COMMANDITÉ

PORTRAIT

L’IRRÉSISTIBLE ASCENSION DE

GASPARD ULLIEL

Gaspard Ulliel est aujourd’hui l’un des acteurs français les plus respectés de sa génération, et pour cause. Dans Juste la fin du monde de Xavier Dolan, il interprète avec justesse et finesse une partition des plus complexes.

L’IRRÉSISTIBLE

ASCENSION

Rares sont ceux qui, à 31 ans, peuvent se vanter d’avoir déjà près de 20 ans de métier. Gaspard Ulliel n’a que 12 ans quand il fait sa première apparition sur un écran, dans le téléfilm Une femme en blanc, aux côtés de Sandrine Bonnaire. Mais même si son talent (et son joli minois) contribue à lui faire décrocher des rôles devant la caméra, c'est plutôt derrière celle-ci qu’il s'imagine. Le jeune Ulliel a donc suivi des études de cinéma à la faculté de Saint-Denis de l’Université Paris 8, caressant la douce ambition de réaliser un jour ses propres films. Toutefois, la vie en a décidé autrement. Après un rôle dans le film Julien l'apprenti et une fugace apparition dans Le Pacte des loups de Christophe Gans, il est remarqué par les réalisateurs Michel Blanc et André Téchiné qui le feront tourner respectivement dans Embrassez qui vous voudrez et Les Égarés. Puis la consécration et le César du meilleur espoir masculin viendront en 2005 grâce au film Un long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet.

Cette récompense fait de lui un acteur de premier plan et les projets s'enchaînent. Il joue, entre autres, dans les films suivants : Hannibal Lecter : Les origines du mal, Paris Je t'aime (sous la direction de Gus Van Sant), Le premier cercle, La Princesse de Montpensier et Saint Laurent. « Mon envie de départ, c'était de réaliser des films, mais je me suis un peu laissé happer par le métier de comédien et au fur et à mesure des projets, j'ai aimé ça de plus en plus, avoue Gaspard Ulliel. L'envie de faire un film est toujours là, mais je dois admettre que plus je côtoie de bons réalisateurs, plus je les admire et moins je m'en sens capable... Je suis un acteur, certes, mais avant tout un spectateur assidu et j'ai développé une estime infinie pour nombre de cinéastes. On a toujours le sentiment que l'on ne sera jamais à la hauteur de ceux qu'on adule. »

Et parmi les réalisateurs dont Gaspard Ulliel admire le travail, il y a un jeune Québécois… du nom de Xavier Dolan. 

UNE RENCONTRE DIFFÉRÉE… 

Il y a des rendez-vous manqués et d'autres qui sont simplement... différés. C'est le cas ici pour Xavier Dolan et Gaspard Ulliel. « La première fois qu'on a voulu me présenter Xavier, c'était l'année de la sortie de J'ai tué ma mère [NDLR : 2009]. On était au Festival de Cannes dans une soirée et l'acteur Niels Schneider est venu me dire qu'il était avec un jeune réalisateur qui souhaitait me rencontrer. Je me suis retourné ; je l'ai vu de loin : Xavier avait l'air si jeune ! Il était déjà auteur d'un long-métrage, de surcroît en sélection à la Quinzaine des réalisateurs, mais je n'y ai pas cru... J'ai vu ses films par la suite et je me suis aperçu de ma grossière erreur ! On s'est recroisés à Cannes, l'année suivante, et on a finalement fait connaissance. »

Puis, en novembre 2014, les deux hommes déjeunent ensemble à Los Angeles. C’est là que Xavier Dolan lui fait part de son envie de travailler avec lui sur un projet qu’il doit tourner rapidement parce qu’il n’a que très peu de temps entre deux projets. La suite appartient à l’histoire. Le long-métrage se fera avec un casting hexagonal cinq étoiles : Nathalie Baye, Marion Cotillard, Léa Seydoux, Vincent Cassel et Gaspard Ulliel. Cinq monstres sacrés… réunis dans un modeste bungalow de Laval, plus exactement dans le quartier Sainte-Dorothée.

