Aérospatiale

Vous avez dit CRIAQ ?

Peu connu du grand public, le Consortium de recherche et d’innovation en aérospatiale au Québec (CRIAQ) est la plaque tournante entre recherche et industrie. Entretien avec son président-directeur général, Alain Aubertin, à l’approche du 12e Forum annuel qui aura lieu les 14 et 15 février à Montréal.

Que faites-vous concrètement au CRIAQ ?

Grosso modo, notre travail consiste à mettre en relation les besoins de l’industrie aérospatiale avec les expertises et les capacités du milieu de la recherche – soit les universités, les centres de recherche, les centres collégiaux de transfert de technologies, partout au Québec, et ce depuis 20 ans. Notre travail consiste à accompagner ces équipes-là dans le montage de projets avec des financements qui proviennent principalement du ministère de l’Économie et de l’Innovation.

Pourquoi le Québec est-il aussi important pour l’industrie aérospatiale à l’échelle mondiale ?

C’est l’héritage industriel de plusieurs décennies. Au Québec, on avait une très bonne base industrielle et d’ingénierie. On a une complémentarité aussi, c’est-à-dire qu’on a un avionneur comme Bombardier, on a aussi un intégrateur complet d’hélicoptères avec Bell Helicopter. On a un motoriste principal qui conçoit et fabrique : Pratt & Whitney Canada. On a un grand groupe qui s’appelle CAE qui, par ses capacités de simulation, aide les avionneurs, aide à la mise en service et à la formation des pilotes sur les appareils. Donc je dirais héritage, complémentarité et innovation, savoir-faire. Ça, c’est dur à copier, et on est bien contents.

Quelle est la place que le CRIAQ occupe dans le milieu de l’aérospatiale au Québec ?

On est une petite équipe : une quinzaine de personnes. La place que nous occupons dans l’écosystème, c’est une place de pivot. On est la plaque tournante entre l’industrie, qui a ses besoins, et le milieu de la recherche, qui a les capacités. C’est une place qui donne les orientations du futur aussi. Comme on reçoit les nouvelles idées de projets, on reçoit les signaux avant-coureurs des nouvelles technologies d’intérêt de l’industrie. Mettre ensemble différents partenaires, c’est un savoir-faire que nous avons développé de façon unique au Québec, unique au Canada, et qui est reconnu partout dans le monde.

Quels sont les défis actuels ?

L’aérospatiale, c’est une industrie qui est très risquée. C’est très coûteux. Développer un appareil, c’est des milliards et des milliards d’investissements. La carboneutralité aussi, c’est sur toutes les lèvres, et l’industrie est déjà fortement engagée. Mais la décarbonisation ne se fera pas sans des investissements colossaux sur une, voire des dizaines d’années. Un autre grand volet de défi, c’est tout ce qui touche la mobilité aérienne de demain. On a tous entendu parler des drones… Quand on augmente la taille des drones et qu’on veut les implanter dans des milieux urbains ou suburbains, là, il y a d’autres problématiques qui entrent en jeu : navigation sécuritaire, acceptabilité sociale. Le troisième gros bloc de défi, c’est la transformation numérique que le secteur vit actuellement. Qui dit connectivité accrue dit cybersécurité. Or, dans le domaine de l’aviation, tu ne veux pas des risques de cette nature. On voit une croissance de cet enjeu-là.

Que faut-il mettre de l’avant en aérospatiale prochainement ?

On a des partenariats à faire dans d’autres secteurs. Dans les graphiques, on voit l’utilisation de carburant alternatif comme source très importante de réduction des gaz à effet de serre. Actuellement, au Canada, il n’y a pas de chaîne d’approvisionnement de carburant alternatif. Donc, si on veut être dans le coup, il faut qu’il y ait des investissements synchronisés avec le gouvernement de concert avec les grands producteurs et les grands. Le deuxième gros élément : on ne sera jamais à la hauteur de la compétition par rapport aux Américains, aux Européens, aux Chinois. Pour maintenir notre compétitivité, il faut absolument que l’on travaille étroitement avec le gouvernement fédéral.

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