Critique de Barka

La croisière s’amuse

Le Gypsy Kumbia Orchestra nous monte un beau grand bateau avec Barka, un des spectacles d’ouverture du festival Montréal complètement cirque. Même si les arts circassiens y tiennent une moindre place, tout est matière à la fête dans ce spectacle passionnant, dont le mot d’ordre est métissage.

Comme dans Après la nuit, l’autre spectacle d’ouverture du festival, la musique occupe une place prépondérante dans Barka (barque, en espagnol) du duo créateur du Gypsy Kumbia Orchestra, Juan Sebastian Mejia et Carmen Ruiz.

Les styles vont de la cumbia colombienne au jazz gitan en passant par la samba, le tango et le ska. Un joyeux festin, pourrait-on dire, tellement les rythmes d’origine africaine semblent posséder tous les personnages sur scène, soit une danseuse, sept musiciens et trois artistes de cirque.

Autant les musiciens se hasardent à quelques essais circassiens, d’équilibristes surtout, autant les artistes de cirque dansent et font de la musique.

Des chansons en espagnol narrent les étapes de ce voyage musical. Le prétexte qui lie tous les éléments est d’ailleurs celui d’une traversée en bateau, à bord duquel les spectateurs sont appelés à monter pour y gesticuler et y danser à certains moments de la représentation.

Et la croisière s’amuse réellement, entraînant avec elle un public gagné d’avance, des spectateurs qui semblent avoir plus que jamais le goût de rire et de bouger. En 75 minutes, Barka mise moins sur le cirque que d’autres spectacles, mais il gagne en rythme, en couleurs et en chaleur contagieuse.

Circassiens multidisciplinaires

Artiste multidisciplinaire de cirque, Nathan Biggs-Penton impressionne en se produisant comme danseur déguisé en femme, porteur, équilibriste, acrobate et jongleur. Il exécute son numéro de jonglerie en faisant parfois circuler des paquets de deux ou trois quilles à la fois.

N’est pas en reste la spécialiste de la corde lisse Brittany Gee-Moore, qui fait également deux excellents numéros de roue Cyr.

Apparaissant telle une passagère clandestine quelque peu hystérique dans ce bateau à la dérive, Alexie Maheu effectue un numéro plutôt original au mât chinois. Puis elle se met aussi à la roue Cyr.

En fait, le travail énergique des metteurs en scène Patrick Léonard (cofondateur des 7 Doigts) et Ricardo Soler Mallol (spécialisé en théâtre) fait en sorte que les performances des artistes ne cessent jamais, au premier plan ou en arrière-plan, ce qui donne lieu à un chaos festif somme toute bien organisé.

Pour les amateurs de cirque pur, la soirée pourrait être surprenante, mais l’entrain et la joie des artistes sur scène ne laisseront personne indifférent. On se surprend constamment à taper des mains ou du pied devant cette folle embardée. Autre preuve que le plaisir de retrouver les arts de la scène en salle et en direct était devenu nécessaire et qu’il est bénéfique.


Barka

De Girovago/Gypsy Kumbia Orchestra

Sous le grand chapiteau de la TOHU jusqu’au 17 juillet

★★★★


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