Rondelle libre

Jack Eichel : un bon échange pour les deux clubs

Les bons directeurs généraux n’aiment pas gagner leurs échanges haut la main. Ils ne détestent pas les gagner, cela va de soi, mais flouer un collègue n’est jamais bon pour les affaires.

Celui-ci risque de se méfier lors des prochaines discussions et gagner trop d’échanges rendra vos autres confrères frileux. Pour la majorité d’entre eux, la fameuse « bonne transaction pour les deux équipes », comme on se plaît à le dire dans le milieu, demeure l’échange parfait.

À cet égard, les Sabres de Buffalo et les Golden Knights de Vegas ont réalisé ce type de transaction à la satisfaction des deux clans, en novembre 2021.

Jack Eichel a encore amassé un point mardi soir, son 16e en 14 matchs depuis le début des séries éliminatoires. Les Golden Knights ont battu les Stars pour la troisième fois consécutive et sont à une victoire de passer en finale pour la deuxième fois de leur courte histoire, amorcée en 2017.

Ce deuxième choix au total des Sabres en 2015, derrière Connor McDavid, est non seulement le meilleur compteur des Golden Knights en séries, il constitue le centre numéro un dont les Sabres ont rêvé en vain : explosif offensivement, responsable défensivement, avec du leadership et une abnégation exemplaires.

Non seulement Eichel était-il associé aux insuccès des Sabres, exclus des séries éliminatoires à ses six premières saisons à Buffalo, mais il était également au cœur d’une affreuse querelle avec la direction à propos de la solution médicale à choisir pour se rétablir de sa grave blessure aux vertèbres cervicales.

Même si Jack Eichel produisait à un rythme de 90 points au prorata d’une saison complète lors de ses deux dernières années à Buffalo, le divorce était inévitable.

Malgré toutes les belles qualités de Chandler Stephenson et de William Karlsson, les Golden Knights n’avaient pas de premier centre digne de ce nom. À 26 ans, Eichel allait rejoindre un noyau du même âge. Vegas a construit son équipe ainsi : en n’hésitant jamais à sacrifier des espoirs et des choix au repêchage pour acquérir des joueurs dans la force de l’âge.

Les Sabres et leur nouveau directeur général Kevyn Adams entamaient une nouvelle phase de reconstruction, après les désastres précédents, et Adams cherchait à rajeunir son groupe pour enfin lancer Buffalo sur la bonne voie.

Les Sabres ont reçu l’espoir Peyton Krebs, alors âgé de 20 ans, repêché deux rangs après Cole Caufield en 2019, le choix de premier tour des Knights en 2022, un choix de deuxième tour en 2023 et l’attaquant Alex Tuch, âgé de six mois de plus qu’Eichel.

Tuch, un colosse de 6 pi 4 po et 220 lb, originaire de Syracuse, ville située à un peu plus de deux heures de route de Buffalo, est non seulement devenu un bon leader pour les jeunes joueurs des Sabres, mais il s’est transformé en ailier de puissance. Il a amassé 79 points, dont 36 buts, la saison dernière.

Son salaire annuel de 4,75 millions jusqu’en 2026, en comparaison aux 10 millions de Eichel pour une durée semblable, permettait aussi à Adams de bénéficier d’une marge de manœuvre salariale intéressante pour l’avenir.

Krebs ne s’est pas encore développé comme on l’espérait, il a obtenu seulement 26 points en 74 matchs l’hiver dernier, mais il vient d’avoir 22 ans.

Avec le choix de premier tour, les Sabres ont repêché le centre suédois Noah Östlund au 16e rang. Il vient de connaître une saison de 26 points en 37 matchs à Djurgardens à seulement 18 ans (il a eu 19 ans en mars).

Il se trouve dans l’entourage du club-école pendant les séries éliminatoires de la Ligue américaine en compagnie du Québécois Olivier Nadeau, des Olympiques de Gatineau, un choix de quatrième tour des Sabres en 2021, mais il n’a pas encore choisi sa destination en prévision de l’an prochain.

Kelly McCrimmon, des Golden Knights, et Kevyn Adams, des Sabres, dans leur contexte propre à chacun, réaliseraient le même échange 18 mois plus tard.

La décision d’Adams permettra peut-être à Vegas de remporter une première Coupe Stanley, mais les Sabres seraient probablement encore dans un cul-de-sac avec un capitaine malheureux. Ils ne visaient pas la Coupe cette année de toute façon, mais d’ici cinq ans.

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