Un « flagrant manque de respect »

Les Condors du cégep Beauce-Appalaches s’excusent d’avoir détruit le trophée du Bol d’Or

Québec — Accusés d’avoir détruit le trophée du Bol d’Or et de s’en être vantés sur les réseaux sociaux, les Condors du cégep Beauce-Appalaches, champions de la troisième division du football collégial, regrettent leur « flagrant manque de respect ».

Mercredi matin, l’équipe de football de la Beauce a envoyé une lettre d’excuses à l’autre équipe finaliste en D3, les Gaillards de Jonquière, au Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ) ainsi qu’à toutes les équipes du réseau pour présenter leurs « plus sincères excuses ».

Dans la missive, dont Le Soleil a obtenu copie, les Condors font leur mea culpa en réaction avec la destruction du trophée du Bol d’Or, survenue dans la nuit de samedi à dimanche. Ils insistent surtout sur la publication d’images de cette opération de destruction sur les différentes plateformes.

« Nous comprenons mieux, maintenant, l’importance de rester humbles face à la victoire, écrivent les étudiants-athlètes du cégep Beauce-Appalaches. Nous sommes conscients qu’il est impératif de demeurer respectueux envers l’équipe adverse, sans laquelle la partie ne pourrait avoir lieu. Cet évènement nous apprend aussi à garder les célébrations à l’interne ; et que les réseaux sociaux sont un endroit où il faut toujours rester vigilant et respectueux. Cette expérience nous fait grandir et l’apprentissage fera de nous de meilleurs individus. »

Les agissements des champions ont dégoûté les dirigeants des Gaillards, qui ont réagi par la bouche de leur entraîneur dans Le Quotidien.

« Je comprends qu’ils sont jeunes, mais on a affaire à des jeunes qui ont perdu le fil de la réalité, a déploré François Laberge, l’entraîneur jonquiérois. Un trophée, il y a quelqu’un qui l’a gagné avant toi et il y a quelqu’un qui va le gagner après. Sois juste content et fais des trucs [sympathiques]. »

De la « déception »

La direction du cégep Beauce-Appalaches, par l’entremise de son directeur des études et de la vie étudiante, Jean-Philippe Vachon, ne cache pas l’énorme déception qu’a causée la démolition du trophée, brisé par morceaux et même fondu.

« Il y avait beaucoup de déception dans les visages », a raconté M. Vachon à propos de la rencontre tenue par la direction de son établissement avec les joueurs et entraîneurs des Condors, lundi.

« Dans ce type d’histoire là, c’est une poignée d’individus qui fait une niaiserie et c’est tout le monde qui écope. Il y avait plusieurs joueurs qui étaient déçus, qui ont travaillé fort depuis deux ans pour gagner deux Bols d’Or. Ils devraient être en train de [fêter leur exploit] alors qu’on ne parle que de ce qui est arrivé après. Tout le monde est déçu de ça. »

Le cégep Beauce-Appalaches, qui a invité ses joueurs à prendre la plume et à écrire des lettres d’excuses, affirme vouloir faire la lumière sur ce dossier. Ses dirigeants assurent que la facture des frais de remplacement du trophée sera assumée par les membres du club de football.

« On continue notre petite enquête à l’interne pour savoir ce qui s’est passé et qui a causé ça, explique M. Vachon. On n’a pas encore toutes les informations, mais on reçoit des images, on reçoit des trucs. Ce qu’on sait, c’est que c’est un certain nombre d’individus très restreint, il y a des gens là-dedans qui sont dans l’équipe, mais d’autres qui n’en font pas du tout partie ou qui sont dans l’entourage de l’équipe. On pourra ensuite faire les bonnes actions. »

Les activités prévues pour souligner la victoire ont été annulées et « d’autres sanctions sont attendues », explique le cégep par voie de communiqué.

Le RSEQ prendra le temps

Au RSEQ, Gustave Roel, joint par le plus vieux quotidien de la capitale, préférait demeurer prudent, affirmant que « ça va prendre un certain temps » avant de connaître la suite du dossier.

Il est toutefois assuré que la destruction du trophée serait discutée lors de la prochaine rencontre du conseil d’administration de l’organisation qu’il représente, le 7 décembre prochain.

« On aura assurément une réaction, mais on va prendre le temps. Il n’y a pas d’urgence, car si on se fie aux réseaux sociaux, le trophée a été détruit… »

— Gustave Roel, du RSEQ

Roel avoue avoir « tout vu et tout entendu » dans les dernières heures.

« Est-ce que les actions commises après ont un impact sur le match en soi ? Est-ce que c’est une question d’éthique ? Est-ce que c’est lié au comité de déontologie que nous avons, est-ce une atteinte à la propriété du Réseau, il y a beaucoup de questions. Pour l’instant, je ne donnerai pas d’opinion, nous allons laisser la démarche suivre son cours. »

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