JUSTE LA FIN DU MONDE

Le film Juste la fin du monde est une adaptation de la pièce de théâtre du même nom, écrite par Jean-Luc Lagarce. Un drame dans lequel Louis (Gaspard Ulliel), un jeune auteur, retourne chez lui après 12 ans d'absence pour annoncer sa mort prochaine. « Quand Xavier m'a proposé le rôle, Marion Cotillard et Léa Seydoux avait déjà dit oui ; j'ai accepté immédiatement. J'avais une réelle envie de travailler avec lui et ce rôle m'intéressait énormément. Louis est un personnage peu bavard ; il y avait un vrai travail intérieur à faire, il fallait que je lui invente une histoire. Et le travail sur la langue de Lagarce, un langage si particulier, était aussi un vrai défi. »

Les délais de tournage étant très courts, c'est dans l'urgence que les acteurs ont dû travailler. « Ce n'est pas désagréable d'être dans l'urgence, ça crée une certaine pression sur le plateau qui impose concentration et rigueur. Ça amène aussi une forme de fragilité qui servait le film. En ce moment, en France, c'est très compliqué de monter des projets et on se retrouve très souvent en attente pour plusieurs films qui ne cessent d'être repoussés. Ce que j'ai aimé avec le film de Xavier, c'est que tout s'est enchaîné très vite. »

En cinq semaines, Dolan met ainsi en boîte un film qui allait quelques mois plus tard décrocher le prix du jury au célèbre Festival de Cannes. Ce tournage fut également, pour Gaspard Ulliel, un premier contact avec la Belle Province. « J'ai adoré tourner au Québec ; ça m'a permis de découvrir Montréal, le soir après le tournage. J'ai été vraiment sous le charme de la ville et de l'accueil très chaleureux de ses habitants. Ça m'a vraiment donné envie d'y retourner dès que possible et de visiter le reste de la province. »

GASPARD ET XAVIER 

Quand on prononce le nom du jeune réalisateur québécois devant l’acteur français, ce dernier devient intarissable et les compliments s'enchaînent rapidement. « Xavier est un réalisateur hors norme et pas seulement au regard de ce qu'il a déjà accompli à un si jeune âge. C'est un vrai passionné. On le voit se métamorphoser dès que la journée de tournage commence. Ses yeux s'illuminent, une vibration particulière l'envahit, il se laisse totalement absorber par le plateau et là, plus rien n'existe hormis ce qui est en train de s'inventer devant sa caméra. Pour Xavier, faire des films c'est plus qu'une passion : c'est une nécessité, une raison de vivre. Cette avidité créatrice est sa véritable force. Il ne recule devant rien, n'accepte aucun compromis et s'arrange pour maîtriser tout le processus de création du début jusqu’à la fin. Il a une énergie incroyable ! Ses films sont à son image : d'une vitalité, d'une générosité débordante, entiers, pleins, sans demi-mesure. Mais ce qui m'a vraiment frappé chez Xavier, c'est cette grande sensibilité dont il fait preuve. Il a beaucoup d’instinct et il sait qu'il peut s'appuyer là-dessus ; il sent les choses. C'est assez fascinant de le voir travailler. Sur le plateau, c'est quelqu'un qui est très loin de l'image arrogante que certains peuvent avoir de lui. Au contraire, il fait preuve de beaucoup d'humilité et laisse la place au doute permanent en ce qui concerne son travail. Il a souvent un plan élaboré, un avis bien tranché, mais il sait aussi reconnaître une idée qui est meilleure que la sienne. »

NE PAS FORCER LE DESTIN 

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Gaspard Ulliel n'est pas un acteur omniprésent au cinéma. Il sélectionne plutôt avec attention les projets dans lesquels il s'engage, sans vraiment avoir de plan de carrière très précis. « Je trouve que c'est dangereux de se projeter quand on est acteur, en tout cas ça ne me convient pas, dit-il. Je préfère laisser toutes les opportunités ouvertes et voir où les choses me mènent. Je veux être dans le travail, dans l'expérience, donc dans le présent. »

Quand la griffe Chanel l’a choisi en 2010 – puis de nouveau en 2015 – pour devenir l'égérie de son parfum Bleu, il a eu la chance de tourner une publicité sous la direction de Martin Scorsese. « Quand on est acteur, il y a des noms de réalisateurs comme Scorsese qui font rêver immédiatement, avoue Gaspard Ulliel. C'était une expérience formidable de travailler sous la direction de ce très grand cinéaste. »

Ce n'est pas pour autant que l'acteur français s'est mis à rêver d’Hollywood. « Oui, c'est vrai que j'adorerais tourner dans un long-métrage de Scorsese, mais je ne force pas le destin et je ne cherche pas à avoir une carrière américaine à tout prix. Ce qui prime, c'est le personnage que l'on me propose. Je veux aller vers des rôles, des projets, qui m'emmènent vers des expériences nouvelles, qui me permettent de me réinventer, de me redécouvrir. »

Le film Juste la fin du monde prendra l’affiche le 21 septembre.

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