Stratégies

Les visées étrangères de Solotech

Martin Tremblay l’admet d’entrée de jeu : il ne connaissait pas tellement bien Solotech quand on l’a pressenti pour qu’il en devienne le président. Mais depuis qu’il s’y est installé, il y a un an ce mois-ci, il ne voit que des possibilités de croissance.

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Solotech vient d’annoncer coup sur coup les embauches de deux nouveaux hauts dirigeants, respectivement aux États-Unis et en Europe. C’est là que Solotech, qui tire environ 40 % de ses revenus des États-Unis et 60 % du Canada, compte grandir.

« On pense doubler la dimension de notre organisation d’ici trois à cinq ans », envisage M. Tremblay, qui s’y connaît en croissance d’entreprise.

Président et directeur général d’Ubisoft Montréal de 1999 à 2006, il a transformé un studio de jeu vidéo encore très jeune et plutôt anonyme en référence mondiale. Il s’est ensuite retrouvé à Los Angeles, avec le mandat de créer la nouvelle division « jeux vidéo » du géant Warner. Partie de rien, celle-ci faisait partie des cinq plus importants éditeurs de jeux vidéo du monde, avec des revenus de plus de 1 milliard, lors de son départ, sept ans plus tard.

Consolidation en route

Avec Solotech, M. Tremblay n’est pas parti de rien. L’entreprise fondée en 1977 devrait générer des revenus d’environ 250 millions de dollars cette année, prévoit-il. Cela la place au troisième rang des plus grands acteurs dans le monde de l’équipement audiovisuel, en Amérique du Nord et en Europe.

De plus, elle est en excellente santé financière et compte sur un actionnariat solide, composé de Claridge (44 %), Desjardins (28 %) et Investissement Québec.

Elle compte deux grandes divisions. La première vend et intègre des installations permanentes dans des stades, des arénas, des théâtres ou simplement des salles de conférence. La deuxième, responsable d’environ 55 % des revenus, loue des équipements pour des spectacles musicaux, des festivals ou des événements d’affaires. Elle est notamment impliquée dans des tournées de Taylor Swift, The Weeknd et Justin Timberlake.

« Nous en sommes beaucoup à regarder pour des acquisitions », annonce M. Tremblay, tout en précisant qu’elles ne seront pas nécessairement nombreuses.

« Je ne suis pas un fan de l’idée de faire dix acquisitions ; on va en faire une, deux ou trois, mais stratégiques. Je regarde pour quelque chose qui peut nous démarquer, qui va faire “bouger l’aiguille”. »

— Martin Tremblay, président de Solotech

« Si je reviens à mon passage chez Warner, nous avons dû faire une douzaine d’acquisitions, et sur le lot, il y en a trois qui continuent vraiment d’avoir un gros impact sur l’entreprise. »

Le contexte se prête très bien aux acquisitions dans cette industrie actuellement, selon M. Tremblay. Derrière Solotech, le portrait est composé de « petits » acteurs. Or le marché des tournées musicales américaines devient de plus en plus gros et exige des investissements de plus en plus importants – « On peut avoir 25 ou 30 millions de dollars d’équipement sur la scène » –, ce qui implique d’avoir les reins solides.

Il y a aussi un enjeu de relève. « C’est une industrie qui est née il y a 40 ans. Plusieurs entrepreneurs arrivent dans la soixantaine. »

S’implanter en Europe

L’une de ces acquisitions devra manifestement se faire en Europe. Solotech y suit certains artistes en tournée, mais n’y est pas encore implantée, contrairement aux deux entreprises qui la devancent.

L’entreprise vient d’ouvrir un bureau à Bruxelles et d’y nommer un vice-président au développement des affaires de la division location en Europe. Mais puisqu’il s’agit d’une industrie à la fois de contacts et de grande expertise, il sera difficile d’y monter quelque chose de façon organique, reconnaît M. Tremblay.

« Dans les installations permanentes, on peut grandir de façon organique à partir d’ici. Mais dans la location, ça prend une infrastructure locale. »

Le potentiel de croissance est aussi très fort aux États-Unis.

« Je pense qu’on peut doubler de taille seulement aux États-Unis. Présentement, nous sommes une entreprise canadienne qui fait affaire aux États-Unis. En nommant un président pour la division américaine, nous voulons devenir une entreprise américaine qui fait affaire aux États-Unis. »

Solotech participe à environ 5500 événements par année au Québec et en Ontario, mais à peine à 300 aux États-Unis. Le fait que ces derniers représentent 40 % de ses revenus témoigne de leur taille nettement plus importante, mais aussi de la possibilité d’en ajouter.

Solotech en bref

Fondation : 1977

Employés : 1100 à temps plein, dont environ 700 à Montréal, et environ 200 autres à forfait

Revenus : 250 millions

Bureaux : Montréal (siège social), Québec, Saguenay, Ottawa, Toronto, Chicago, Las Vegas, Nashville, Los Angeles (bientôt), Hong Kong et Bruxelles

Forces

En bonne position pour profiter d’une phase de consolidation du marché

Compétence technique et passion des employés

Actionnariat solide et bonne situation financière

Faiblesses

« Ne pas être installé en Europe est un désavantage, nos clients nous le demandent souvent. »

« Il faut trouver les bonnes ressources, les bons techniciens, dans tous les métiers. Ça passe un peu par des acquisitions. »

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