Deux cliniques d'infirmières créées à Montréal

Une ligne « Un appel, un service » mise sur pied

Pour soulager rapidement les urgences du Grand Montréal qui croulent sous les patients, le gouvernement lancera dans les prochains jours deux cliniques d’infirmières praticiennes spécialisées dans la métropole. Une ligne « Un appel, un service » sera aussi activée et des « agents de fluidité » veilleront à ce que les lits des hôpitaux se libèrent plus rapidement.

En point de presse mardi après-midi, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a présenté les trois premières solutions qui émanent de la cellule de crise créée la semaine dernière pour soulager les salles d’urgence du Grand Montréal.

Dans une lettre envoyée la semaine dernière à M. Dubé, le Regroupement des chefs d’urgence du Québec (RCUQ) indiquait avoir averti dès juin les dirigeants du réseau de la gravité de la crise dans les urgences. Dans sa missive, le RCUQ reprochait à certains PDG de CISSS et de CIUSSS de ne pas avoir agi pour répartir la pression dans le réseau.

Le ministre Dubé le reconnaît : « des choses ont été recommandées depuis quelques années, mais jamais implantées ». Coordonnateur de la cellule de crise, le sous-ministre adjoint à la Direction générale de la coordination réseau et ministérielle et des affaires institutionnelles, Daniel Desharnais, aura le difficile mandat de s’assurer que les solutions soient cette fois-ci réellement appliquées sur le terrain par les PDG. Il assure qu’il n’utilisera « pas le fouet », mais travaillera à la « mobilisation des équipes ». « Tout est dans l’exécution. […] On peut arriver avec les plus belles recommandations du monde, mais le message doit se passer », ajoute le ministre Dubé.

Trois solutions rapides

Parce que la situation dans les urgences s’est aggravée ces derniers mois, le ministre Dubé annonce que trois solutions seront implantées « à très court terme », dont la création de deux cliniques d’infirmières praticiennes spécialisées (IPS) dans l’est et le centre-sud de Montréal.

« On a parlé beaucoup de décloisonnement des professions. On s’est rendu compte que des choses étaient déjà faites, mais pas implantées. »

— Christian Dubé, ministre de la Santé

« Pourquoi on peut avoir une clinique d’IPS à Québec, mais pas à Montréal ? », demande M. Dubé. Ce dernier reconnaît que cette solution aurait pu être implantée avant. « On va arrêter un petit peu la bureaucratie ou peut-être la résistance de certains groupes là-dessus », assure le ministre.

Une ligne « Un appel, un service » est aussi activée depuis lundi et permettra à des patients, notamment pédiatriques, d’appeler pour obtenir un service de santé et éviter de se rendre aux urgences. Cette ligne, qui passera par le 811, ressemblera beaucoup au populaire service « Un appel, un rendez-vous » qui avait été lancé durant la pandémie avant d’être mis sur la glace.

La Dre Lucie Opatrny, sous-ministre adjointe à la Direction générale des affaires universitaires, médicales, infirmières et pharmaceutiques, assure que tant les patients orphelins que ceux avec des médecins de famille pourront utiliser ce service. Les fédérations médicales ont accepté d’augmenter le nombre de plages de rendez-vous disponibles dans les cliniques pédiatriques et les groupes de médecine de famille (GMF) pour accueillir ces patients.

Le ministre Dubé précise que la moitié des 350 000 visites mensuelles aux urgences « auraient pu aller ailleurs ». « Si on est capables de mieux réorganiser […], c’est un gros effort qu’on peut faire », dit-il.

Sortir les patients plus vite

Pour aider à libérer plus rapidement les lits d’hôpital, des postes d’« agents de fluidité » sont créés dans chaque hôpital. Et chaque établissement est invité à imiter l’Hôpital général juif et à se doter d’un « centre de commandement » pour gérer plus efficacement ses lits.

Le gouvernement accélère aussi l’achat de 1700 places pour accueillir les patients en fin de soins actifs à l’hôpital. Le Québec compte actuellement un peu moins de 2000 de ces patients qui attendent à l’hôpital une place en CHSLD ou en réadaptation, par exemple. Avec l’achat de ces lits, l’objectif est que ces patients attendent leurs services à l’extérieur de l’hôpital.

Le ministre Dubé estime que la crise qui touche les urgences de l’Hôpital général du Lakeshore est un exemple montrant que chaque établissement n’a pas implanté les solutions de la même façon.

La Presse révélait mardi matin l’existence d’un rapport de médiation évoquant une véritable « bombe à retardement » aux urgences du Lakeshore.

« Avec les mêmes problèmes partout au Québec, certaines urgences font mieux. Pourquoi certains s’en tirent mieux que d’autres ? Il y a parfois un problème d’implantation. Tout le monde connaît les solutions, mais certains ne sont pas capables de mixer les ingrédients », dit-il. Le ministre Dubé espère que la cellule de crise, qui s’étendra à tout le Québec après s’est penchée sur le Grand Montréal, apportera des améliorations rapidement.

Nouvelle stratégie pour le port du masque ?

Par ailleurs, la Dre Opartny a indiqué qu’une réflexion est en cours au ministère de la Santé sur la possibilité de revoir la politique du port du masque au Québec. On étudie actuellement la possibilité d’adopter une approche semblable à celle de l’Ontario. « On est en train, un peu comme l’Ontario l’a fait, de regarder si on passe vers une approche “syndromique” », dit la Dre Opatrny. Le Québec pourrait ainsi recommander le port du masque dès l’apparition de certains symptômes non pas seulement de COVID-19, mais aussi d’autres virus, notamment respiratoires. « La Santé publique est en train de regarder quel devrait être le rôle du masque maintenant étant donné qu’il y a la COVID-19, mais aussi d’autres virus respiratoires », dit-elle.

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