LE PRIX DU DERNIER CRI

Notre propension à vouloir remplacer téléphone, ordinateur et téléviseur par le modèle dans le vent fait monter en flèche la quantité de déchets électroniques que nous produisons. Et génère, du même coup, un important problème environnemental qui échoie en partie à des pays en développement mal équipés pour y faire face. La Presse s’est rendue au Ghana pour prendre la mesure du phénomène.

La Presse au Ghana

Naufrages de la modernité

ACCRA — « Avant, c’était une zone de terres humides verdoyante ici. L’endroit était magnifique », dit Mike Anane.

Ce militant ghanéen spécialisé dans les questions environnementales parle sérieusement, mais il est difficile de le croire en considérant le gouffre qui existe entre son souvenir et l’apparence actuelle des lieux qu’il décrit.

Le dépotoir d’Agbogbloshie, en banlieue d’Accra, n’a strictement rien d’idyllique.

Des déchets de toute nature jonchent le sol sur une étendue de terre dégarnie qui jouxte une petite rivière aux eaux stagnantes et puantes.

Le sol, sur une zone étendue, est calciné par des feux libérant une épaisse fumée noire qui s’étend de menaçante façon jusqu’au bidonville voisin.

Les commerçantes attroupées le long de la principale artère de l’agglomération ne prennent aucune disposition pour protéger les tomates et les autres légumes offerts aux passants. La fumée en question est pourtant toxique, chargée de dioxines libérées par l’activité des « brûleurs » du dépotoir qui entretiennent les feux.

La plupart d’entre eux sont de jeunes hommes venus du nord du pays, fuyant la misère économique et les tensions ethniques.

Des jeunes comme Mohammed Awal, qui tente de gagner sa vie en récupérant le cuivre contenu dans les fils que ses « clients » lui confient.

« Ce n’était pas facile quand je suis arrivé ici… mais j’ai fini par m’y faire. Je réussis à faire assez d’argent pour faire vivre ma femme et notre enfant et parfois aider mes parents », note-t-il.

FUMÉE TOXIQUE

Pour faire fondre les gaines de plastique qui recouvrent le métal, les « brûleurs » utilisent toutes sortes de combustibles, plus toxiques les uns que les autres.

De la mousse isolante tirée d’électroménagers désuets et des pneus sont balancés dans les flammes sans autre considération. « Je sais que la fumée libérée est dangereuse », note Mohammed, qui évoque des séances d’hospitalisation, des maux de tête à répétition, des nausées.

Les fils qu’il brûle sont extirpés d’appareils électroniques et électriques en tout genre qui sont mis en pièce dans une autre section du dépotoir.

D’autres jeunes hommes, armés de pics et de marteaux, démontent péniblement les appareils qui leur sont fournis et forment des ballots qui sont ensuite transportés, sur la tête, à l’aide d’écrans d’ordinateur évidés, vers les feux.

Ces écrans évidés servent aussi de bancs de fortune aux occupants du dépotoir qui forment, malgré le chaos apparent, une chaîne économique bien structurée.

PROVENANCE DOUTEUSE

La provenance des appareils transformés, elle, est moins claire. Mike Anane, à l’instar d’organisations écologistes comme Greenpeace, maintient qu’une part importante des déchets électroniques transformés à Agbogbloshie sont exportés illégalement de pays occidentaux.

« J’en ai trouvé de partout dans le dépotoir, y compris du Canada. J’ai même déjà vu des ordinateurs provenant de l’Agence de protection environnementale américaine (EPA) », souligne le militant, qui dit avoir reçu beaucoup de menaces.

« Je sais que je dérange du monde en dénonçant la situation ici. C’est criminel, ce qui se passe, et je ne vais pas arrêter de le crier haut et fort parce que c’est dangereux pour la population. »

— Mike Anane, militant écologiste ghanéen

Des études menées au cours des dernières années sur le sol du dépotoir ont démontré des taux de contamination au plomb largement supérieurs au seuil jugé sûr. Et la zone touchée s’étend désormais largement au-delà des limites du dépotoir lui-même.

« PETIT » DÉPOTOIR, GROS PROBLÈMES

Adam Minter, qui a visité plusieurs dépotoirs de la planète pour écrire un livre intitulé Junkyard Planet, doute de l’importance d’Agbogbloshie comme lieu d’exportation de déchets électroniques étrangers même si l’endroit est souvent évoqué par les organisations écologiques pour illustrer le phénomène.

