MON CLIN D’ŒIL

Une Saint-Jean sans spectateurs, c’est vraiment moins long à nettoyer.

Opinion

Le bon diagnostic et le bon traitement

Le premier ministre François Legault a posé le bon diagnostic lorsqu’il a qualifié le système de santé québécois de « monstre ». Sur le plan structurel, le ministère est une forteresse imprenable, et sur le plan organisationnel, un dysfonctionnement érigé en système.

Comme tous les systèmes de santé publics, ce qui leur est le plus dommageable sont ces réformes de structures qui, chaque fois, déstabilisent tous les travailleurs de la santé et amplifient la complexité de la gestion. Ç’a été le cas dans les années 90 et encore une fois avec le gouvernement sortant : un premier ministre qui est préoccupé par son budget et un ministre de la Santé qui veut faire ses réformes à tout prix. Le premier tandem a été un désastre et le deuxième, un désastre annoncé, s’est manifesté lors du cafouillage de la pandémie. Voilà pour le diagnostic.

Maintenant le traitement. Pour avoir œuvré durant 40 ans dans le système public auquel je crois et que j’essaie de défendre, j’espère ne pas revoir une nouvelle réforme de mon vivant. Il existe des structures idéales qui ne fonctionnent pas parce qu’elles sont mal gérées et des structures bancales qui fonctionnent parce qu’elles sont bien gérées.

D’entrée de jeu, cette fameuse phrase, qu’on croirait venir du ministre sortant (« […] mettre au pas les PDG des CISSS et des CIUSSS »), se dirige vers le même mur.

Si le nouveau ministre est un véritable gestionnaire, il pourra le démontrer en se faisant rassembleur et rassurant. Les problèmes sont sur le terrain et les solutions sont sur le terrain.

Je sais d’expérience qu’il y a beaucoup de gens dans le système qui veulent que ça fonctionne, mais encore faut-il leur donner les coudées franches.

Un bon gestionnaire est un leader qui fait confiance et amène les équipes à travailler ensemble, à s’entraider dans un climat de détente et de respect mutuel. Le système de santé est un milieu de vie particulier où les services se distribuent d’humain à humain, et l’atmosphère de travail doit refléter ce caractère humain encouragé et supporté d’en haut.

Christian Dubé, à qui on attribue beaucoup de talent comme gestionnaire, doit descendre de son piédestal ministériel et venir à la rencontre de ses gestionnaires institutionnels et redonner au système de santé son statut de réseau centré sur les services aux patients et tous les patients.

En cette année du cinquantenaire du système de santé dont s’est dotée avec fierté la population du Québec, l’apaisement serait un bon départ et un beau cadeau.

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