Italie

À Milan, l’espoir d’un temps nouveau

Il y a quatre mois, les yeux du monde entier étaient tournés vers l’Italie, où la COVID-19 s’était répandue comme un feu de brousse et avait fait un nombre choquant de victimes, surtout dans le nord du pays. À ce jour, on compte dans la grande botte quelque 60 000 morts, dont plus de 15 000 en Lombardie.

C’est dans cette région du pays, à Milan pour être plus précis, que se trouve le siège du magazine de rue Scarp de’ tenis. En avril dernier, nous avons parlé à Stefano Lampertico, l’éditeur de la publication vendue dans la rue par des camelots, tout comme L’Itinéraire. À l’instar de tous les journaux de rue du monde, la pandémie a renvoyé les camelots chez eux (pour ceux et celles qui avaient un chez-soi) et la vente dans la rue a été suspendue.

« Nous sommes en confinement depuis le 28 février, nous informait alors Stefano. Les impacts sur les gens sont terribles. Ils en ont marre, surtout ceux qui vivent dans de petits logements. Tout est fermé. On a du mal à s’approvisionner à l’épicerie quand on fait nos courses en ligne. »

« À Milan, c’est le calme plat, c’est un désert depuis le début mars. Le métro est fermé. On ne peut presque pas sortir. Et quand je descends porter les déchets, je porte masque et gants tellement je crains ce virus. »

— Stefano Lampertico, éditeur de Scarp de’ tenis

Lors de notre première conversation, nous l’informions que le Québec comptait à ce moment-là 800 morts. « Nous avons 800 morts par jour ! s’était-il exclamé. Le virus fait des victimes sans discrimination d’âge ou de statut. Mais je suis heureux de dire que ma propre grand-mère de 107 ans a été épargnée. »

Camelots sur la touche

Par ailleurs, la moitié des 120 camelots disséminés partout en Italie se trouvent à Milan. Et la majorité des points de vente de ceux-ci sont devant les églises. Or, les lieux de culte sont fermés et ne rouvriront vraisemblablement pas avant la première semaine de juin. L’équipe du magazine fait tout son possible pour leur venir en aide.

Dès le début du confinement, l’équipe éditoriale a décidé de publier et de vendre le magazine en ligne. Et puis finalement, en mai, Scarp de’ tenis était imprimé à tirage limité et vendu dans un kiosque mobile. Mais les ventes sont minimes, se désole l’éditeur. « Ce qui importe, c’est que nous montrons aux gens que nous sommes toujours là. »

Les camelots sont fins prêts à reprendre le boulot. Cependant, triste nouvelle, Claudio, un camelot de longue date, a été emporté par le virus. « Inquiet de ne pas avoir de ses nouvelles, un membre de l’équipe est allé cogner à sa porte et, n’ayant pas de réponse, il a appelé la police. On l’a découvert mort. Il est décédé seul, déplore-t-il. Et pourtant, il n’était pas ce qu’on peut qualifier d’à risque. »

Espoir du retour

À la fin mai, le confinement se desserrait tranquillement à Milan. Stefano Lampertico affirmait d’ailleurs avoir pu se faire couper les cheveux chez le barbier, un simple plaisir qui lui a fait du bien.

Quant à la reprise des activités du magazine, il se montrait d’un optimisme prudent. Son équipe et lui en étaient d’ailleurs aux préparatifs : les locaux du magazine ont été nettoyés de fond en comble, des plexiglas installés, des mesures sanitaires mises en place. Ne restera plus que le retour des camelots. Quand ? « On espère en juin, mais on ne le sait pas encore », avance-t-il.

Selon l’éditeur de Scarp de’ tenis, s’il y a un bon côté à cette pandémie, c’est qu’on aura une meilleure perspective sur l’avenir. « Nous pourrions prendre le temps de vivre plus simplement. Le moins bon côté, c’est que nous avons perdu la chaleur de se retrouver entre amis, à toute heure du jour. La proximité, c’est très italien. »

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