COMMANDITÉ

TriCycle : les insectes, une solution au gaspillage alimentaire ?

Des insectes dans l’assiette : pourquoi pas ? C’est le pari que propose TriCycle, une petite entreprise spécialisée en entotechnologie, soit l’approche technologique de la production d’insectes, qui place le développement durable et la valorisation des résidus agroalimentaires au cœur de ses opérations.

Son objectif ? Lutter contre le gaspillage alimentaire à l’aide des insectes. Portrait d’une entreprise grouillante d’activité.

Repenser la chaîne alimentaire

Le couple formé par Alexis Fortin, expert en gestion des matières résiduelles, et Louise Hénault-Ethier, professeure associée à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) du Québec et spécialiste des insectes, en a long à dire sur le gaspillage alimentaire.

« On avait envie de trouver une nouvelle façon de valoriser des résidus alimentaires encore très riches et d’ajouter une étape à leur cycle de vie utile afin d’en tirer un maximum de bénéfices, avant d’arriver au compost. Les insectes nous permettent ça, et c’est là qu’est née notre entreprise, TriCycle. »

— Alexis Fortin, cofondateur et directeur Opérations et technologies

Des bienfaits pour l’environnement

L’entotechnologie de TriCycle est simple : elle consiste à créer un élevage d’insectes entièrement à partir de résidus agroalimentaires. Parmi les fournisseurs de l’entreprise se trouvent des boulangeries (résidus de fabrication de farine), des microbrasseries (drèche fraîche et déshydratée) et des fabricants de jus (pulpe de légumes et fruits).

Ces résidus sont utilisés pour nourrir les ténébrions, qui deviendront des scarabées et dont les larves seront ensuite transformées en farine, en poudre protéinée, en gâteries pour animaux et même en engrais d’horticulture. En tout et pour tout, le cycle s’étale sur environ 12 semaines.

« Nous n’avons pas la prétention de penser que nous allons remplacer toutes les viandes, explique Alexis Fortin. Cependant, nos produits sont une source de protéines intéressante dans un contexte d’autonomie alimentaire. »

En effet, sa production en circuit court lui confère un avantage manifeste en matière d’émissions de gaz à effet de serre (GES) lorsqu’on compare le tout avec d’autres types de protéines animales. La proposition de TriCycle est donc un coup de pédale fort audacieux en matière de développement durable.

Surmonter les préjugés

Or, le cofondateur de TriCycle se désole de voir encore beaucoup de gens associer les insectes à la saleté et se montrer réticents à en faire l’essai, d’autant plus que ce serait complètement faux dans un contexte d’élevage où la salubrité des opérations est étroitement contrôlée… encore davantage que dans beaucoup d’autres milieux agroalimentaires, selon lui.

« Notre rôle, c’est de déconstruire cette perception, aussi persistante soit-elle. Quand on y pense, une crevette, ce n’est pas spécialement appétissant non plus. Comme quoi c’est simplement une question d’habitude ! » fait-il valoir.

L’autre défi à surmonter ? Le goût. « On a envie de montrer que des aliments à base d’insectes, ça peut être bon. C’est entre autres pour cette raison que nous avons mis en marché des craquelins à saveur de barbecue. On ne voit pas la différence avec d’autres types de craquelins, bien honnêtement ! » ajoute Alexis Fortin.

La prochaine destination de TriCycle

L’entreprise ouvrira bientôt une deuxième ferme d’élevage en territoire agricole de la région montréalaise, avec un objectif de huit lieux de transformation d’ici 2028.

« On ne souhaite pas que ce soit un « trip » à essayer une seule fois. On a envie que les gens adoptent nos produits et qu’ils fassent partie de leur quotidien. »

— Alexis Fortin, cofondateur et directeur Opérations et technologies

L’alimentation et l’environnement en chiffres

4 % des émissions totales de GES proviennent du gaspillage alimentaire. C’est plus que celles qui sont liées aux transports maritime, aérien et ferroviaire réunis.

18 % des GES2 sont émis par l’élevage d’animaux destiné à l’abattage.13 % des aliments perdus ou gaspillés au Québec découlent de la viande et de la volaille, ce qui équivaut à 59 % des émissions de GES de l’ensemble des aliments perdus ou gaspillés1.

3e plus gros producteur : si le gaspillage alimentaire était un pays, il serait le troisième plus gros producteur de GES du monde, après la Chine et les États-Unis1.

Environ 25 % de toute l’eau utilisée en agriculture est nécessaire pour permettre la production de cette nourriture perdue ou jetée chaque année1.

x 2 : la consommation mondiale de viande est appelée à doubler d’ici 2050.

1,4 milliard d’hectares de terre sont inutilement occupés par la nourriture produite et non consommée, soit l’équivalent de la superficie de l’Inde et du Canada réunis.

1Source : Recyc-Québec https://www.recyc-quebec.gouv.qc.ca/citoyens/mieux-consommer/gaspillage-alimentaire/

2Source : David Suzuki Foundation https://davidsuzuki.org/living-green/food-climate-change/

3Source : World Economic Forum https://www.weforum.org/whitepapers/meat-the-future-series-alternative-proteins et Nations unies https://press.un.org/en/2009/gaef3242.doc.htm

4Source : Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) https://iris-recherche.qc.ca/blogue/environnement-ressources-et-energie/en-un-graphique-le-gaspillage-alimentaire-sur-la-planete/

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