Los Angeles

Cité des anges et des sans-abri

Les gens vont habituellement à Los Angeles pour les plages ensoleillées de Santa Monica, pour se balader à Venice Beach, pour se prendre en selfie devant les lettres Hollywood ou pour marcher les yeux rivés au sol sur le Walk of Fame. Nous y sommes plutôt allés pour voir Skid Row, l’un des quartiers où l’on retrouve la plus grande population de sans-abri aux États-Unis. Pour montrer la face cachée de la Cité des anges.

Troisième ville abritant le plus de millionnaires au monde, L.A. compte aussi la deuxième plus grande population de sans-abri aux États-Unis. Dans le comté de Los Angeles, plus de 60 000 personnes vivent dans un état de grande précarité alors que 27 000 itinérants dans la métropole n’ont même pas accès à un refuge. Dans tous les quartiers et encore plus au centre-ville, les tentes et autres abris temporaires (ou pas) pullulent sur les trottoirs et posent de sérieux risques sanitaires.

Comment L.A. en est-elle arrivée là ? Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte, mais la principale cause est la crise du logement qui sévit partout en Californie. Le prix des loyers est en hausse constante. Il n’est plus possible de se loger si l’on gagne le salaire minimum.

« Les problèmes de santé mentale sont évidemment un enjeu, mais je crois que les gens ne tiennent pas compte d’autres problèmes qui peuvent survenir, comme le fait de ne pas avoir de réseau de soutien lorsqu’une mère tombe malade ou de vivre d’une paye à l’autre et de voir son loyer augmenter de 50 $, explique Caitlin Aidler, fondatrice de Project ROPA, un organisme qui vient en aide aux personnes en situation d’itinérance. Ça peut sembler minime, mais ça peut avoir un effet domino qui vous mène droit à la rue. En plus, la discrimination fait en sorte que vous y restez. »

« La majorité de la population de Skid Row n’a pas de problème de santé mentale. Ces gens cherchent du travail ou en ont un qui ne paye pas assez. Ou alors ils viennent d’ailleurs chercher un travail qu’ils ne trouvent pas ici. » 

— Caitlin Aidler, fondatrice de Project ROPA

Heureusement, les programmes comme celui de Caitlin leur donnent une lueur d’espoir.

Project ROPA a pour mission de restaurer la dignité des itinérants en leur fournissant l’accès à des vêtements de qualité et à des services d’hygiène. L’organisme collabore sur le terrain avec Lava Mae, qui offre de douches mobiles gratuites. Nous leur avons d’ailleurs donné un peu de notre temps en tant que bénévoles.

Propreté et dignité

Dès 9 h, les camions des deux organismes arrivent sur le coin de rue où une dizaine de personnes attendent déjà. Caitlin les accueille dans sa fourgonnette bourrée de vêtements dont elles pourront bénéficier. Nous distribuions pour notre part des sous-vêtements et des trousses de produits hygiéniques à leur sortie. Les gens se dirigent ensuite vers les douches aménagées dans la remorque bleue de Lava Mae pour en ressortir frais et revigorés.

Chez Lava Mae, les employés et les bénévoles entretiennent avec les bénéficiaires un rapport d’égal à égal.

« Nous offrons un endroit sûr où les gens peuvent se doucher et avoir un peu de dignité. C’est la première chose qui vous est volée dans la rue : vous n’avez pas d’intimité, vous ne pouvez pas avoir la paix. »

— Josh, un des employés de Lava Mae

La fondatrice de Project ROPA explique que les gens ont tendance à juger une personne en fonction de son apparence. « Ne pas avoir accès à une douche et à des vêtements décents peut entraîner toute une gamme de problèmes relatifs à l’employabilité et à l’accessibilité au logement. Je ne crois pas que les gens réalisent l’impact de ces besoins de base. »

Project ROPA offre également des occasions d’emploi aux personnes qui subissent de la discrimination, afin qu’elles puissent faire partie d’une équipe sensibilisée à leurs besoins. « On essaie de déterminer comment éliminer la discrimination en employant des gens qui sont en période de transition pour sortir de l’itinérance, de même que des ex-détenus », signale Caitlin.

Lionel, son adjoint cette journée-là, a lui-même connu l’itinérance et c’est avec fierté qu’il soutient à son tour les personnes dans la même situation : « Travailler avec Project ROPA est directement dans mes cordes, car c’est un emploi qui aide les gens qui vivent les mêmes difficultés que j’ai vécues. »

David et Roxanne ont écrit plusieurs chroniques de voyages socioresponsables pour L’Itinéraire. Celle-ci a été réalisée peu de temps avant la pandémie. Les organismes mentionnés dans le texte ont suspendu leurs activités jusqu’à ce que la période de confinement soit levée à Los Angeles.

Retrouvez l’entrevue complète dans l’édition du 1er juin de L’Itinéraire.

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