PME de moins de 30 employés comme la sienne a peu de chances de les remporter. Comme plusieurs participants au forum, il espère que le gouvernement mettra en place un système plus léger, mais sans compromettre pour autant la sécurité de la population.

Une entrée grâce à la pandémie

La COVID-19 a d’ailleurs permis à Greybox Solutions de faire entrer au Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) sa technologie qui fait le suivi à distance de patients qui ont des problèmes de santé complexes (insuffisance cardiaque, diabète, problèmes respiratoires) en prenant leurs signes vitaux à distance et en envoyant une alerte en cas de dégradation de leur état de santé. Lorsque la pandémie a frappé, Greybox Solutions était au cœur d’un projet de recherche avec le cardiologue en chef du CHUM et la société pharmaceutique allemande Boehringer Ingelheim. La recherche s’est arrêtée, mais le cardiologue a demandé à l’entreprise montréalaise de déployer une technologie pour brancher ses patients à risque.

« On l’a fait comme mission, on ne pouvait pas refuser d’aider une population vulnérable, mais comme entreprise, on est à perte », affirme-t-il.

Investissement de 48 millions

Questionné au sujet de l’intégration difficile des innovations au sein du système de santé durant le forum, le ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon a promis que son gouvernement allait travailler sur cet enjeu dès que le Québec sera sorti de la pandémie.

« M. Christian Dubé, ministre de la Santé, est excessivement ouvert à ça, a répondu Pierre Fitzgibbon, parce que non seulement on va permettre aux entreprises québécoises d’être plus légitimes à l’international, mais fondamentalement, ça va nous permettre d’être plus efficients chez nous. Car le budget de la santé s’en va quasiment à 50 milliards, quasiment à 50 % des dépenses totales du gouvernement. Ce n’est pas acceptable. »

Le ministre a profité du forum pour annoncer 48 millions supplémentaires pour les deux prochaines années aux entreprises du secteur des sciences de la vie qui satisfont aux exigences du programme BioMed Propulsion.

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