Gravir l’Everest, une montée à la fois

Prendre une côte abrupte, la gravir 150 fois afin d’obtenir un total de 8848 m, soit la hauteur du mont Everest, voilà l’essence du Défi Everest qui a lieu ce week-end à Rivière-du-Loup. Sur l’ensemble de la fin de semaine, plus de 2200 participants, dont 850 écoliers, affronteront le dénivelé de 18 % de la côte Saint-Pierre. En six ans, c’est plus de 750 000 $ qui auront été remis à des organismes sportifs, scolaires, communautaires et culturels. À souligner, aucuns frais de gestion n’ont été perçus par les organisateurs. — La Presse

Plein air

Le difficile accès aux plans d’eau

Il est de plus en plus difficile de trouver un petit bout de plage pour mettre à l’eau son kayak ou son canot, ou pour prendre un goûter à mi-parcours.

Le problème ne date pas d’hier. « Ça fait 50 ans que la Fédération québécoise du canot et du kayak (FQCK) se bat pour l’accessibilité aux plans d’eau pour les pagayeurs au Québec », soupire Marie-Christine Lessard, directrice générale de la Fédération.

Mais voilà, au cours des 10 dernières années, le problème s’est aggravé avec la privatisation des berges. « Monsieur-Madame s’installent, ils bâtissent une maison sur un terrain qu’ils ont choisi parce qu’il y avait une plage », raconte Mme Lessard.

« Ils ne sont pas très contents quand ils voient un kayakiste accoster et prendre son lunch sur la plage, même si ça fait 20 ans qu’il s’arrête à cet endroit. »

— Marie-Christine Lessard, directrice générale de la FQCK

Ça ne va pas mieux lorsqu’un accès à l’eau est contrôlé par une municipalité : celle-ci va parfois interdire l’accès aux non-résidants ou, plus fréquemment, imposer des frais exorbitants de mise à l’eau.

L’Association des pêcheurs sportifs du Québec est d’ailleurs partie en guerre à ce sujet. Elle a intenté un pourvoi afin de faire déclarer invalides des règlements de la municipalité d’Ivry-sur-le-Lac qui restreignent sérieusement l’accès au lac Manitou. Elle espère ainsi créer une jurisprudence qui pourrait bénéficier aux pêcheurs de l’ensemble du Québec. Le regroupement a également profité de la campagne électorale pour demander aux partis politiques de s’engager à améliorer l’accès aux plans d’eau en périphérie des grands centres.

Trois enjeux

Pour les canoteurs et les kayakistes, la question de l’accès présente trois aspects, indique Mme Lessard. Il y a d’abord l’industrie forestière, qui profite à plein de ses droits de coupe. « L’industrie magane les berges, détruit des sentiers de portage et des sites de mise à l’eau », déplore-t-elle.

Elle ajoute qu’il y a aussi un problème de communication au sein du gouvernement. « Les ministères ne se parlent pas entre eux. Nous fournissons au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs des données géo-référencées sur ce qu’on trouve sur les sites de pratique : un portage, une aire de repos, une mise à l’eau. Mais il ne transmet pas nécessairement ces données au ministère du Tourisme. En fait, lui-même ne consulte pas nécessairement cette base de données pour transmettre l’information aux compagnies forestières qui s’apprêtent à faire de la coupe dans cette section-là. »

L’information au sujet de la disparition de portages ou d’aires de mises à l’eau ne retourne pas non plus au niveau de la communauté des canoteurs et kayakistes.

« Vous pouvez imaginer un père de famille avec deux jeunes enfants qui descend une rivière. Il arrive au portage pour réaliser qu’il n’y a plus de sentier. C’est frustrant, bien sûr, mais c’est aussi une question de sécurité. »

— Marie-Christine Lessard

Le troisième problème, c’est celui des municipalités qui restreignent l’accès aux plans d’eau pour satisfaire les riverains. « Ils ne veulent pas d’achalandage sur le plan d’eau, ils veulent du calme. Ce n’est pas uniquement une question de bruit, explique Mme Lessard. Les kayakistes peuvent arriver en grand nombre, ça peut être dérangeant. »

Elle ajoute que certains kayakistes peuvent contribuer à la propagation d’espèces végétales envahissantes, comme la myriophylle. « Leurs pagaies peuvent couper la tige de la myriophylle, ce qui permet à celle-ci de se propager un peu plus loin. Nous essayons de sensibiliser les pagayeurs à ce sujet. »

Une législation complexe

Légalement, la question de l’accès aux plans d’eau est d’une grande complexité. Jusqu’en 1987, une législation (la réserve des trois chaînes) préservait le caractère public d’une lisière de 60 m en bordure des lacs et des rivières. Depuis, cette lisière a été remise aux propriétaires des terrains adjacents.

Or, le Code civil du Québec mentionne que le lit des lacs et cours d’eau navigables et flottables est propriété de l’État jusqu’à la ligne des hautes eaux. Or, qu’est-ce qu’un cours d’eau navigable et flottable ? Où se situe la ligne des hautes eaux ? À la fin de juillet, un canoteur pourrait-il accoster sur un bout de plage qui est manifestement inondé tous les printemps ? Chacun peut argumenter.

En attendant, la FQCK essaie de faire avancer le dossier dans le cadre d’une table de concertation sur le territoire mise en place par le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur.

« Il y a un aspect d’accessibilité au territoire que la FQCK pilote, indique Mme Lessard. Nous voulons instaurer une meilleure communication entre les parties pour que les données géo-référencées soient prises en compte. »

La Fédération souhaite également que les infrastructures mises en place par l’industrie forestière puissent bénéficier aux adeptes de plein air : un chemin forestier peut donner accès à une aire de mise à l’eau, une exploitation forestière en hauteur peut permettre la construction d’un belvédère pour les randonneurs.

« Nous sommes conscients que nous ne nous débarrasserons pas de l’industrie forestière demain matin, mais nous sommes convaincus que nous pouvons travailler ensemble, sans nous piler sur les pieds. »

suggestion Vidéo

Le Toit de Ben

Il existe de belles voies d’escalade très difficiles au Québec. Comme le Toit de Ben, au Parc régional Val-David, que Jérôme St-Michel traverse dans cette vidéo.

le Chiffre de la semaine

620 000

C’est le nombre d’adultes québécois qui font du vélo de montagne au moins une fois par année.

Source : Vélo Québec

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