Tournage de La face cachée du baklava

Drôle de choc 

Après quelques films dramatiques, la cinéaste Maryanne Zéhil se lance dans la comédie. Avec pour thème le choc des cultures. La réalisatrice et les comédiens Claudia Ferri, Jean-Nicolas Verreault et Geneviève Brouillette en discutent avec La Presse, qui a visité le plateau de tournage.

Dans le salon d’une jolie maison tout en boiseries du chemin de la Côte-Sainte-Catherine, « le party est pogné », comme on dit en bon québécois.

Le comédien Manuel Tadros fait bouger et chanter la douzaine de collègues, libanais et québécois, qui l’entourent en chantant et en tapant des mains. Une comédienne déniche un tabouret et s’en sert comme tambour. On chante, on danse, on crie, on s’amuse… en attendant que le tournage du film La face cachée du baklava de Maryanne Zéhil reprenne.

« Ne vous agitez pas trop parce qu’il faudra reprendre les maquillages », lance un des dirigeants du plateau, mi-blagueur, mi-préoccupé.

Enjoué, le plateau de tournage du film ? Et comment ! Sans doute à l’image du scénario racontant l’histoire de Houwayda (Claudia Ferri) et de son mari Pierre (Jean-Nicolas Verreault), deux universitaires très amoureux l’un de l’autre, mais qui font face à un choc des cultures qui provoquera flammèches, tensions et rires dans la famille.

En quelques mots, Houwayda, Libanaise d’origine, croit vivre totalement à l’occidentale jusqu’au jour où Émilie (Geneviève Brouillette) lui propose un poste à l’université. Houwayda réalise alors qu’elle a conservé ce côté traditionnel de rester à la maison et de s’occuper de son mari.

Demeurée profondément ancrée dans ses valeurs traditionnelles, sa sœur Joëlle (Raïa Haïdar) organise un brunch où toute la famille libanaise élargie est invitée. Cela dans l’espoir que Houwayda ne prenne pas le job de professeur de littérature comparée.

Pourquoi la comédie ? Pour désamorcer ce « malaise universel » du choc des cultures, dit Maryanne Zéhil, mais aussi pour rappeler que les Arabes sont des gens drôles.

« J’ai entendu trop de commentaires désobligeants sur les Arabes, dit-elle. Je me suis dit que je devrais peut-être donner la version que je connais d’eux. Les Arabes sont des gens comiques, drôles, parfois même un peu trop “almodovariens” », une référence au célèbre réalisateur espagnol.

« Almodovarien » comme dans « drama queen » ? Exactement, répond Mme Zéhil.

Acceptation, tolérance et humanité

« Le film traite de sujets importants : la différence, l’acceptation, la tolérance, le respect de l’autre, résume de son côté la comédienne Claudia Ferri, une Québécoise de souche dont le père est né en Italie et à qui Mme Zéhil a offert le rôle sans audition parce qu’elle « est très méditerranéenne et [que] son physique est libanais à 100 % ».

Vous suivez toujours ?

Claudia Ferri s’amuse du fait que son personnage est moins affranchi de sa famille qu’il ne veut le croire. 

« Houwayda essaie de prendre ses distances de la culture de sa famille qui lui colle à la peau comme un baklava. »

— Claudia Ferri, au sujet de son personnage

« Dans la scène que nous tournons aujourd’hui, elle est un peu à boutte [prononcez à la québécoise] parce qu’on lui a imposé ce brunch familial », poursuit-elle. 

Tant Geneviève Brouillette que Jean-Nicolas Verreault confient de leur côté que le fil conducteur du film leur rappelle le succès hollywoodien My Big Fat Greek Wedding de Joel Zwick (réalisation) et Nia Vardalos (scénario), sorti en 2002. « C’est la première chose à laquelle j’ai pensé », dit Geneviève Brouillette.

« J’aime ce côté latin sympathique et bordélique de tous les personnages. Le film de Maryanne a beaucoup d’humanité. »

— Geneviève Brouillette, qui incarne Émilie

Mme Brouillette, qu’on a vue dans les comédies Nuit de noces et Père et fils au cinéma, se réjouit du rôle de trouble-fête de son personnage. « Le plan de Houwayda est de s’occuper de son mari et Émilie lui fait réaliser qu’elle a un doctorat et devrait s’en servir. Mon personnage apporte une vision féministe dans ce couple et cette famille. »

Quant à Pierre, il est plutôt à l’aise dans sa position d’homme dorloté à la maison, confie son interprète Jean-Nicolas Verreault.

« C’est pour cela qu’il n’est pas trop réfractaire à cette gang qui débarque chez lui, dit-il à propos de l’entourage libanais de sa femme. Il est bien dans le fait de se faire un peu materner. C’est un intellectuel, un gars brillant, mais il est un peu grand ado attardé. »

Quel chemin prendra Houwayda ? On le saura à la sortie du film !

Le tournage de la portion québécoise se terminera dans quelques jours, après quoi une équipe réduite se déplacera à Montpellier, en France, pour filmer quelques séquences.

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