POLITIQUE FÉDÉRALE

Des groupes environnementaux inquiets du projet de loi antiterroriste

OTTAWA — Des groupes environnementaux s’inquiètent de la portée du nouveau projet de loi antiterroriste et des impacts qu’il aura sur le mouvement environnemental et sur les manifestants canadiens.

Le projet de loi C-51 définit entre autres le terrorisme comme le fait d’« entraver le fonctionnement d’infrastructures essentielles ». Il accorde aussi au SCRS le pouvoir de prendre lui-même des mesures contre des menaces potentielles au pays et à l’étranger pour les « réduire » et les perturber.

Le document précise qu’« il est entendu que sont exclues les activités licites de défense d’une cause, de protestation, de manifestation d’un désaccord ou d’expression artistique ».

Des groupes environnementaux craignent néanmoins que ces nouveaux pouvoirs soient utilisés pour nuire aux opposants de l’industrie des sables bitumineux.

« C’est un cadeau préélectoral à l’industrie pétrolière, affirme Keith Stewart, directeur de la campagne Énergie chez Greenpeace Canada. Cela veut dire que le SCRS et la GRC vont activement tenter de nuire à quiconque dit qu’on devrait agir pour lutter contre les changements climatiques, y compris, par exemple, en ne construisant pas le pipeline Énergie Est. »

« ANALYSE INQUIÉTANTE »

Les craintes de Greenpeace sont alimentées entre autres par un document dévoilé par La Presse lundi, dans lequel la division du renseignement de la GRC s’intéresse à ce qu’elle appelle le « mouvement antipétrole canadien ».

Cette « Évaluation des renseignements relatifs aux infrastructures essentielles » décrit les préoccupations du corps policier à l’égard d’une « faction petite, mais encline à la violence ». Elle s’attarde aussi à des organismes comme Greenpeace et à leur financement, dont une partie proviendrait d’organisations étrangères.

Selon M. Stewart, l’analyse du corps policier fédéral est inquiétante en ce qu’elle englobe tout le monde sous l’étiquette de mouvement antipétrole : « les manifestants pacifiques et ce qu’ils appellent des “extrémistes violents” », dit-il.

« Je trouverais cela risible, si ce n’était du projet de loi C-51 qui vient d’être déposé », ajoute l’environnementaliste.

PROTÉGER LES CANADIENS

Un porte-parole du ministre de la Sécurité publique, Steven Blaney, affirme que les changements ont pour but de « protéger les Canadiens contre la menace du terrorisme djihadiste qui évolue constamment ».

Mais Steven Guilbault abonde dans le même sens que son collègue de Greenpeace. Le directeur principal d’Équiterre souligne que les groupes environnementaux sont déjà les cibles d’attaques verbales des ministres conservateurs et de vérifications de l’Agence du revenu du Canada. « C’est une véritable chasse aux sorcières, et là, en donnant des pouvoirs accrus aux forces de sécurité, on ouvre la porte à d’autres abus », dénonce M. Guilbault.

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