Planète bleue, idées vertes

Fondre les masques dans le décor

Salaberry-de-Valleyfield — Que faire avec les masques médicaux récupérés sur les lieux de travail ? Au cégep de Salaberry-de-Valleyfield, le département de chimie a développé un procédé pour en faire des socles… en attendant de pouvoir les transformer en bancs de parc.

La rentrée de l’automne dernier s’est accompagnée d’un tsunami bleu, celui de ces masques médicaux usagés. Les quelque 2500 élèves et employés en génèrent plus de 20 000 par semaine, estime Amélie Delisle, technicienne volet environnement au cégep de Salaberry-de-Valleyfield.

Conscient que le transport à un sous-traitant externe aurait généré des gaz à effet de serre, le cégep s’est donné le défi de les traiter sur place. « On s’est dit qu’on utiliserait les connaissances et les capacités qu’on a à l’interne », résume Amélie Delisle.

Hormis l’élastique et les attaches de métal, un masque médical est presque entièrement constitué de polypropylène, la résine qui sert notamment à fabriquer des pots de margarine et de yaourt. Que faire de ces montagnes de plastique ? Un banc de parc, a tout de suite pensé le coordonnateur du département de chimie, Dominic Laliberté, qui s’est lancé dans le projet avec son collègue, le professeur Éric Demers. Six cégépiens de deuxième année en technique de chimie analytique leur donnent un coup de main entre leurs cours.

« On travaille là-dessus une ou deux journées par semaine : on fait de la recherche, c’est un processus qui est long », explique M. Laliberté.

Essais et erreurs

Au début du projet, par exemple, M. Laliberté ne comprenait pas pourquoi il devait soumettre ses masques à une température plus élevée que ceux de son collègue pour les faire fondre, produisant une couleur brunâtre et une odeur nauséabonde.

Le mystère, et ses effluves indésirables, s’est dissipé en analysant les trois couches des masques séparément.

« On n’avait jamais allumé que la couche supérieure des masques imprimés n’était pas du même plastique ! »

— Dominic Laliberté, coordonnateur du département de chimie du cégep de Salaberry-de-Valleyfield

Contrairement à son collègue, qui réalisait ses tests avec des spécimens neufs tous pareils, M. Laliberté utilisait un lot de masques usagés contenant des modèles pour enfants ornés de jolis motifs. Et cette couche imprimée, même sur fond bleu, est en polyéthylène téréphtalate (PET), le plastique avec lequel sont fabriquées les bouteilles d’eau. Celui-ci étant plus résistant, la température requise pour le faire fondre entraîne une dégradation des autres matériaux.

Un projet de pots de fleurs entamé l’automne dernier s’est aussi révélé plus complexe que prévu.

« Le plastique perd 2 ou 3 % au refroidissement, donc il finit par contracter le moule tellement fortement que le plastique craque », dit M. Laliberté en montrant un prototype fendu.

La base

Quand la direction des études a demandé au département de génie mécanique de produire une plaque commémorative pour remercier une trentaine d’employés et d’élèves de soins infirmiers qui avaient organisé une clinique de vaccination au début de l’année, l’idée d’un socle à base de masques recyclés s’est imposée.

Il restait à trouver le moule. Le bécher en verre dans lequel le plastique fondu est resté coincé a été écarté, les plats en aluminium qui donnaient un fini terne aussi. Des plats en vitre, qui procurent un bel aspect brillant, l’ont emporté.

Le plastique chauffé se dégradant au contact de l’air, les masques sont enfermés entre deux moules de cuisine ligotés par un fil de fer, puis placés dans un four grille-pain.

Même si ce matériel est accessible à tous, M. Laliberté « déconseille fortement » de reproduire l’expérience à la maison. « Ça va sentir mauvais et l’odeur reste imprégnée. J’ai failli avoir un divorce », blague celui qui a finalement mené une partie de ses tests dans sa cour.

Pour un socle constitué de 70 masques, il faut compter de 20 à 30 minutes pour enlever les élastiques et les attaches, une heure au four à 230 0C pour la fonte suivie d’une autre heure à 125 0C pour commencer le refroidissement, et de 1 à 2 heures supplémentaires pour le terminer.

On est donc encore loin du procédé industriel. L’administration a néanmoins commandé une quarantaine d’autres socles pour les trophées de son Gala des activités étudiantes en mai.

Et il y a ce fameux banc de parc. Une fois que le département de génie mécanique aura développé le moule permettant de fabriquer des planches de type 2 x 4 de 4 à 5 pi de long, le département de chimie devra mettre au point un mécanisme pour le faire cheminer dans le four à la vitesse requise.

Il faudra 10 000 masques par banc, estime M. Laliberté, qui se donne jusqu’en juin pour livrer l’objet. Ce n’est pas la matière première qui manque car le port du masque médical sera obligatoire jusqu’à la fin du mois.

« Même si on finit par ne plus jamais utiliser de masques, on pourrait utiliser l’idée pour nos bouteilles de plastique, ou les gants jetables utilisés en soins infirmiers et en chimie », glisse M. Laliberté. « Ce cheminement démontre qu’il est possible de valoriser un déchet de A à Z et de pouvoir expliquer les étapes », souligne Mme Delisle.

Environnement

Sur le radar

Énergie

Saint-Laurent permet davantage de panneaux solaires

L’installation de panneaux solaires photovoltaïques ou thermiques sur les toits en pente est maintenant autorisée dans l’arrondissement de Saint-Laurent, à Montréal, qui a modifié son règlement de zonage en ce sens. De tels panneaux étaient déjà permis sur les toits plats depuis 2015. « Nous sommes fiers de mettre à la disposition de nos citoyens [une] possibilité de solutions innovantes et concrètes pour lutter contre l’urgence climatique », a déclaré dans un communiqué le maire de l’arrondissement, Alan DeSousa. L’installation de tels équipements demeure toutefois interdite sur les bâtiments d’intérêt patrimonial et architectural. Le règlement précise en outre qu’ils ne peuvent pas être érigés sur une structure détachée du bâtiment ni nécessiter l’abattage d’arbres.

— Jean-Thomas Léveillé, La Presse

Eau

Laval limite l’arrosage

Laval réduit les périodes d’arrosage extérieur autorisées, à l’approche des beaux jours. Il sera possible d’arroser sa pelouse pendant 90 minutes deux fois par semaine, prévoit le nouveau règlement qui doit être adopté le 3 mai, alors que le maximum pouvait auparavant être de 16 heures par semaine, dans certains cas. Pour mieux équilibrer la demande, les plages horaires ont été réparties par code postal, indique la Ville dans un communiqué – l’horaire sera accessible sur le site internet de la Ville. Il sera cependant toujours permis d’arroser manuellement les potagers, les plates-bandes et les fleurs avec un tuyau d’arrosage tenu à la main, tous les jours, de 6 h à 9 h et de 17 h à 20 h, ce qui correspond aux heures qui permettent de limiter davantage l’évaporation de l’eau. Ce nouveau règlement devrait permettre de diminuer la fréquence des interdictions d’arrosage estivales, indique la Ville.

— Jean-Thomas Léveillé, La Presse

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