Les vins de la semaine

Boire le monde

En ces temps de confinement, tout peut nous paraître exotique : même ce qui est proche est temporairement hors de notre portée. Raison de plus pour voyager à travers le vin ! Sa capacité à nous transporter ailleurs est d’autant plus appréciée en ces temps d’isolement. Trois suggestions à prix plus élevé, parce que c’est bien le moment de se gâter (ou ceux autour de nous) si on le peut. En janvier, recommandations de vins à prix doux, c’est promis !

Sauternes lumineux

Tout ici est exotique : l’intensité du parfum, les accents de fruits confits et d’épices orientales, la richesse de la texture, étoffée, soyeuse. Et pas de l’exotisme fabriqué. Tout au contraire, ce grand vin de Sauternes est élaboré de façon très naturelle, avec un travail minutieux à la vigne, des rendements minuscules, des fermentations indigènes, de longs élevages et jamais, au grand jamais, de chaptalisation, pratique malheureusement trop commune dans la région. Une couleur profonde, cuivrée, un nez somptueux et une bouche d’une richesse décadente, mise en relief par de délicats amers et une impression de luminosité. Il accompagnera bien sûr les classiques roquefort ou foie gras (sur pain d’épices !), mais aussi un homard à la vanille ou au safran, un canard à l’orange, une volaille aux carottes et au gingembre, un curry. Et l’accord avec des huîtres fraîches, surprenant, est délicieux !

Cru Barréjats Sauternes 2004, 53 $ (12958881), 13,5 %, 500 ml

Garde : de 15 à 20 ans (facile !)

Tout en finesse

Le muscat, cépage ancien, a une progéniture nombreuse. Des dizaines de cépages en portent le nom, et se déclinent en blanc, doré, rose ou rouge. Le plus ancien est le muscat blanc à petits grains. Souvent vinifié en vin doux, il est plus difficile à réussir en sec. Ses arômes exubérants et son acidité modérée le rendent parfois un peu pataud. Mais quelle finesse ici dans ce muscat issu de vignes en altitude dans le village de Chambave, au pied des Alpes, aux confins de l’Italie, de la France et de la Suisse. Des arômes intenses, mais très fins, de jasmin, de rose et d’épices, d’orange et de raisins frais ouvrent le bal. La bouche, tout aussi fine et élégante, est parfumée, élancée, avec de légers amers qui lui apportent relief et fraîcheur. Pour l’apéritif, avec melon et prosciutto, ou avec un poisson au pamplemousse ou à la citronnelle et à la noix de coco.

La Crotta di Vegneron Chambave Muscat Vallée d’Aoste 2019, 26,80 $ (14538848), 14 %

Garde : de 1 à 2 ans

Sec et savoureux

La Californie n’est peut-être pas un pays exotique, mais son cépage chouchou, le zinfandel, l’est sûrement : il en a parcouru du chemin ! Les premières vignes plantées aux États-Unis sont arrivées d’une collection autrichienne. Ces vignes venaient du sud de l’Italie, où le cépage est cultivé sous le nom de primitivo, mais son origine première est en Croatie, sous le nom de tribidrag. Aujourd’hui ,c’est bel et bien en Californie qu’il est le plus cultivé. Celui-ci en a les arômes classiques, des tonnes de fruits, figues et raisins secs, cassonade, romarin, épices, sans tomber dans la caricature de la bombe de fruit. Très sec et savoureux, il fait preuve de complexité et de matière, avec des tanins modérés, fermes, qui donnent de la structure à l’ensemble. Un classique pour les viandes braisées ou en sauce barbecue, c’est aussi un très bon choix pour les saveurs exotiques de la cuisine nord-africaine, comme dans un tajine ou un couscous.

Easton Zinfandel Amador County 2014, 29,25 $ (897132), 14,5 %

Garde : de 2 à 4 ans

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