Le dépotoir, note-t-il en entrevue, est trop petit pour permettre le traitement de volumes importants de déchets électroniques. Et plusieurs des personnes qui y travaillent, dans des conditions souvent lamentables, se consacrent à d’autres activités, comme le recyclage de voitures ou la récupération de plastiques.

« Ne vous méprenez pas sur ce que je dis. Agbogbloshie est une abomination. Ce qui se passe là-bas a un impact dévastateur pour l’environnement et la santé des gens, mais l’endroit n’a pas l’importance qu’on lui donne » en matière de déchets électroniques, relève-t-il.

Une étude menée en 2011 en collaboration avec l’Union européenne a conclu que 10 % des 210 000 tonnes métriques de produits électroniques et électriques importés de l’étranger en 2009 au Ghana étaient des déchets. L’évolution subséquente de la situation est mal documentée. La convention de Bâle, qui régit l’exportation de déchets dangereux, interdit formellement cette pratique.

Les personnes qui travaillent aujourd’hui dans le dépotoir ont souvent une idée plus ou moins claire de la provenance des produits qu’ils traitent.

Certains font valoir qu’une partie importante des appareils proviennent du Ghana et sont recueillis par des recycleurs locaux qui vont de porte en porte à la recherche de vieux téléviseurs et d’ordinateurs en fin de parcours. D’autres évoquent des envois de pays étrangers.

L'EMPLOI OU L'ENVIRONNEMENT

Baba, recycleur rencontré dans le dépotoir, emploie quelques personnes qui démontent pour lui de vieux appareils en vue de récupérer les pièces fonctionnelles.

« On a des processeurs, des cartes mémoire, des disques durs à vendre », se félicite le commerçant qui disposait dans un conteneur de dizaines de vieux ordinateurs lors du passage de La Presse en décembre.

« Il y en a qui viennent de Chine, de Grande-Bretagne, de Singapour… On nous les envoie comme des déchets et on les démantèle », note l’homme de 35 ans, qui a des sentiments partagés par rapport à cette pratique.

« D’un côté, ça aide à créer des emplois. De l’autre, ça pollue notre environnement », souligne Baba.

« Si le gouvernement veut que l’on arrête, il faut créer d’autres emplois. Personne ne veut perdre son gagne-pain. »

— Baba, recycleur de produits informatiques

L’enjeu est de taille dans un pays en difficulté où le taux de chômage atteint près de 40 %. Une étude produite en 2010 a conclu qu’entre 6000 et 9000 personnes travaillaient au Ghana dans le secteur informel de « recyclage » des produits informatiques.

Selon Mike Anane, cette réalité n’est pas étrangère à l’attitude du gouvernement ghanéen, qui tarde à mettre en place un projet de loi visant à mieux réguler le flux de produits électroniques en provenance de l’étranger.

« Il y a beaucoup d’inquiétude par rapport à la situation, mais c’est difficile d’agir. Et le pays a beaucoup d’autres problèmes à régler », note-t-il.

Un problème planétaire

Dans un monde idéal, l’ensemble des déchets électroniques générés dans un pays donné serait récupéré et recyclé localement par des procédés sûrs et bien encadrés. Le monde réel est cependant à des années-lumière de ce fantasme.

Le pourcentage des appareils de cette catégorie effectivement traités en fin de vie par des entreprises certifiées ne représente, dans nombre de pays développés, qu’une fraction marginale du total généré, généralement inférieure à 50 %.

Une partie importante des produits qui ne sont pas recyclés dans le réseau officiel sont traités sans égards aux normes ou se retrouvent directement dans les terrains d’enfouissement. Une autre fraction est exportée illégalement, parfois à destination de pays en développement qui n’ont souvent pas la capacité de les traiter adéquatement, ce qui entraîne des risques sanitaires importants.

Les Nations unies, dans un rapport paru en avril dernier, estiment que 41,8 millions de tonnes métriques de déchets électroniques et électroniques ont été générées en 2014.

Moins d’un sixième de ce total aurait été recyclé convenablement. Le taux estimé varie largement d’un continent à l’autre, oscillant entre 10 % et 40 %, le Canada et les États-Unis figurant dans le groupe de queue (voir lien ci-joint).

