Science
Le cégépien qui voit à travers le cerveau
La Presse
Il fut une époque où Justin Lessard-Wajcer rêvait de chanter sur les scènes de Broadway. Aujourd’hui, c’est dans un laboratoire qu’il veut briller. Et sa carrière de chercheur, bien que toute jeune, démarre sur les chapeaux de roues.
L’élève du collège Jean-de-Brébeuf vient de rafler le premier prix québécois du concours Sanofi Biogenius, concours de recherche en biotechnologie proposé aux jeunes du secondaire et du cégep. En mai, il représentera la province à la finale canadienne. Mais il ne compte pas s’arrêter là.
« Avant d’arriver ici, je ne savais même pas ce qu’était la recherche en pharmacologie. Mais maintenant, c’est ça que je veux faire », dit le jeune homme.
« J’ai adoré la recherche, on fait avancer la science, on change le monde. » — Justin Lessard-Wajcer
Le concours Sanofi Biogenius fait débarquer de jeunes élèves dans de vrais laboratoires de recherche, où ils collaborent à de vrais projets. Justin Lessard-Wajcer est arrivé en janvier dernier dans celui d’Hélène Girouard, professeure de pharmacologie à l’Université de Montréal.
À ce moment, M
Girouard et son équipe tentaient d’implanter une nouvelle technique expérimentale appelée CLARITY, qui permet de rendre les tissus du cerveau transparents afin de mieux les étudier.« Nous cherchons à comprendre comment le système vasculaire et le système endocrinien peuvent affecter la santé du cerveau et provoquer des maladies comme l’alzheimer, explique M
Girouard. Mais il reste à identifier la zone du cerveau qui est vulnérable. La technique BRAIN CLARITY pourrait nous aider à voir ces zones. »L’équipe a voulu tester l’affaire en essayant de rendre transparentes des tranches de cerveau de souris. Mais le jeune Justin a pu constater qu’en recherche, les choses ne se déroulent pas toujours comme prévu.
« La première tranche est devenue transparente… mais ç’a pris un mois ! », raconte le jeune homme. Pour accélérer les choses, l’équipe a fait circuler un courant électrique dans la solution qui agit sur le cerveau. Mais leur premier montage a provoqué fuites et dégâts. Justin s’est retrouvé bien loin des salles de cours, où les solutions aux problèmes sont écrites dans les livres ou dictées par les professeurs.
À force d’essais et de débrouillardise, l’équipe a réglé ses problèmes. Lors de notre visite, une tranche de cerveau de souris parfaitement translucide était observable, prête à révéler ses secrets.
« Justin a fait preuve de beaucoup de motivation et a contribué au niveau des idées et des expérimentations », témoigne sa mentore, Hélène Girouard.
Le jeune scientifique, lui, dit avoir été séduit en constatant que l’image du chercheur trop sérieux n’est qu’un mythe. Une découverte qui l’aidera certainement à imaginer sa carrière en sarrau plutôt qu’en costume de scène.
« Il y a une culture sociale dans un laboratoire, assure-t-il. C’est comme une petite famille, et c’est très agréable. »