Entre quatre yeux

Speedy Diaz

Je ne l’avais rencontré qu’une seule fois, dans le cadre d’une émission de radio où il était question de mariage. Depuis, Sébastien Diaz a épousé Bianca Gervais – ce qui a été largement médiatisé –, il est devenu le papa d’une petite fille prénommée Liv et il travaille comme un dingue.

Sinon, outre ses émissions de télé que je connaissais, je ne savais rien ou presque de lui. Il est né d’un père mexicain, « le plus québécois des Mexicains », et d’une mère québécoise. Son papa est chauffeur d’autobus à la STM, sa maman, secrétaire, et il a grandi sur la Rive-Sud de Montréal.

« C’était un mélange de cultures chez nous. Surtout à cause de mon père, qui essayait de s’intégrer le plus rapidement possible. Il a appris le français très vite. Il est arrivé à la fin des années 70 – en 1979, pour être précis. Il a suivi ma mère, qu’il a rencontrée au Mexique. Ils sont tombés amoureux. Le scénario classique, quoi ! »

Sébastien parle de son père avec fierté et amour. Il rappelle, par exemple, qu’il a travaillé chez Ben’s, qu’à sa première journée de boulot, il a servi René Lévesque et, plus tard, Trudeau, les Jackson Five, etc. Et ce papa Diaz s’est mis un jour à la course pour le plaisir. Particulièrement doué pour les petites et grandes foulées, il a représenté le Canada dans des compétitions internationales. Il a fait les premiers Jeux de la Francophonie, au Maroc. Il est arrivé deuxième au marathon de Montréal.

« Il y a quelques semaines, il était tellement fier. Yves Boisvert a fait référence à un de ses records dans sa chronique. En fait, il reste une célébrité dans le monde de l’athlétisme. »

— Sébastien Diaz, à propos de son père

À 33 ans, Sébastien Diaz assure qu’il a eu une enfance heureuse. « Mais mes parents n’étaient pas culturellement éveillés. Pas particulièrement. »

L’APPEL DE LA CULTURE

Enfant de la VHS et du cinéma, il a senti l’appel de la culture au secondaire. Il a fait le Cégep de Saint-Laurent et, plus tard, Concordia. Or, rien ne le prédestinait à devenir un des visages de la jeune génération de créateurs et d’animateurs.

« Cependant, précise-t-il, je savais depuis tout petit que je voulais animer et réaliser. Un jour, j’ai vu un Woody Allen et j’ai su que je voulais faire les deux. C’est à ce moment-là que j’ai trouvé son adresse à New York et que je suis allé faire le pied de grue en bas de chez lui. Je voulais le rencontrer. »

Pas barré, le jeune homme !

Plus tard, les choses se sont enchaînées. Il s’est mis à écrire. D’abord des chroniques érotiques dans le Nightlife. Et, de fil en aiguille, il y a eu Urbania, L’actualité et beaucoup, beaucoup de 7 jours et compagnie. Entré dans ce métier par la porte de l’écrit, il a vu celle du petit écran s’ouvrir à son tour. Sucré salé, Star système, Voir, jusqu’à Formule Diaz et Format familial.

La première émission s’inscrit dans son parcours culturel ; la seconde, conçue et animée par Sébastien et sa conjointe Bianca, est née d’un décalage entre ce que vivent les parents d’aujourd’hui et l’image que projettent d’eux les médias.

« Ça se termine en décembre. C’était prévu comme ça. On voulait un magazine télé qui parlerait des familles d’aujourd’hui. Peut-être que l’aventure se poursuivra. »

— Sébastien Diaz à propos de Format familial

Leur vie de parents à eux se passe plutôt bien. La petite Liv les suit partout, aux shows, sur les plateaux. Ce couple qui semble si soudé s’est rencontré « sur la job ». « On a d’abord eu un échange épistolaire, se souvient Sébastien. On s’écrivait de longs messages sur Facebook. On échangeait par écrit. On trouvait ça amusant de faire les choses à l’ancienne. On vient du même genre de milieu. Elle a grandi à Ville-Émard. Nos familles se ressemblent. »

ANGOISSÉ COMME WOODY ALLEN

Il bouge vite. Il parle vite. Mais il n’a pas l’air angoissé pour un type qui mène tant de projets de front. Erreur.

« Oui, je suis très angoissé. Peut-être est-ce pour ça que je m’identifie à Woody Allen. Plus jeune, je “cruisais” les filles en utilisant les répliques de ses films. Je m’identifie vraiment à lui. Ça se traduit, je crois, par un côté hyperactif. Mais là, j’apprends à mettre la pédale douce à cause de mon nouveau rôle de papa. En fait, l’angoisse, c’est la peur de manquer quelque chose, voire que quelque chose m’échappe. »

Même s’il adore la télé parce que tout y est plus rapide, le cinéma n’est pas encore tout à fait sorti de sa tête.

« Il y a deux ans, j’ai commencé à écrire un scénario de court métrage, en collaboration avec Olivier Kemeid, qui parlait de mon grand-père mexicain. Finalement, je veux en faire un roman graphique. C’est un projet très personnel. Une histoire assez folle. Il était très pauvre, évidemment, et son père à lui – mon arrière-grand-père, donc – a fait la Révolution mexicaine aux côtés de Pancho Villa. À un moment donné, il a été blessé. On lui a mis une sonde qui s’est brisée quand il est remonté sur son cheval et il est mort au bout de son sang. Mon grand-père, qui le suivait partout, s’est retrouvé orphelin et a littéralement frappé aux portes dans un village pour être adopté. Ça ferait, je crois, une belle BD pour adultes. »

Des projets, Sébastien Diaz en a plein la tête. Il a peut-être ralenti la cadence, mais il est loin de s’arrêter. Il rêve. Il ne croit pas à la mort du papier et compte bien fonder, par exemple, un magazine destiné à la famille. Il souhaite réaliser bientôt une road TV, une émission qui se passerait sur la route. Il rêve, dis-je… d’une boîte de production… et le musicien rock frustré qu’il est veut jouer dans un band.

Ça va, Speedy Gonzales ? On respire par le nez ?

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