ACTIVITÉS OCCULTES

Le pourcentage de déchets électroniques et électriques exportés est difficile à évaluer puisqu’une part importante de ce trafic est fait en cachant la nature exacte des produits transmis.

Dans un rapport produit l’année dernière sur le commerce illégal de déchets électroniques et électriques en Europe, Interpol estime que 700 000 tonnes métriques sur un total de 9 millions de tonnes générées, soit 14 %, auraient été exportées illégalement hors du continent. L’organisation note qu’une fraction importante de ces exportations peuvent être réutilisées ou réparées, ce qui réduirait le pourcentage de déchets proprement dits sous la barre des 5 %.

Tom Dowdall, militant de Greenpeace, note que des entreprises malhonnêtes utilisent les trous existants dans la convention de Bâle, qui régit l’exportation de produits dangereux, pour berner les autorités.

« Ils étiquettent les appareils comme des produits de seconde main fonctionnels – dont l’exportation est théoriquement permise – alors qu’il s’agit en fait de déchets. » 

— Tom Dowdall, militant de Greenpeace

Parfois, les exportateurs soudent carrément les portes des conteneurs de manière à compliquer le contrôle de leur contenu. Sans compter que nombre de pays en développement n’ont pas les ressources requises pour inspecter adéquatement ce qui entre sur leur territoire.

« Les entreprises qui trichent courent peu de risques d’être attrapées et sont peu susceptibles d’être sanctionnées le cas échéant », relève-t-il.

LA TENTATION EST GRANDE

L’appât du gain est le moteur de cette pratique. Certaines firmes qui bafouent la loi sont payées pour recycler les produits qu’elles recueillent contre argent sonnant et réduisent leurs coûts réels en envoyant ces déchets sans autre précaution dans des pays pauvres.

Le trafic est aussi alimenté par la récupération potentielle des métaux de valeur – cuivre, aluminium et métaux rares – contenus dans les appareils. À titre indicatif, les Nations unies calculent que les déchets électroniques et électriques générés en 2014 à l’échelle de la planète contenaient des métaux, du plastique et d’autres biens d’une valeur approximative de plus de 70 milliards de dollars.

Même des firmes officiellement reconnues par les autorités locales sont susceptibles de céder à la tentation de l’illégalité.

Il y a quelques années, M. Dowdall en a fait la démonstration en participant à une enquête où des GPS ont été placés dans des téléviseurs défectueux qui ont ensuite été confiés à des recycleurs autorisés en Grande-Bretagne. « On a réussi à suivre l’un des appareils jusqu’au Nigeria », relate-t-il. D’autres se sont retrouvés au Viêtnam, au Pakistan ou encore au Ghana.

Le journaliste Adam Minter, qui a écrit un ouvrage de référence sur la question du recyclage et de la récupération, estime que la convention de Bâle régissant l’expédition de déchets dangereux est trop restrictive et ne tient pas compte du fait que certains pays – comme la Chine – disposent aujourd’hui d’infrastructures leur permettant de récupérer efficacement les parties de valeur des biens électroniques.

Ils sont aussi bien outillés pour remettre en état des appareils désuets, permettant à une part importante de la population d’accéder à coût réduit à des technologies qui demeureraient inaccessibles à plein prix.

« Interdire l’exportation d’appareils électroniques qui peuvent être réparés dans les pays en développement nuit à l’environnement et aux communautés locales et freine l’action des gens qui souhaitent réduire l’écart technologique existant entre pays riches et pauvres. » 

— Adam Minter, journaliste spécialisé

DISCOURS ÉCOLOGISTE MIS EN DOUTE

Selon le journaliste établi en Malaisie, les données crédibles relativement à l’exportation illégale de déchets électroniques sont relativement rares, mais elles tendent toutes à suggérer que le problème est exagéré par les organisations écologistes.

« Il semble que les déchets électroniques générés dans les pays développés tendent à demeurer dans les pays développés », affirme-t-il.

La destination la plus probable des produits qui ne sont pas récupérés par les programmes officiels en place est le dépotoir, ajoute M. Minter.

Ultimement, relève l’auteur, la meilleure manière de contrer la production de déchets électroniques reste de réduire sa consommation, ce que peu de gens semblent disposés à faire.

Selon les Nations unies, plus de 50 millions de tonnes de déchets électroniques et électriques seront générées en 2018, en hausse de 20 % par rapport à 2014. Et rien ne laisse entrevoir une inversion prochaine de cette tendance haussière.

« Le modèle de consommation actuel veut que l’on achète de plus en plus d’appareils de plus en plus vite sans se préoccuper du fait qu’à l’arrivée, ça mène à la production de quantités énormes de déchets qui aboutissent dans des dépotoirs un peu partout », note M. Dowdall.

« Nous n’avons pas besoin d’un nouveau téléphone chaque année, mais c’est ça qu’on nous vend comme idée. C’est intenable », conclut-il.

Des millions de tonnes au rebut

QUANTITÉ DE DÉCHETS ÉLECTRONIQUES ET ÉLECTRIQUES GÉNÉRÉS EN 2014

Poids total (en millions de tonnes)

Poids par habitant (en kg par habitant)

Asie 16 3,7

Afrique 1,9 1,7

Amériques 11,7 12,2

Europe 11,6 15,6

Océanie 0,6 15,2

Source : Nations unies

Provenance des déchets électriques et électroniques (sur un total de 41,8 millions de tonnes)

12,8 millions de tonnes de petit équipement (caméras vidéos, grille-pains, fours à micro-ondes, etc.)

11,8 millions de tonnes d’équipement massif (machines à laver, sécheuses, lave-vaisselle, etc.)

7 millions de tonnes d’équipement de climatisation

6,3 millions de tonnes d’écrans

3 millions de tonnes d’IT (téléphones portables, calculateurs, ordinateurs personnels, etc.)

1 million de tonnes d’ampoules

Déchets électroniques

Le Québec dans le flou

Alors que les États riches sont pressés de faire plus pour freiner leur accumulation et leur possible exportation, des données recueillies par La Presse indiquent que le Québec perd toujours la trace d’une fraction importante des déchets électroniques générés sur son territoire.

La province se dit incapable d’apporter de précision à ce sujet car aucune évaluation du taux de récupération annuel des déchets électroniques n’a encore été faite, quatre après le lancement d’un programme de récupération d’envergure chapeauté par l’industrie.

L’Association pour le recyclage des produits électroniques (ARPE) – qui gère le programme sous la direction de Recyc-Québec – s’est contentée jusqu’à maintenant de préciser le nombre de tonnes recueillies par année.

Sa directrice générale, Dominique Levesque, maintient, pour expliquer cette lacune, que le calcul du taux de récupération est « très compliqué », notamment parce qu’il est difficile d’établir quelle part des produits électroniques mis annuellement sur le marché doit être considérée pour générer cet indicateur.

« C’est tout à fait légitime de vouloir mesurer l’efficacité du programme [par le taux de récupération]. Nous mettons beaucoup d’efforts pour finaliser les calculs », assure-t-elle.

Eurostat, équivalent européen de Statistique Canada, produit pour sa part depuis des années une estimation de ce taux pour les pays membres de l’Union européenne en utilisant une méthodologie bien établie. Pour 2012, il varie généralement entre 10 et 40 % pour les États considérés.

Les Nations unies diffusent également des données sur la quantité de déchets électroniques et électriques produits annuellement pays par pays et le pourcentage récupéré.

Dans la plus récente mouture de son rapport, qui couvre l’année 2014, l’organisation estime que le Canada a produit 725 000 tonnes métriques de déchets de cette nature.

Elle évoque, pour le Canada et les États-Unis, un taux de récupération situé entre « 10 et 12 % » mais ne présente pas de taux couvrant uniquement les appareils électroniques.

LE QUÉBEC À LA TRAÎNE ?

L’Ontario, qui dispose d’une population 60 % plus importante que celle du Québec, a recueilli 71 000 tonnes métriques de déchets électroniques en 2014, un total proportionnellement deux fois plus important que la collecte de 17 000 tonnes déclarée par l’ARPE.

Une porte-parole du ministère de l’Environnement ontarien, Kate Jordan, a précisé que le taux de récupération résultant dans la province était de 52 % en 2014.

Mme Levesque juge que la comparaison avec l’Ontario est contestable. Son programme de collecte et de recyclage est plus ancien et donc mieux établi, dit-elle. Et le tonnage intègre des appareils lourds, comme les photocopieurs « au sol », que le programme québécois ne considère pas. « Si on les considérait aussi, ça ferait augmenter notre tonnage recueilli », dit-elle.

En vertu de l’entente liant l’ARPE à Recyc-Québec, l’organisation doit produire prochainement une première estimation de son taux de récupération, qui couvrira l’année 2015. L’objectif officiellement fixé pour la première année de calcul est 40 %.

RÉFORME EN ONTARIO

Même s’il excède les cibles québécoises, le taux de récupération obtenu en Ontario est jugé insuffisant par le gouvernement provincial, qui a déposé à l’automne un projet de loi visant à remplacer le programme de collecte en place.

« Les taux de récupération plafonnent […] et les dépotoirs continuent de se remplir. » 

— Kate Jordan, porte-parole du ministère ontarien de l’Environnement

Dans le nouveau système, l’équivalent ontarien de l’ARPE disparaîtra et les écofrais prélevés au moment de la vente des appareils pour payer leur recyclage seront abolis, explique-t-elle.

Les producteurs de biens électroniques auront individuellement la responsabilité de récupérer et de recycler les produits qu’ils mettent sur le marché en intégrant dans leurs prix de vente le coût résultant. Une nouvelle autorité réglementaire sera créée pour s’assurer qu’ils respectent leurs obligations et les sanctionner au besoin.

Selon Mme Jordan, le nouveau système devrait pousser chaque producteur à développer des modes novateurs et plus économes de recyclage afin de se donner un avantage concurrentiel sur le plan des prix de vente.

« PAS TRÈS AU COURANT »

Mme Levesque, de l’ARPE, n’a pas voulu commenter l’initiative ontarienne, arguant qu’elle n’était « pas très au courant » du programme de la province et de la réforme en cours.

Le changement de cap de la province voisine ne suscite pas non plus de remise en cause du côté de Recyc-Québec, où l’on insiste sur le fait qu’il est encore trop tôt pour évaluer l’efficacité du programme géré par l’ARPE.

« Ce n’est pas envisagé pour l’instant d’en venir à cette solution-là », relève le porte-parole de l’organisation, Martin Lanouette, qui juge « très intéressants » les résultats obtenus au Québec jusqu’à maintenant.

En écho à Mme Levesque, il note que la hausse du tonnage de déchets recueillis, du nombre de points de collecte et de la connaissance publique du programme de collecte témoigne du fait que « la performance est au rendez-vous ».

Et le taux de récupération ? « C’est un indicateur très révélateur, mais on ne peut pas évaluer le programme uniquement à partir de ça », dit-il.

L’appréciation des deux organisations détonne avec celle de Karel Ménard, directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets, qui appelle de ses vœux une réforme similaire à celle qui est en cours en Ontario.

À l’heure actuelle, juge-t-il, le programme chapeauté par l’ARPE donne faussement l’impression que le problème des déchets électroniques est résolu, fait porter le coût du recyclage directement à la population par les écofrais plutôt que de cibler les producteurs et ne freine pas la « consommation de plus en plus rapide » de produits électroniques.

« Il y a 40 ans, on achetait des indulgences pour pouvoir continuer de pécher. C’est un peu la même chose aujourd’hui », conclut M. Ménard.

Le flou aussi au fédéral

Environnement Canada est officiellement responsable de contrôler les importations et les exportations de produits dangereux en vertu de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement et peut être appelé, à ce titre, à intervenir pour intercepter des conteneurs chargés de déchets électroniques. L’organisation ne dispose cependant pas de données précises sur le tonnage de matériel de cette nature qui a pu être intercepté lors de tentatives d’importation ou d’exportation illégales. Le plus récent rapport, couvrant la période d’avril 2012 à mars 2013, indique qu’une quarantaine d’avertissements relatifs à l’importation ou l’exportation de produits dangereux ont été faites mais ne précise pas la nature des produits en question. Un cas est notamment survenu il y a quelques années ciblant une firme, Electronics Recycling Canada, après qu’un conteneur chargé d’accumulateurs de batterie et de tubes cathodiques eut été intercepté en route vers Macao. L’entreprise a dû payer 40 000 $ d’amende. Statistique Canada a indiqué à La Presse qu’elle ne dispose pas de données quant à la saisie de matériel électronique envoyé illégalement à l’étranger.

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